Le jogging, ou la santé «made in USA»

Malgré les dégâts causés par l’ouragan Sandy, le marathon de New York a eu lieu le dimanche comme prévu. La course aujourd’hui mythique a eu lieu pour la première fois en 1970, avec cent vingt-sept participants. Elle devait en compter cinquante mille, dont vingt mille étrangers, pour l’édition 2012. A voir courir tout un chacun sur bitume ou à travers champs, on oublie que ce sport n’a pas toujours été populaire. La course à pied a longtemps été réservée aux sportifs et aux militaires. Ce sont les Américains qui l’ont «démocratisée», comme bien d’autres choses. Les chercheurs ne cessent de découvrir des vertus à l’exercice physique, bon pour la santé cardiovasculaire bien sûr, mais aussi pour les capacités cérébrales et même pour la qualité du sperme. Des sujets suivis de près par le New York Times. S’il faut bouger pour rester en forme, la course à pied reste-t-elle un bon choix? L’avis du docteur Stéphane Borloz, spécialiste de la médecine du sport aux Hôpitaux universitaires de Genève.
Est-on toujours d’avis que l’important c’est de courir, quel que soit le lieu, ville ou campagne?
Stéphane Borloz: Absolument, il faut courir ou pratiquer une autre activité physique, peu importe comment et où. Le jogging reste un excellent sport, qui a un réel impact sur la qualité de vie. Il suffit de chausser de bonnes baskets et d’avoir une pratique régulière, soit au minimum une demi-heure par jour, pour diminuer le risque d’atteinte cardiovasculaire.
Qu’est-ce qu’une bonne paire de baskets?
Celle qui convient à la personne, en adéquation avec sa morphologie. Ce n’est pas forcément la plus chère, et cela vaut la peine de s’adresser à un magasin spécialisé.
On voit de plus en plus de personnes d’âge mûr faire du jogging. N’est-ce pas mauvais pour les articulations?
Cela vaut la peine de consulter en cas de douleurs dans les genoux ou ailleurs. Mais on ne demandera pas toujours à quelqu’un qui a l’expérience du jogging d’arrêter de courir parce qu’il a de l’arthrose. Les études ne semblent pas montrer d’aggravation de cette maladie chez les personnes qui ont toujours fait de la course à pied à «dose raisonnable». Et il ne faut pas oublier que courir maintient la musculature ainsi que l’équilibre, ce qui est capital à partir d’un certain âge.
Dans ce cas, ne vaudrait-il pas mieux opter pour le nordic walking?
Cela peut être une bonne solution pour les personnes très déconditionnées ou avec certains ennuis de santé, ainsi que pour celles qui n’ont jamais couru. Pour les autres, le jogging présente l’avantage de demander une intensité d’effort un peu plus élevée, ce qui est important dans la prévention cardiovasculaire. Il provoque aussi des impacts qui vont stimuler le remodelage osseux et tissulaire.
L’exercice physique en soi a aussi un impact positif sur le cerveau, pourquoi?
On sait que cela permet de se «vider la tête» et qu’après le sport, les gens semblent plus à même de réfléchir posément et d’emmagasiner des informations, mais on n’arrive pas à expliquer exactement pourquoi. Il y a de nombreuses théories, les études nous donnent beaucoup de pistes. On sait par contre depuis longtemps que les personnes qui font de l’exercice régulièrement ont moins d’atteintes au niveau des vaisseaux, aussi bien cardiaques que cérébraux.
Le jogging est-il devenu un instrument incontournable dans l’arsenal des soins?
Je le prescris souvent, en effet, c’est si facile à mettre en œuvre. Je pense que les Américains ont réussi à changer l’état d’esprit des gens face à la course à pied. Ils ont démocratisé ce sport dans les années 1970. Et c’est assez paradoxal car c’est le pays où l’on trouve le plus de fitness, de clubs de sport et de compétitions populaires. On voit courir des gens partout. Mais c’est aussi le pays où il y a le plus de problèmes de surpoids et de sédentarité.
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Extrait de : Check-Up. Les réponses à vos questions santé |
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