«La voile est accessible aux personnes déficientes visuelles»

Dernière mise à jour 08/11/23 | Questions/Réponses
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Navigateur non-voyant, Olivier Ducruix a réalisé un tour du Léman en solitaire. Après cet exploit, il entend bien continuer à promouvoir cette activité auprès des personnes malvoyantes ou aveugles ainsi que les outils qui l’ont aidé à naviguer.

  

Comment est né votre projet de tour du Léman, le «Raid Liberty»?

Olivier Ducruix Il s’agit d’un travail d’équipe réalisé dans le cadre d’un projet plus global initié il y a une dizaine d’années: «Cécivoile, voile et cécité.» Le but est de promouvoir la pratique de la voile auprès des personnes déficientes visuelles (non voyantes et malvoyantes) et de développer des outils pour leur permettre de naviguer avec un maximum d’autonomie et de performance. Nous voulions donc réaliser une action marquante pour rendre visibles ces nouveaux outils, tout en cherchant de nouveaux sponsors, car ces développements ont un coût. Sur le plan personnel, il s’agissait pour moi d’un véritable défi.

Quels outils vous ont aidé à naviguer?

Tout d’abord, le dériveur utilisé, appelé «Liberty», qui est inchavirable et facile à utiliser. J’ai aussi bénéficié de deux outils développés pour le projet Cécivoile par l’Association Orion à Brest et la société Suisse GraniteApps: le premier est l’application «SARA» (pour Sail And Race Audioguide), disponible gratuitement. Elle utilise le GPS du smartphone pour nous informer vocalement de notre position, automatiquement et en temps réel, par rapport aux points de route fixés avant le départ. Le deuxième outil est une ceinture tactile qui vibre dans la direction d’où vient le vent, grâce une connexion avec une girouette à ultrasons. La seule chose qui me manque encore est un outil qui me permette de détecter les obstacles.

Quelles étapes avez-vous traversées?

Nous avons réalisé ce défi en mars, en trois étapes d’un jour. Un guide, présent pour prévenir toute collision, et un autre navigateur (sur un second dériveur), Ange Margaron, qui est infirme moteur cérébral, ont partagé l’aventure avec moi. Nous sommes partis de Sciez, non loin d’Yvoire, pour rejoindre Hermance, avons traversé le lac, puis longé la côte jusqu’à Prangins, où se trouve le club de voile Swiss Disabling Sailing*. Celui-ci souhaite aussi développer ce sport pour les personnes déficientes visuelles. Le deuxième jour, nous avons rejoint Morges, puis traversé le lac jusqu’à Évian. Le troisième jour, nous sommes passés par Thonon avant de revenir à Sciez. En tout, j’ai navigué six heures par jour et parcouru quasiment 120 km. Un des moments marquants a été le trajet entre Prangins et Morges: nous avions le vent dans le dos et avons fait des pointes de vitesse à 8 nœuds. J’ai eu beaucoup de plaisir et avec la ceinture tactile, c’était comme si je voyais la girouette.

Qu’est-ce qui vous plaît dans la voile?

Sur l’eau, il y a un espace de liberté que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. La voile est un sport particulièrement accessible aux personnes déficientes visuelles, parce qu’on s’appuie sur beaucoup de sensations qui ne sont pas visuelles. En sentant le vent sur le visage par exemple, on sait d’où il vient. Les repères sont également auditifs – le son des voiles qui se dégonflent par exemple – et kinesthésiques : on sent comment le bateau penche.

Pour plus d’informations: olivier.ducruix@wanadoo.fr

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* www.handivoile.ch

Article repris du site  BienVu!

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