Chanter pour tenter de moins ronfler

Dernière mise à jour 18/09/13 | Article
Chanter pour tenter de moins ronfler
La pratique régulière du chant diurne peut faire baisser d’un ton les ronflements nocturnes: c’est ce qu’ont observé des chercheurs anglais. Une solution harmonieuse.

Le ronflement est le principal ennemi du couple. Et loin d’être un simple désagrément pour celui qui reste éveillé, c’est aussi le symptôme d’un trouble organique chez le ronfleur: il n’est jamais très loin de l’apnée du sommeil. Tout comme l’apnée le ronflement est la conséquence d’un relâchement des muscles de la gorge et du palais; relâchement qui complique et réduit le passage de l'air dans ce carrefour. En lui-même ce phénomène n’est pas pathologique: on l’observe chez chacun d’entre nous, puisque notre tonus musculaire baisse naturellement (et fort heureusement) pendant le sommeil. Les problèmes commencent lorsque ce relâchement est supérieur à la normale. Selon les cas on percevra des vibrations sonores (à l’origine des ronflements) ou des pauses respiratoires parfois très inquiétantes (apnées).

Les alcools du soir

Différents remèdes pratiques sont généralement proposés (voire imposés) au ronfleur. Ils vont de la restriction des apports caloriques (et alcoolisés) du dîner jusqu’à des modifications de l’architecture de sa literie. Les somnifères peuvent aussi être fréquemment impliqués dans ce phénomène étant donné qu’ils aident à dormir mais. Cependant, une nouvelle proposition nous est aujourd’hui fournie grâce à une étude britannique1.Ses auteurs concluent à une solution assez originale contre les ronflements: le chant. Pratiqué une vingtaine de minutes par jour, il diminuerait de manière significative ce qui peut conduire un couple à ne plus faire chambre commune : l’intensité et la récurrence de ces perturbations nocturnes.

Vingt minutes de vocalise quotidiennes

Cette étude répondait aux critères scientifiques habituellement requis (essai contrôlé et randomisé). Elle a été menée sous l’égide du Royal Devon & Exeter NHS Foundation Trust. Ses conclusions viennent d’être présentées dans l'International Journal of Otolaryngology and Head & Neck Surgery. Des spécialistes d'oto-rhino-laryngologie se sont intéressés à 127 adultes chez lesquels on avait observé des ronflements ou des apnées légères et modérées: entre dix et quarante apnées par heure de sommeil.

Les auteurs de ce travail ont proposé à leurs patients de suivre une thérapie par le chant. Objectif: retrouver la tonicité des muscles du carrefour respiratoire. Méthode: vingt minutes d'exercices par jour à l’aide d’un disque à visée thérapeutique. Trois mois de ce régime fourniraient des résultats significatifs, concluent les soignants anglais. Ils expliquent que ce type d’exercice a permis de réduire les ronflements (1,5 points de moins sur une échelle en 10 points de fréquence du ronflement) mais aussi la somnolence diurne (-2,5 points sur une échelle d’évaluation reconnue sur 10 points, l’échelle de somnolence d'Epworth). Il convient toutefois de préciser que seuls 40% des participants sont parvenus à chanter quotidiennement durant le trimestre initialement programmé.

Faire chambre à part

 «Le concept de base est intéressant parce qu'il s'attaque à la cause des ronflements et de l'apnée du sommeil», expliqué au Figaro le Dr Raphaël Heinzer, spécialiste du sommeil au Centre hospitalier universitaire de Lausanne. Il manque toutefois pour conclure des mesures objectives sur la fréquence et l'intensité des ronflements ou des apnées.

Le chant et les vocalises ne sont pas les seuls outils thérapeutiques disponibles. En 2006 une étude similaire publiée dans le British Medical journal2 avait quantifié la récurrence des troubles du sommeil après avoir soumis les patients à une pratique quotidienne de didgeridoo. Il s’agit là d’un instrument à vent australien réputé pour mobiliser tous les muscles buccaux (comme on peut le voir et l’entendre ici même).

«Il y a un autre inconvénient, ironise Le Figaro. Chanter à tue-tête au milieu du salon demande un certain sens de l'autodérision». Le Dr Raphaël Heinzer s’interroge: «Dans la pratique, est-ce qu'un médecin peut se contenter de prescrire un disque audio à son patient?». On pourrait faire observer que c’est là oublier les chorales.

L’autre branche de l’alternative est connue: passer ses nuits dans des chambres séparées.

1. Un résumé (en anglais) de ce travail est disponible ici.

2. Un résumé (en anglais) de cette publication est disponible ici.

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