Traitera-t-on bientôt la maladie alcoolique en fonction du patrimoine génétique?
La génétique permettra-t-elle de progresser dans la prise en charge médicale des personnes souffrant de maladie alcoolique? Un travail mené par des chercheurs américains, suédois et allemands dirigés par le Dr Victor Karpyak (psychiatre à la Mayo Clinic) le laisse penser. Il vient d’être publié dans Translational Psychiatry1.
Les auteurs ont travaillé à partir d’un médicament bien connu des alcoologues (et de nombreux malades): l’acamprosate, spécialité couramment utilisée dans la prise en charge de l’alcoolodépendance. L’acamprosate (ou Aotal®) est un «médicament utilisé dans la prise en charge de l’alcoolodépendance qui agit en réduisant l’excitabilité neuronale pour favoriser l’abstinence». Il est commercialisé par Merck Serono dans le cadre d’un maintien de l’abstinence associé à une prise en charge psychologique.
Abstinence plus longue
Les résultats obtenus dans ce nouveau travail montrent, schématiquement, que les patients porteurs de certains variants génétiques sont susceptibles de bénéficier de plus longues périodes d’abstinence, du moins au cours des premiers mois de traitement. Les chercheurs se sont intéressés à plusieurs gènes (GATA4, PER2 et SLC29A1) qui semblent directement associés à la réponse au traitement par l’acamprosate.
Les auteurs de cette étude ont également étudié le lien entre la variation dans les gènes candidats (impliqués dans le métabolisme et le transport de la glycine et les niveaux de glutamate) et la durée d’abstinence chez plusieurs centaines de patients alcoolo-dépendants traités avec l’acamprosate. Des études récentes indiquent que la glycine (un acide aminé qui active les récepteurs NMDA connus pour leur implication dans la mémoire) peut avoir un rôle important dans les troubles liés à l’alcool et la réponse au traitement.
Ce travail a permis de mettre en évidence que les patients porteurs de certaines variantes génétiques situées dans le gène GRIN2B parviennent à rester sobres plus longtemps que les autres. Ce résultat a pu être reproduit sur un échantillon d’une centaine d’autres patients alcoolodépendants traités en Allemagne.
Grâce à ce travail, on peut espérer que les bases d’un traitement médicamenteux personnalisé de l’alcoolo-dépendance soient désormais posées. Le développement d’un test pharmacogénétique permettrait aux médecins de choisir le traitement approprié pour certains sous-groupes de patients alcoolo-dépendants.
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1. Le texte complet (en anglais) de l’étude de Translational Psychiatry est disponible ici.
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