Pas de compléments alimentaires sans avis médical

Dernière mise à jour 22/03/17 | Article
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Qu’entend-on exactement par compléments alimentaires?

Cela concerne toute une panoplie de produits pour le bien-être et la santé qui complètent l’alimentation, à savoir les minéraux, les vitamines, les oligo-éléments, les oméga 3, les suppléments protéiques et les extraits de plantes (phytothérapie).

Dans quel cadre sont-ils prescrits?

Il faut au préalable préciser qu’il n’y a aucune raison d’en prescrire à une personne en bonne santé qui a une alimentation équilibrée. La plupart des consommateurs de compléments alimentaires prennent ces compléments en auto-prescription. De fait, les prescriptions concernent certaines populations à risque bien connues.

Quelles sont ces populations à risque?

Les femmes enceintes ont besoin par exemple d’un supplément en acide folique pour prévenir des malformations du tube neural du fœtus. Les femmes qui allaitent peuvent être sujettes à une supplémentation en vitamine D, en cas de carence ou de façon systématique (recommandée selon les pays). Une prescription de calcium peut être envisagée chez un enfant qui en consomme peu, par exemple à cause d’une intolérance au lactose. Les personnes âgées, dont les apports alimentaires sont souvent insuffisants, présentent fréquemment un déficit en vitamine D et en vitamine B12. Les apports de calcium sont souvent insuffisants. Des carences en oligo-éléments (zinc, sélénium) peuvent être occasionnellement mises en évidence. C’est pourquoi, des compléments ciblés selon le ou les déficits, peuvent être prescrits dans cette population. Certains végétariens pourraient présenter un déficit en vitamine B12 parce qu’ils ne mangent pas de viande. Il faut également citer les patients atteints d’une maladie chronique grave, rénale-digestive ou autre, qui doivent bénéficier de compléments alimentaires soit systématiquement, soit occasionnellement. Enfin, les sujets qui viennent de subir une grosse opération ou qui sortent d’une maladie aiguë grave ou d’une longue hospitalisation peuvent présenter des déficits justifiant des prescriptions ponctuelles et ciblées. Quelle que soit la situation, une prescription n’est faite qu’après une évaluation clinique et biologique (prise de sang) détaillée.

Encourt-on des risques à s’auto-complémenter?

Les gens qui puisent aveuglément dans cette gamme de produits le font pour leur bien-être et ne sont pas conscients que l’utilisation prolongée de ceux-ci peut effectivement comporter des risques pour leur santé. La littérature médicale renseigne peu sur le sujet, puisque les effets indésirables des compléments ne sont pas enregistrés de façon systématique dans la grande majorité des pays. Mais les Etats-Unis, qui ont mis en place un registre, signalent des centaines de cas de complications sérieuses mises en relation avec la consommation de compléments alimentaires. En Europe, des cas sporadiques graves ont également été rapportés.

A quoi ces risques sont-ils liés?

En premier lieu, au manque de régulation sur la mise en circulation de ces produits, qui ne font pas l’objet d’études rigoureuses évaluant les bénéfices et la toxicité des compléments alimentaires, en particulier les préparations multiples (plusieurs composés dans une même préparation) qui représentent une majorité des compléments alimentaires. L’autre problème est lié aux personnes qui se sentent en bonne santé et qui consomment des suppléments sans en discuter au préalable avec leur médecin de famille. Or, si ces personnes ont une maladie silencieuse –par exemple maladie rénale, diabète– non diagnostiquée, certains composants de ces produits peuvent entraîner une toxicité grave.

Vos recommandations?

La situation est claire: il y a des indications précises pour les compléments alimentaires. Les individus en bonne santé avec une alimentation équilibrée n’en ont pas besoin. Il est donc conseillé, avant de consommer des compléments alimentaires de façon régulière, d’en parler avec son médecin, de faire des tests sanguins et urinaires de façon à dépister d’éventuelles déficiences, et d’identifier d’éventuelles contre-indications. En résumé, il faut établir dans chaque cas la balance entre les bénéfices et les risques qu’un complément alimentaire peut apporter.

Toxicité: l’exemple du riz rouge

Il y a plusieurs années, une étude initiale avait montré que les levures de riz rouge faisaient significativement baisser le taux de LDL-cholestérol (mauvais cholestérol), suggérant que le riz rouge pouvait remplacer les statines pour cette indication. Le marché propose maintenant des comprimés de levures de riz rouge en vente libre et cette consommation est devenue très populaire.

Il est connu que les statines peuvent provoquer des effets secondaires importants tels que des douleurs musculaires et des hépatites médicamenteuses, ce qui a renforcé l’attrait du grand public pour les levures de riz rouge. Or, celles-ci contiennent de la monacoline K qui est une statine (lovastatine), dont le principe actif est identique à celui contenu dans les médicaments! La différence réside dans le dosage: le riz rouge contient une quantité nettement moins élevée de statines que les médicaments, mais le taux est variable selon la préparation. Si le dosage est élevé, il y a un effet hypocholestérolémiant significatif mais aussi un risque d’atteinte des fonctions musculaires et hépatiques. Si le dosage est faible, l’effet hypocholestérolémiant est nul et les risques également.

Ainsi, en achetant des comprimés de riz rouge et en supprimant les statines, les consommateurs s’exposent non seulement au risque d’effets indésirables des comprimés de riz rouge, similaires à ceux des statines, mais également aux complications de l’hypercholestérolémie, par exemple un infarctus du myocarde ou un accident vasculaire cérébral.

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Source: Paru dans le magazine Planète Santé N°25, mars 2017.

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