Somnolence au volant: apprendre à ne pas en être victime

Dernière mise à jour 16/04/14 | Article
Somnolence au volant: apprendre à ne pas en être victime
Importante cause d’accidents de la circulation, la somnolence au volant est le reflet d’un déficit chronique de sommeil.

Le transport est bien souvent un moment où nous compensons notre manque de sommeil. C’est souvent vrai dans les transports en commun, ce qui ne prête généralement guère à conséquence. La situation est bien évidemment très différente quand celui qui s’assoupit est au volant d’une voiture automobile.

Une enquête menée par l’Institut national français du sommeil et de la vigilance (INSV) vient de fournir sur ce thème une série de données précises qui mettent en lumière le déficit chronique de sommeil d’une fraction importante de nos contemporains1. Elle fournit aussi l’occasion aux spécialistes d’indiquer de quelle manière on peut remédier à cette situation potentiellement dangereuse quand elle concerne les conducteurs d’engins automobiles.

«Petit endormissement»

L’enquête établit qu’en France plus de 10% des personnes actives qui conduisent leur voiture automobile pour aller au travail ou en revenir déclarent avoir déjà somnolé au volant, au point d’avoir des difficultés pour conduire, voire d’être obligées de s’arrêter. Ce pourcentage augmente avec la distance à accomplir entre le domicile et le lieu de travail. Le risque d’un «petit endormissement» sur le trajet du travail est plus élevé parmi les 18-24 ans: ils sont près d'un sur cinq (18%) à s'être endormis en conduisant au moins une fois dans l'année.

Une large majorité de celles et ceux qui ont été victimes d’un épisode de somnolence au volant se sont ressaisis à temps: environ 93% disent avoir ouvert
 l’œil
 avant
 l’accident.
 Et 7%
 ont
 eu
 un
 accident
 mineur,
 sans
 dommages 
matériels
 ou 
corporels. Les hommes et les jeunes (18-24 ans) apparaissent en moyenne plus concernés. Et il apparaît clairement, sans surprise, que le risque de s’endormir au volant est augmenté chez celles et ceux qui dorment six heures ou moins par nuit. Les 
personnes actives disent s’être endormies 
plus 
souvent 
le 
matin
 (38%).

Pas assez de sommeil

Les 
endormissements
 ont 
eu 
lieu
 plus
 souvent (40%) 
sur
 de 
grands
 axes
 (autoroutes 
ou 
quatre voies). Mais aucun 
réseau
 routier n’est 
épargné:

26% 
se
 sont endormis 
sur 
une
 route 
nationale 
ou 
départementale 
à deux voies, 19 % sur 
une 
route
 secondaire 
et
 15 %
 n’ont 
pu 
résister 
à 
l’envie 
de 
dormir même 
en
 ville.

Une personne sur trois justifie son endormissement en expliquant ne pas avoir assez dormi la nuit précédente. Une sur cinq incrimine des décalages horaires et autant font état de difficultés générales pour trouver le sommeil.


Ne pas accélérer

Près des trois quarts
 des
 conducteurs 
qui
 se
 sont
 endormis 
au 
moins 
une
 fois
 dans 
l’année déclarent 
utiliser
 au 
moins
 une méthode
 pour 
pallier le risque
 de 
somnolence 
ou
 d’endormissement. Il s’agit le plus souvent de faire des pauses lors de la conduite ou consommer du café ou des boissons énergisantes. La très 
grande 
majorité
 de ces 
conducteurs 
réagissent 
lorsqu’ils
 ressentent
l ’arrivée d’une somnolence et le 
risque
 d’endormissement.

La plupart 
s’arrête sur une aire de repos ou passe le volant à une autre personne présente dans l’habitacle. Mais il faut aussi savoir que près d’un individu  sur cinq augmente sa vitesse en espérant ainsi être plus
 «stimulés».
 Or, l’idée
 selon laquelle 
l’accélération 
de 
la
 vitesse 
stimulerait l’attention du
 conducteur 
est 
une 
idée
 fausse
 qui ne 
repose 
sur 
aucun élément objectif. Et, bien évidemment, augmenter 
sa
 vitesse 
ne peut qu’aggraver 
les
conséquences 
d’un 
éventuel 
accident de la circulation.

20 % des accidents

Au-delà de cette enquête française, il faut savoir qu’à l’échelon international la somnolence au volant est maintenant reconnue comme un enjeu de santé publique, au vu des données des spécialistes de l’accidentologie. On estime en effet que 20% des accidents de la circulation sont en rapport avec une forme d’endormissement au volant. Ce qui est une proportion considérable.

Ces endormissements peuvent être d’origine comportementale (privation de sommeil) mais aussi pathologique (maladies induisant une somnolence diurne). Ils peuvent aussi être la conséquence de la prise de médicaments agissant sur le système nerveux central (médicaments psychotropes). Souffrir d’une restriction de sommeil et conduire la nuit (notamment entre 2 et 5 heures du matin) sont également des éléments majeurs de risque de survenue d’accident.

Benzodiazépines

Les maladies les plus fréquemment concernées sont le syndrome d’apnées du sommeil, la narcolepsie et certaines maladies neurologiques. Parmi les médicaments pouvant causer des somnolences, les benzodiazépines sont le plus fréquemment incriminées. Toutefois, des molécules de type antihistaminiques peuvent être directement associées à la survenue d’accidents de la circulation.

Une stratégie globale de réduction de ce type d’accident nécessite une véritable approche médicale avec une analyse de l’hygiène du sommeil, un diagnostic clinique et une évaluation de la dose et de la durée de prise des médicaments psychotropes.

Un plan pour dormir

Les études ayant évalué l’impact des traitements améliorant la vigilance sur l’accidentologie routière montrent qu’un enseignement de la médecine du sommeil plus largement étendu au corps médical pourrait significativement améliorer la lutte contre la violence routière.

La fréquence de ces phénomènes vient rappeler toute l’importance que chacun doit accorder à l’hygiène de son sommeil. Et, plus généralement, l’importance qu’il y a à mettre en place un véritable plan de soins accordés à la qualité de son sommeil.

 

 1. Les résultats de cette enquête sont disponibles ici. L’institut national français du Sommeil et de la vigilance (INSV) est une association fondée en 2000 sous l’impulsion de la Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS), qui regroupe l’ensemble de la communauté sommeil: société savante, associations de patients et professionnels de santé. Le but de l’INSV est de promouvoir le sommeil et ses pathologies comme une composante de santé publique. A ce titre, il sensibilise, informe et éduque sur les troubles du sommeil et de la vigilance.

Articles sur le meme sujet
apnees_sommeil_neurostimulation

Apnées du sommeil: les promesses de la neurostimulation

Une nouvelle prise en charge des apnées du sommeil est disponible depuis peu au CHUV. Destinée aux patients en échec thérapeutique, elle repose sur l’implantation d’un neurostimulateur du nerf de la langue.
test_detecte_apnee

Un test très simple détecte l’apnée du sommeil

Il existe désormais un test rapide et très fiable pour détecter les personnes qui risquent de souffrir d’apnées du sommeil. Ce questionnaire simple a été mis au point par le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).
medecine_personnalisee_apnees

La médecine personnalisée se penche sur les apnées du sommeil

De plus en plus, les spécialistes visent une prise en charge «sur mesure» des apnées du sommeil, même si les obstacles restent nombreux.
Videos sur le meme sujet

Du nouveau dans le traitement des apnées du sommeil

Cécile Guérin sʹintéresse à de nouvelles méthodes pour mieux traiter les apnées du sommeil.

Bruit, apnée, stress... le sommeil en danger !

Le bruit, la lumière, sont les stimulations externes qui maintiennent l'excitation des neurones, auxquelles s'ajoutent des stimulations internes comme la réflexion, la motivation ou le stress.

Apnées du sommeil: l’asphyxie d’une vie

Les apnées du sommeil entravent gravement l’architecture de nos nuits et représentent un réel danger pour notre organisme.