Hyperactivité, les adultes aussi
On a longtemps considéré que le trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDA-H) ne touchait que les enfants et les adolescents.
C’est faux. Pour beaucoup d’entre eux (60%), ce problème persiste à l’âge adulte sous des formes plus ou moins sévères et pour d’autres, les symptômes ne se manifestent qu’à ce moment-là.
« Environ 4% de la population générale est touchée. Ce trouble s’accompagne d’importantes difficultés psychologiques, sociales et professionnelles », explique le Dr Nader Perroud, chef de clinique scientifique au département de santé mentale et psychiatrie et coresponsable de la consultation pour patients TDA-H qui est intégrée au programme des troubles du contrôle émotionnel.
Et d’ajouter : « Tous les adultes souffraient déjà enfants, mais n’avaient pas forcément été diagnostiqués. » Comment cela se fait-il ? Alors que les petits hyperactifs, « insupportables », sont généralement repérés, ceux qui n’écoutent pas, sont peu motivés ou dans la lune, passent souvent inaperçus, surtout s’il n’y a pas d’échec scolaire. Ce problème resurgit par contre très fortement plus tard dans la vie professionnelle où il faut une attention soutenue. « Ces personnes sont incapables de commencer une tâche si elles la jugent ennuyeuse, par exemple remplir une déclaration d’impôts. Elles ne retiennent presque rien des séances, car elles sont constamment distraites par des stimuli extérieurs. Impulsives, se laissant facilement distraire, elles perdent des objets, oublient des rendez-vous ou renvoient au lendemain ce qui doit être fait. Leur vie professionnelle et sentimentale est chaotique », relève le psychiatre.
Une nouvelle vie
Olivier, 42 ans, dont le diagnostic de TDA-H remonte à six mois, confirme : «Enfant, je pensais toujours à autre chose et je commençais plein d’activités sans jamais les terminer. Adulte, je n’ai jamais pu garder longtemps un emploi. Depuis que je suis indépendant, les difficultés m’ont sauté aux yeux et je suis allé consulter un médecin.»
Pour lui, et pour tous ceux chez qui le traitement comme les psychostimulants fonctionne, une nouvelle vie commence. « Les résultats sont spectaculaires. Une demi-heure après la prise du comprimé, les gens peuvent lire un livre, regarder la télévision, écouter quelqu’un en restant concentrés », relève le Dr Perroud, qui s’entend souvent dire : « Si seulement on me l’avait dit enfant, ma vie n’aurait pas été un tel enfer. » Lorsque les médicaments n’ont pas d’effets, une psychothérapie peut être proposée.
Savoir + : Consultation pour trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDA-H) - Rue du 31-Décembre 8 - Genève. T. 022 305 45 11
Source
Pulsations - novembre-décembre 2011
Article original: http://bookapp.fr/api/hug/viewer/viewer.php?mag=HUGE_11B#5