«L’énergie des gens nous a nourris» | Interview de Pauline Seiterle

Dernière mise à jour 22/03/17 | Article
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Elle est l’une des voix d’Option musique (RTS), et dorénavant de la Première. Les auditeurs ont découvert son visage en décembre dernier, lors de l’opération de solidarité de la RTS «Cœur à cœur». Rencontre.

Planète Santé: Accompagnée de Jonas Schneiter et de Philippe Robin, vous avez passé six jours dans un studio de radio au centre de Lausanne pour l’opération de solidarité «Cœur à cœur». Comment allez-vous depuis la fin de cette aventure?

Pauline Seiterle: Je vais super bien. Cette expérience m’a vidée, mais de manière positive. Ça a remis les pendules à l’heure. J’ai repris le travail avec plus de sérénité. L’énergie des gens nous a nourris. Nous sommes sortis du studio à la veille des fêtes. J’ai été happée par les retrouvailles avec ma famille. Cela a été une période intense.

Qu’est-ce que cette expérience vous a appris?

Ça m’a confirmé que j’adorais les projets spéciaux, que je m’adapte bien. Changer de rythme décuple mes facultés. Être bien entourée m’a beaucoup aidée.

On se souvient que vous avez eu une alimentation exclusivement liquide pendant cette semaine. Vous l’avez bien supporté?

On nous a posé beaucoup de questions à ce sujet. Heureusement que la nourriture était liquide car nous n’avions pas vraiment le temps de nous installer pour manger. On prenait nos repas entre les émissions.

Quel rapport entretenez-vous avec la nourriture?

J’adore manger et je cuisine depuis toute petite. J’achète des produits régionaux et bio. Je suis très attentive aux conditions de production. Si j’ai envie d’un plat de pâtes, je n’hésite pas à les fabriquer moi-même. Il m’arrive aussi d’aller à l’encontre de tous mes principes. J’adore le chocolat et les chips, et tout ce qui est salé. Ma mère me dit toujours que ce n’est pas bon de manger aussi salé. Mais ma tension est basse. Il faut savoir s’écouter.

Que pensez-vous du succès du végétarisme et du véganisme?

Je suis végétarienne depuis l’âge de 8 ans, par dégoût de la viande. Quand j’habitais dans le Jura, je mangeais encore du poulet fermier. Mais c’est devenu trop compliqué de trouver des produits de qualité et d’avoir une idée claire des conditions d’élevage des animaux. Quand on se documente un peu sur l’élevage intensif, je comprends qu’on ait envie de devenir végane. Ça coupe l’appétit. Mais il y a une barrière psychologique que je n’arrive pas à franchir.

Vous êtes plutôt militante?

J’ai des principes, mais je ne demande à personne de faire la même chose. C’est juste simple pour moi. J’ai arrêté de m’acheter des habits. C’est comme pour la viande, je n’y arrive plus. Ma mère est couturière, elle m’a un peu transmis de son savoir-faire. Si j’ai envie d’un vêtement, je le fais moi-même. J’essaie d’acheter des tissus issus de filières respectueuses des êtres humains et des matières premières, donc équitables et bio, mais ce n’est pas facile. Il y a 20 ans, acheter de la nourriture bio paraissait ridicule. Aujourd’hui, la prise de conscience est plus importante. Ce sera pareil pour les vêtements.

N’est-ce pas contraignant?

Non, car ce n’est pas un effort. Je n’aime ni les interdits, ni les résolutions. Un jour, je me suis dit: «Essaie de ne pas céder à la pulsion consumériste durant 1 mois». J’ai vite réalisé que je n’avais plus envie d’aller dans les boutiques. Mais je n’en fais pas un dogme et je m’autorise à avoir des faiblesses.

Quelle importance accordez-vous au corps justement?

Je me dis parfois que je devrais faire du sport. Mais j’aime me sentir libre de faire les choses. Je ne fais pas trop attention à ce que je mange, je suis gourmande, instinctive. Concernant le corps, la sexualité est l’un des domaines de développement personnel les plus essentiels à mes yeux. Cela fait partie de l’équilibre. J’ai d’ailleurs animé une émission de radio sur la littérature érotique. Je ne me sens pas l’âme d’une porte-parole sur ce sujet, mais je pense qu’on peut parler de plaisir sérieusement, de manière positive, sans être graveleux ni chercher à choquer ou à faire rire.

Faites-vous confiance aux médecines douces?

Oui, assez, bien que ma famille ne partage pas cette approche. Quand j’étais enfant, je prenais des antibiotiques s’il le fallait et j’ai fait tous mes vaccins. A 14 ans, je souffrais d’inflammations, mais je ne voulais pas commencer à prendre tout le temps des antidouleurs. J’aime l’homéopathie, les huiles essentielles, ça me fait du bien. Mais si un jour je suis malade, je ferai appel à la chimie.

Êtes-vous fidèle à votre médecin?

J’ai un médecin de famille que j’ai trouvé dans la région. Je n’y vais pas souvent car je ne suis pas malade, mais j’apprécie son côté humain. Elle a tendance à me calmer si je suis angoissée.

Êtes-vous hypocondriaque?

Ça m’arrive d’avoir des angoisses. Grâce à internet, j’ai eu toutes les maladies du monde! Le problème d’internet est d’amplifier les angoisses sans y donner des réponses. Et cela peut aussi casser la relation de confiance avec le médecin si ce dernier ne répond pas en fonction des informations que son patient a trouvées sur internet.

Comment gérez-vous les angoisses existentielles?

J’ai toujours la possibilité de téléphoner à ma mère, il y a une ligne ouverte entre nous. Elle m’aide à mettre les choses en perspective et à faire le tri. A deux reprises dans ma vie, j’ai dû faire des choix importants, pour lesquels je ne voulais pas impliquer mes proches. J’ai alors fait appel à quelqu’un d’extérieur. Ces thérapies courtes m’ont permis de résoudre un problème. Le but n’était pas d’ouvrir un grand livre. Je n’ai pas le sentiment d’avoir des chaînes qui m’empêchent d’aller de l’avant.

Vous êtes animatrice sur une chaîne musicale. Est-ce que la musique est un antidote à l’angoisse et au stress?

La musique a différentes fonctions, mais c’est vrai qu’elle m’aide à faire ressortir mes émotions. La musique en live est essentielle. Le fait de vivre des émotions en même temps que d’autres personnes remet les idées en place. On est dans l’ici et le maintenant. On oublie qui on est ou qui on aimerait être.

Vous semblez être de nature joyeuse et enthousiaste. Est-ce que cela correspond à votre tempérament?

Je suis à la fois très positive et mélancolique, depuis toujours. Mais je dompte ma mélancolie. Je vis les événements avec beaucoup d’intensité. Petite, je pouvais mettre un mois à me remettre d’une soirée, d’un camp de ski. J’ai beaucoup évolué aujourd’hui. Plutôt que de rester dans la mélancolie, je me demande comment construire quelque chose pour l’avenir. C’est d’ailleurs la réflexion que je me suis faite après «Cœur à cœur» : nous avons réuni beaucoup de communautés différentes (artistiques, politiques, intellectuelles, etc.) autour de la question de la solidarité. A la RTS, cela a généré une nouvelle culture entre les réseaux sociaux, la radio et la télé. C’était très fort et ce n’est pas terminé. Il faut en faire quelque chose. J’ai été aussi émue de voir l’écho du public. On a été une présence continue pendant une période sensible (l'avent, ndlr), durant laquelle des gens souffrent de solitude. Ce n’est pas rien.

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Source: Paru dans le magazine Planète Santé N°25, mars 2017.

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