Vision: à chaque âge son dépistage

Dernière mise à jour 04/04/22 | Article
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En silence, sans douleurs ni symp¬tômes tonitruants, nos yeux peuvent être en proie à des troubles, à la maladie ou au vieillissement. Le problème: sans prise en charge suffisamment précoce, certains dégâts peuvent être irrémédiables. La marche à suivre? Être attentif à tout problème visuel (qu’il soit sou¬dain ou progressif), conscient de ses vulnérabilités personnelles (antécédents familiaux notamment) et particulièrement vigilant à cer¬tains âges clés.

Suivi strict dès la naissance en cas d’anomalie visuelle, gêne repérée à l’âge des premiers pas ou à l’entrée à l’université, stratégie des bras qui s’allongent pour lire un magazine avant que cela ne suffise plus: l’évolution de nos yeux est faite de possibles périls et de troubles parfois incontournables, liés au temps qui passe. Zoom sur six étapes décisives.

Enfance: l’impérative vigilance

Séries de tests à la naissance, lors des visites chez le pédiatre, à l’école: le dépistage des yeux des enfants se veut d’autant plus rigou­reux qu’il est crucial. «Il y a bien sûr la prise en charge de pathologies spécifiques qui peuvent toucher les yeux des plus jeunes, mais il est également important de repérer au plus tôt tout ce qui peut entraver l’acquisition optimale de la vue. Et pour cause, dans les premières années de vie, une compétition peut opposer les deux yeux. En clair, si l’un des deux voit moins bien que l’autre, il peut être définitivement ignoré par le cerveau», alerte la Dre Nathalie Voide, médecin hospita­lière à l’unité de strabologie et ophtalmologie pédiatrique de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin.

Défi supplémentaire: «Le plus souvent, les enfants ne se plaignent pas de troubles visuels car ils contournent très bien ces difficultés. Et si un œil est défaillant, l’autre compense, souligne l’experte. Mais certains signes ne trompent pas.» Les faisceaux d’indices peuvent être de plusieurs ordres: aspect des yeux (un œil plus petit, une paupière tombante, présence d’un strabisme, etc.), comportement de l’enfant (front plissé ou tête systématiquement penchée pour lire, etc.) ou encore ses mots («L’image est floue», «Les lignes bougent», etc.). Et la Dre Voide d’ajouter: «Le suivi par les professionnels est essentiel, mais les parents sont les meilleurs observateurs de leurs enfants au quotidien. Ils doivent se faire confiance et consulter le pédiatre ou l’ophtalmologue au moindre doute. Généralement, plus un problème visuel est pris en charge précocement, meilleures sont les chances de succès et de rapidité du traitement.»

20-25 ans: études et myopie, le duo à surveiller

Vision floue de loin mais nette de près: la myopie se manifeste généralement de façon très caractéristique. Si elle peut apparaître dès l’enfance (vers 8-12 ans déjà), elle peut égale­ment survenir sur les bancs de l’université, lorsque la vision de près est sursollicitée au quotidien. Si les troubles persistent, un contrôle chez l’ophtalmologue est nécessaire pour évaluer le degré de myopie et adopter les lunettes de vue ou lentilles requises. À noter que, depuis quelques années, la myopie s’est muée en véritable épidémie à l’échelle de la planète. En cause? «Sans aucun doute nos comportements, révèle le Dr François Thommen, co-responsable de la policlinique et des urgences de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Nos yeux ont besoin de la lumière naturelle et de pouvoir relâcher régulièrement l’effort d’accommodation inhérent à la vision de près en regardant au loin. Or nos vies deviennent de plus en plus sédentaires et centrées sur les écrans.» La vigilance est donc de mise car la myopie n’est pas qu’une question de lunettes portées parfois en rechignant: «Une myopie sévère expose à un risque accru de glaucome, de cataracte et de décollement de la rétine», rappelle le spécialiste.

40 ans: l’heure du premier dépistage du glaucome

À l’approche de la quarantaine, le dépistage du glaucome est un impératif. Il est même à envisager plus tôt en cas d’antécédents familiaux. Dû à une pression trop élevée au niveau du nerf optique, le glaucome détruit les connexions nerveuses qui s’y trouvent, de façon irréversible et sans symptôme les premiers temps. Deuxième cause de cécité évitable, «le glaucome est un voleur de vue silencieux», alerte le Dr Thommen. Avant de rappeler: «Des traitements efficaces existent pour limiter cette pression oculaire excessive et les dégâts qu’elle engendre.»

40-45 ans: l’incontournable presbytie

Quand soudain, pour lire un texte ou voir un message sur son téléphone, une personne se surprend à tendre le bras pour éloigner ce texte étrangement flou… En cause, très probablement, si elle se trouve dans le virage de la quaran­taine: le début de la presbytie. Si la gêne est propre à chaque personne, ce défaut de réfraction est pourtant universel. La raison? «Pour voir de près, nos yeux font un travail d’accommodation par le biais de muscles situés au niveau du cristallin, qui se bombe pour faire converger les rayons lumineux sur la rétine. Avec le temps, ce processus devient moins efficace et nous perdons la capacité à faire cette "mise au point" pour voir de près», explique le Dr Bao-Khanh Tran, co-responsable de la policlinique et des urgences de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Le remède prend alors la forme de lunettes aux verres correcteurs permettant de lire à nouveau confortablement. Le secret des personnes en apparence épargnées et pouvant lire sans lunettes? «Certains degrés de myopie peuvent compenser un temps le problème et l’inconfort est directement lié aux activités privilégiées du quotidien. Mais passé 60 ans, l’accommodation naturelle ne se fait plus du tout», poursuit l’expert.

55-60 ans: le risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)

Impression de manquer de lumière, difficulté à s’adapter aux changements de luminosité, perte de la vision centrale: la DMLA altère la partie centrale de la rétine (la macula). Survenant le plus souvent à la cinquantaine, elle ne donne pas tout de suite lieu à des symptômes. Un suivi régulier chez l’ophtalmologue est donc important pour la repérer au plus tôt et tenter de freiner son évolution.

60-65 ans: l’inévitable cataracte

C’est un voile qui glisse sur les yeux aux alentours de la soixantaine, rendant notamment la vision de près difficile. Comme en cas de presbytie quelques années plus tôt, la gêne provoquée par la cataracte est souvent en lien direct avec les activités prati­quées. «Une personne qui lit peu, par exemple, supportera plus longtemps l’inconfort de la cataracte», note le Dr Tran. Mais tôt ou tard, l’intervention chirurgicale est inévitable. Et, le plus souvent, elle peut se targuer d’excel­lents résultats: «La perte de vue liée à la cataracte est totalement réversible, même si l’opération se fait à un stade avancé de la maladie», rassure l’expert.

8 réflexes à adopter… à tout âge!

Préserver ses yeux est un travail de tous les jours. Voici quelques conseils clés.

Tenir compte des antécédents familiaux. Forte myopie, glaucome, maladies dégénératives de la rétine: certaines pathologies comportent une part génétique justifiant une vigilance accrue et d’en parler avec son ophtalmologue.

Être à l’écoute des symptômes. Baisse ou changement d’acuité visuelle, impression de «voile»: même si la vision semble rester correcte, tout trouble nouveau ou progressif justifie de consulter.

Freiner ou «compenser» l’usage des écrans. Pour limiter l’effort accommodatif imposé par les écrans (vision prolongée de près) et la sécheresse oculaire qu’ils peuvent causer: miser sur une distance entre les yeux et l’écran d’au moins 30 cm, intercaler des pauses en adoptant par exemple la «règle des 20» (toutes les 20 minutes, regarder à plus de 20 mètres pendant 20 secondes). Pour les enfants, une limitation du temps d'exposi­tion est importante, en évitant notamment l’usage des écrans avant l’âge de 3 ans.

Miser sur des visites régulières chez l’ophtalmologue. À l’âge adulte, la fréquence des consultations est à envisager au cas par cas selon la santé visuelle et générale. En l’absence de symptôme ou de pathologie particu­lière, un contrôle chez l’ophtalmologue est préconisé tous les deux-trois ans à partir de 40 ans et chaque année à partir de 60 ans.

Savourer le grand air. Une exposition de deux heures par jour à la lumière naturelle limite le risque de développer une myopie chez les enfants. Le secret de ses bienfaits? Son intensité et une étendue de son spectre de rayons lumineux plus large que celle de la lumière artificielle.

Protéger ses yeux du soleil. Si la lumière naturelle est bienfaitrice pour nos yeux, certaines situations nécessitent une protection rigoureuse (lu­nettes comprenant verres et monture adaptés): activités sur la neige ou au bord de l’eau ou exposition à des sources lumineuses intenses (travaux de soudure par exemple).

Alimentation saine. Une alimentation riche en fruits et légumes apporte antioxydants, vitamines et omégas 3 et 6 essentiels à la santé des yeux.

Limiter les facteurs de risque. Ce qui est bon pour le cœur est bon pour les yeux… et l’inverse est vrai également. Parmi leurs ennemis communs: hypertension artérielle, diabète, tabagisme ou encore excès de cholestérol.

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Article repris du site  BienVu!

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