Et si on osait la plongée sous-marine?

Dernière mise à jour 15/07/24 | Article
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Réservée à une élite il y a encore quelques dizaines d’années, la plongée sous-marine s’est depuis largement démocratisée, mais reste une activité classée «à risques».

Qui n’a jamais rêvé, regardant un reportage sur la faune d’un lagon lointain, d’un jour partir à la découverte des fonds sous-marins? Bonne nouvelle: nul besoin de s’envoler à des milliers de kilomètres pour que la magie opère. La faune et la flore qu’abrite par exemple la Méditerranée recèlent de magnifiques surprises. Pour les moins frileux, les lacs suisses peuvent aussi offrir de belles sensations. Mais avant d’enfiler vos palmes, assurez-vous d’être bien préparé. 

Se former

Efficace contre le stress

La plongée sous-marine procure des sensations uniques qui entraînent des effets bénéfiques contre le stress. L’adaptation de la respiration et du rythme cardiaque, ainsi que la focalisation de l’attention, provoquent un état similaire à celui induit par la méditation de pleine conscience. L’équipe du Dr Mathieu Coulange, chef du Service de médecine hyperbare, subaquatique et maritime à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, a démontré l’efficacité de séances de plongée adaptée pour réduire les symptômes de stress chez des personnes rescapées des attentats survenus au Bataclan (Paris), ainsi que chez des militaires souffrant de stress post-traumatique. Si vous avez des troubles psychiques (anxiété, dépression, angoisses, etc.), surtout si vous suivez un traitement médicamenteux, mieux vaut toutefois solliciter un avis médical et informer votre moniteur. Il est également possible de réaliser des plongées adaptées dans les clubs proposant le protocole Bathysmed.

Descendre à plusieurs mètres, voire à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, ne s’improvise pas. Avant de vous lancer dans l’aventure, il est conseillé de faire un baptême. Il s’agit d’une plongée à quelques mètres de profondeur, sur un site généralement calme, le plus souvent précédée de quelques exercices en piscine afin de vous assurer que vous êtes à l’aise avec la tête sous l’eau, le détendeur en bouche et un masque sur le visage. Il convient d’être accompagné par un moniteur formé et autorisé à enseigner. Si vous souhaitez continuer l’aventure, il est nécessaire de suivre une formation, théorique et pratique, afin d’obtenir une certification. Les cours proposés par les clubs de plongée diffèrent légèrement selon leur affiliation (PADI, CMAS, SSI…), mais en général les premiers niveaux permettent de descendre à 18 ou 20 mètres en étant encadré. 

Et avec les enfants?

Si vous souhaitez découvrir la plongée en famille, la pratique avec bouteilles est autorisée pour les enfants dès l’âge de huit ans, à une profondeur maximum de 6 mètres. «Ces limites tiennent compte des contraintes induites par la plongée sur l’organisme, en particulier sur les poumons. Mais c’est aussi une question de maturité, l’enfant doit comprendre et pouvoir respecter toutes les règles de sécurité», rappelle le Dr Rodrigue Pignel, médecin responsable de l’Unité de médecine subaquatique et hyperbare (UMSH) des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Assurez-vous que le club où vous souhaitez initier vos enfants dispose de matériel adapté à leur morphologie et soit habitué à l’encadrement des plus jeunes. À noter que dès l’âge de 14 ans, les adolescents peuvent suivre les formations pour adultes. 

Attention aux contre-indications

La plongée n’est pas une activité spécialement sportive, mais reste exigeante et nécessite d’être en bonne forme, physique et mentale. Le matériel est lourd (15 à 20 kilos), l’immersion ainsi que la profondeur nécessitent de nombreuses adaptations de l’organisme et il faut être vigilant et réactif. C’est pourquoi un certificat médical de non-contre-indication à la pratique de la plongée peut vous être demandé avant toute mise à l’eau. Si vous n’avez jamais plongé mais avez déjà eu des soucis de santé, mieux vaut demander un avis médical. Il faut bien sûr consulter en cas de problèmes d’oreilles ou de sinus, mais aussi si vous avez subi des interventions chirurgicales, souffrez d’une maladie chronique (diabète, hypertension, insuffisance cardiaque, obésité, problèmes ophtalmiques, etc.) ou prenez des traitements médicamenteux (antimigraineux, anxiolytiques, antidépresseurs, etc.). L’asthme a longtemps été considéré comme une contre-indication définitive, mais aujourd’hui, selon sa sévérité et son type, ce n’est plus forcément le cas. 

Quel que soit votre problème de santé, rencontrer un spécialiste en médecine hyperbare, qui connaît bien les spécificités de l’activité et les différentes contre-indications, est vivement conseillé. Et pour les personnes en situation de handicap physique, de plus en plus de moniteurs sont formés à la plongée dite «handisub». 

Plongées en lac: des particularités à connaître

«Ceux et celles qui découvrent la plongée dans des eaux chaudes et claires doivent être particulièrement vigilants s’ils veulent plonger dans les lacs de la région à leur retour, prévient le Dr Pignel. Le froid et le manque de visibilité sont des facteurs de risque pour les accidents de plongée, surtout pour les débutants.» La température clémente des lacs en été ne doit pas faire oublier qu’il existe souvent dans ces écosystèmes des thermoclines, une séparation franche entre couche d’eau chaude et froide. «Actuellement, le lac Léman par exemple est à 21 degrés en surface. Il y a une première thermocline aux alentours de 12 mètres, en dessous de laquelle l’eau avoisine les 16 degrés, puis une seconde vers 22 mètres et là, l’eau passe à 8 degrés», illustre Jean-Marc Bel, gérant du club de plongée Aquaventure. La perception du froid est très variable selon les personnes, mais il est essentiel d’en tenir compte avant de prévoir une plongée. Le port d’une combinaison dite «étanche» peut être une solution, surtout si vous prévoyez d’explorer les lacs en hiver, mais leur utilisation nécessite une formation préalable. «Il y a régulièrement des accidents, parfois mortels, liés à une méconnaissance de ces équipements, même chez des plongeurs expérimentés dans d’autres environnements», insiste le Dr Pignel.

Apnée: pas si simple!

L’apnée jouit d’une image d’activité simple et naturelle, pourtant elle n’est pas si intuitive et comporte aussi des risques. «Les pertes de connaissance à la remontée ne sont pas rares et, sans assistance, c’est la noyade assurée, prévient le Dr Rodrigue Pignel, médecin responsable de l’Unité de médecine subaquatique et hyperbare (UMSH) des HUG. Si les personnes qui vous accompagnent ne descendent pas en dessous de 10 mètres, n’allez pas plus en profondeur, car elles seront dans l’incapacité de vous porter secours.» Le médecin rappelle qu’il existe aussi des contre-indications médicales à la pratique de l’apnée.

Si vous ne l’avez jamais pratiquée, mieux vaut vous faire accompagner par des professionnels. «Une initiation permet aux néophytes d’acquérir les règles élémentaires pour plonger en sécurité, mais également d’acquérir quelques notions techniques pour comprendre comment le corps réagit et comment progresser», explique Jean-Marc Bel, gérant du club de plongée Aquaventure.

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Paru dans Le Matin Dimanche le 14/07/2024

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