Les apnées du sommeil durant la grossesse
Les problèmes respiratoires nocturnes au cours de la grossesse exposent à des risques potentiels. Parmi eux, de l’hypertension et du diabète du côté de la mère, et une prématurité ou un retard de croissance intra-utérin pour le fœtus. De récentes études américaines ont mis en évidence d’autres complications survenues en cours de grossesse, telles qu’embolie pulmonaire, problèmes cardiaques et de possibles éclampsies.
Un tiers des femmes enceintes concernées
Nombreux sont les facteurs qui peuvent contribuer à développer des apnées du sommeil. Alors que 50% des hommes de plus de 40 ans sont impactés par des apnées du sommeil, seules 23% des femmes du même âge le sont. Cependant, le syndrome augmente significativement durant la grossesse et de façon exponentielle à mesure que le fœtus se développe. Les «simples» ronflements concernent près de la moitié des femmes enceintes en fin de grossesse et un tiers en moyenne souffre de rhinites. Plus inquiétant, une étude a démontré qu’un quart d’entre elles présentait des apnées du sommeil au dernier trimestre.
Quelles prédispositions?
Parmi les facteurs de risque pendant la grossesse, l’obésité et l’âge augmentent le développement d’apnées du sommeil. L’hypertension artérielle chronique, par ailleurs directement liée au surpoids, et la rétention d’eau, sont aussi récurrentes. Ajoutez à cela les changements qui interviennent lorsqu’on est enceinte: que ce soit au niveau hormonal, cardiovasculaire, circulatoire ou morphologique, ils ont tendance à perturber la fonction respiratoire, accentuant ainsi la survenue de cette pathologie du sommeil.
Cependant, bien que le surpoids et l’obésité soient un facteur de risque, la prise de poids due à la grossesse n’est, elle, pas associée aux apnées du sommeil. Car c’est la répartition du poids qui semble en être la cause. La graisse localisée au niveau du cou est l’élément majeur qui provoquerait, dans l’éventualité d’un surpoids, ces soucis nocturnes.
Comment dépister les apnées du sommeil?
Des ronflements, une rhinite chronique et des réveils intempestifs durant la nuit sont fréquents en cours de grossesse, surtout au dernier trimestre. En raison de ces phénomènes sans réelle gravité, il est donc difficile de dépister les symptômes des apnées du sommeil. Un bilan dans le cadre d’un centre médical spécialisé du sommeil s’impose alors comme le moyen le plus fiable afin de diagnostiquer le problème. Il existe en outre une machine portable – un outil cependant onéreux – qui permet d’effectuer ce type d’examen à son domicile, aussi en conditions réelles.
Moins fiables mais tout de même utiles, les questionnaires de dépistage sont un recours envisagé dans le cas général d’apnées du sommeil, mais non spécifiques aux femmes enceintes. Le questionnaire de Berlin, ainsi que l’échelle de somnolence d’Epworth, en sont des exemples. L’un détecte les ronflements, la somnolence, l’obésité, l’hypertension, tandis que l’autre évalue la propension à la somnolence en journée. Ces deux outils restent cependant limités en termes de résultats.
Quelle prise en charge?
En matière d’apnée du sommeil chez la femme enceinte, les recommandations sont, elles aussi, limitées. Un appareillage de nuit existe et les personnes en surpoids doivent renforcer leur activité physique quotidienne. La position à adopter durant le sommeil, sur le côté gauche et le haut du corps légèrement surélevé, favorise quant à elle la respiration. Dans les cas les plus marqués, la chirurgie respiratoire ou encore bariatrique restent des recours possibles.
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Adapté de «Apnées du sommeil et grossesse», Dr Wawrzyniec Rieder, Département de médecine périnatale, Mercy Hospital for Women de Melbourne (Australie), Dr Raphaël Heinzer, Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil (CIRS), Dr Baud, Unité de recherche, Département Femme-Mère-Enfant, CHUV Lausanne. In Revue Médicale Suisse 2016; 12 : 1816-20.