Fatigue: et si c’étaient les hormones?
Claqué, épuisé, vanné… Les causes d’une fatigue inexpliquée peuvent être nombreuses. Parmi elles, la piste hormonale. Un déficit engendre diverses maladies dont certaines provoquent une grande fatigue. Regardons-y de plus près.
L’hypothyroïdie
Les hormones thyroïdiennes, sécrétées par la glande thyroïde, contrôlent l’état énergétique de l’organisme, sa chaleur et l’utilisation des sucres, graisses et protéines apportés par l’alimentation. Elles agissent aussi sur les muscles, le cœur, le tube digestif, les cheveux, etc. et participent à la croissance.
L’hypothyroïdie se caractérise par une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes, dont les principales sont la triiodothyronine (T3) et la thyroxine (T4). On estime qu’elle touche entre 1 et 5 % de la population, particulièrement les femmes, qui sont cinq à dix fois plus affectées que les hommes. Dans de nombreux cas, l’hypothyroïdie a une origine auto-immune: le système immunitaire se trompe de cible et, prenant la glande thyroïde pour un corps étranger à l’organisme, l’agresse. Il peut alors l’enflammer, provoquant une thyroïdite, ou s’attaquer progressivement à elle, déclenchant une thyroïdite chronique lymphocytaire ou maladie de Hashimoto. La production d’hormones peut aussi être bloquée par des médicaments (le lithium, l’amiodarone, des traitements contre l’hyperthyroïdie). La déficience hormonale peut encore être la conséquence d’un dysfonctionnement de deux structures cérébrales, l’hypophyse et l’hypothalamus, la première régulant le fonctionnement de la thyroïde sous le contrôle du second. Dans de rares cas, elle peut résulter d’une malformation congénitale (absence de thyroïde).
L’insuffisance thyroïdienne rend la peau sèche, les ongles fragiles et les cheveux cassants. Elle s’accompagne aussi souvent d’une prise de poids, d’une tendance à la constipation et d’une frilosité accrue. Mais surtout, elle provoque une intense fatigue. Celle-ci disparaît quand on substitue les hormones manquantes par des médicaments. Le traitement est facile à administrer et il est bien toléré, mais doit être pris le plus souvent à vie.
L’hypocorticisme
Le cortisol – l’un des deux glucocorticoïdes naturels avec la cortisone, dont il est le dérivé – a pour fonction d’augmenter le taux de sucre dans le sang, d’inhiber certaines réponses du système immunitaire, de réguler le métabolisme des graisses, des protéines et des glucides, et de participer au contrôle du cycle circadien, qui règle l’alternance veille/sommeil. Il est secrété par les glandes surrénales qui, lorsqu’elles sont défaillantes, provoquent un hypocortisolisme, qui provoque une intense fatigue. Le déficit en cortisol entraîne également souvent une perte de poids et parfois des vertiges, quand on se lève de sa chaise ou de son lit par exemple.
Le diabète
Maladie insidieuse, le diabète s’installe lentement et prend parfois plusieurs semaines ou plusieurs mois avant d’être diagnostiqué. Il peut occasionner de la fatigue, surtout au moment de la décompensation, c’est-à-dire quand la maladie s’aggrave brutalement.
À l’origine du diabète se trouve le dérèglement de plusieurs hormones, à commencer par l’insuline. Secrétée par les cellules bêta du pancréas, elle agit comme un signal qui incite les muscles, le foie et les tissus adipeux à absorber le glucose (le sucre) présent dans le sang pour le stocker ou l’utiliser sous forme d’énergie. Lorsqu’elle n’accomplit pas sa tâche correctement, le sucre s’accumule dans le sang, entraînant une hyperglycémie.
Le diabète de type 1, qui touche principalement les enfants, les adolescents et les jeunes adultes, a pour origine une maladie auto-immune. Il provient d’une destruction par le système immunitaire des cellules bêta du pancréas qui ne peuvent donc plus produire d’insuline. En revanche, chez les personnes atteintes d’un diabète de type 2, le pancréas continue à produire l’hormone. Mais dans certains cas, il n’en secrète pas suffisamment et, dans d’autres, l’organisme devient résistant à l’insuline, c’est-à-dire qu’il n’arrive plus à l’utiliser efficacement pour transformer le sucre présent dans le sang en énergie. Plusieurs classes de médicaments existent pour réguler le taux de sucre dans le sang et réduire ainsi le risque de développer des maladies cardiovasculaires liées au diabète.
Un déficit en hormones sexuelles
Chez les femmes, un déficit en hormones sexuelles peut provenir d’une insuffisance des glandes surrénaliennes qui, outre le cortisol, produisent avec les ovaires des hormones sexuelles et androgéniques comme la déhydroépiandrostérone-sulfate (DHEAS) et l’androstenedione. Lorsqu’un déficit survient chez les femmes jeunes, celui-ci perturbe le cycle menstruel et la fertilité. L’absence d’hormones androgéniques durant la période qui précède la ménopause peut avoir des impacts significatifs sur la qualité de vie et engendrer une fatigue excessive. Au moment de la ménopause, l’arrêt de la production d’œstrogènes et de progestérone provoque des bouffées de chaleur, une sécheresse vaginale, des douleurs articulaires, une prise de poids ou autres symptômes désagréables qui accentuent la sensation de fatigue.
Chez les hommes, la déficience en testostérone peut être due au vieillissement, à un traumatisme, ainsi qu’à une atteinte des testicules à la suite d’un accident ou d’une maladie auto-immune. C’est alors l’éreintement qui prédomine, souvent accompagné de troubles de la libido, d’une dysfonction érectile et d’une perte de la force musculaire.
Chez les représentants des deux sexes, un traitement apportant les hormones manquantes soulage les symptômes, y compris la fatigue.
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Paru dans Planète Santé magazine N° 42 – Octobre 2021
Adapté de J’ai envie de comprendre… La fatigue, par Elisabeth Gordon et Gérard Waeber, Genève, Éd. Planète Santé, 2021.