La lampe à fente: l’outil de base des ophtalmologues

Dernière mise à jour 25/01/23 | Article
BV_lampe_a_fente
Toutes celles et ceux qui ont consulté un ou une ophtalmologue en ont fait l’expérience: le visage calé à un appareil par un appui frontal et une mentonnière, il s’agit de fixer un rai de lumière de l’œil droit, puis du gauche, en regardant successivement dans toutes les directions. Cet examen à la lampe à fente est systématiquement pratiqué dans tous les cabinets d’ophtalmologie.

Un appareil indispensable

La lampe à fente, que l’on nomme aussi biomicroscope, fonctionne à l’aide d’une source lumineuse projetée sur l’œil à travers une fente, grâce à un petit miroir, et d’un microscope qui peut agrandir l’image jusqu’à 40 fois. Cet appareil, «dont le modèle actuel est pratiquement inchangé depuis 1959», précise le Dr Theodor Stappler, médecin adjoint au service de chirurgie vitréorétinienne à l’Hôpital ophtalmique Jules- Gonin, est devenu un outil indispensable aux ophtalmologues du monde entier.

Visualiser

«L’ophtalmologie est une discipline très visuelle», constate le spécialiste. C’est ce qui fait le succès de la lampe à fente, qui offre la possibilité «de visualiser toutes les structures de l’œil», poursuit le Dr Stappler. En commençant par les paupières, dont on peut diagnostiquer toutes les maladies, y compris les tumeurs. Viennent ensuite le segment antérieur de l’œil, un espace rempli d’humeur aqueuse qui contient l’iris, ainsi que le cristallin, dont la perte de transparence signale le développement d’une cataracte.

Le biomicroscope est aussi utilisé pour réaliser un «fond d’œil», c’est-à-dire pour examiner les structures oculaires se trouvant à l’arrière du cristallin. Combiné avec une loupe, il permet tout particulièrement d’observer la rétine et de détecter par exemple sa déchirure ou son décollement, ou encore de suivre l’évolution d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).

Mesurer

À l’aide de cet instrument, «il est non seulement possible de visualiser les différentes parties de l’œil, mais aussi de les mesurer avec une grande précision», souligne le Dr Stappler. Les spécialistes peuvent ainsi mesurer l’épaisseur de la cornée ou la pression intraoculaire, une donnée importante pour diagnostiquer un glaucome. Ils et elles peuvent aussi connaître la profondeur de la chambre antérieure, ce qui leur permet notamment, ajoute l’expert, «d’identifier les personnes qui ont un risque de développer un glaucome à angle étroit» (un type de glaucome peu fréquent, mais sévère).

Certes, les ophtalmologues disposent actuellement de toute une palette d’instruments, dont certains requièrent des technologies de pointe, pour affiner et préciser leur diagnostic. Mais ce simple dispositif qu’est la lampe à fente leur fournit de nombreuses informations très utiles pour connaître l’état de santé de nos yeux.

Un appareil suisse

Le système d’éclairage utilisé dans la lampe à fente n’est pas récent, puisqu’il a été développé en 1911 par le professeur suédois d’ophtalmologie et prix Nobel de physiologie et de médecine Allvar Gullstrand. Toutefois, «on peut considérer que cet appareil est un produit suisse», constate le Dr Theodor Stappler, médecin-adjoint au service de chirurgie vitréo-rétinienne à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. En effet, parmi les scientifiques qui l’ont grandement amélioré figurent l’inventeur bernois Alfred Streit, ainsi que Wilhem Haag, professeur d’ophtalmologie à l’Université de Berne. Et c’est surtout à Hans Goldmann, de la même université, «que l’on doit la façon actuelle de l’utiliser. Ses recherches ont conduit à un design qui est resté d’actualité avec seulement quelques modifications mineures depuis 1959, ce qui est très rare», poursuit l’expert. Actuellement, une grande part des biomicroscopes commercialisés dans le monde est d’ailleurs produite par l’entreprise helvétique Haag-Streit.

________

Article repris du site  BienVu!

Articles sur le meme sujet

Vision: le monde virtuel à la rescousse

La réalité virtuelle peut-elle être utilepour la vision? Réponses avec le Dr Diego Ghezzi, responsable de la recherche en technologie chirurgicale à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin de Lausanne.
PS49_sport_connecte_bonne_idee

Se mettre au sport connecté: une bonne idée?

Smartphones, montres connectées, patchs collés sur la peau ou encore semelles intelligentes: les nouvelles technologies se bousculent pour accompagner nos sorties sportives. Mais sont-elles toujours utiles?
LMD_applications_resolutions_realite

Apps santé: les alliées partielles de nos bonnes résolutions

Mieux manger, pratiquer du sport, arrêter de fumer ou améliorer son sommeil… De nombreuses applications pour smartphones et objets connectés promettent de nous motiver et de nous permettre de tenir nos résolutions. Des moyens qui peuvent nous soutenir pour changer certains comportements, mais qui ne sont qu’une partie de la solution.
Videos sur le meme sujet

Une IA pour mieux comprendre les mouvements de la main

Des scientifiques de lʹEPFL et de lʹUniversité de Genève ont mis au point une intelligence artificielle qui modélise les mouvements très complexes de la main.

Meditron: le grand modèle de langage de lʹEPFL pour le savoir médical

Des scientifiques de lʹÉcole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont développé "Meditron", une paire de grands modèles de langage* open source adaptée au domaine médical.

10 ans de CQFD: lʹinfluence de lʹIA et du numérique sur les hôpitaux

Et une 10ème sortie spéciale pour lʹéquipe de CQFD qui fête ses 10 ans cette année!