La perte d’audition, la fin d’un tabou?
Il est souvent très difficile de reconnaître qu’on rencontre des difficultés à entendre et à comprendre certaines discussions. La raison: ces difficultés sont un signe indiscutable de vieillissement. De plus, porter un appareil pour remédier à une perte auditive rend ce handicap visible de tous. «Mais les personnes d’un certain âge sont, de nos jours, bien plus actives que les générations précédentes et souhaitent poursuivre leurs activités le plus longtemps possible en entendant correctement, nuance le Dr Lorry Duchoud, ORL à Nyon. Même si le port d’un appareil auditif n’est jamais une évidence, ces personnes sont, je trouve, beaucoup plus enclines à l’envisager.»
Une conséquence du temps qui passe
La presbyacousie est directement liée au vieillissement. «Nous commençons tous à perdre de l’audition au passage à l’âge adulte, poursuit le Dr Duchoud. Vers 20 ans, nous percevons moins bien certaines très hautes fréquences, ce qui n’a toutefois aucun impact sur notre audition puisque celles-ci ne sont que très peu utiles au quotidien.» La perte auditive devient en général gênante à partir de 65 ans.
La presbyacousie est due à la dégradation, avec les années, des cellules auditives et à un moins bon fonctionnement nerveux entre l’oreille et le cerveau. «On a tendance à l’oublier mais l’audition résulte d’un double phénomène, décrit le spécialiste, d’un côté l’oreille perçoit un son et de l’autre le cerveau l’analyse. Entendre et comprendre sont deux notions différentes, que nous évaluons séparément.»
Un retraité sur trois concerné
La perte auditive touche un retraité sur trois. Et après 80 ans, 80% des personnes y seraient confrontées. Les premiers symptômes sont des difficultés à suivre certaines conversations, notamment dans des lieux bruyants comme les restaurants, ou le besoin d’augmenter significativement le son de son téléviseur, ce qui peut gêner, voire agacer les proches. Les personnes concernées demandent souvent à leurs interlocuteurs de répéter afin de se laisser une chance de mieux les comprendre. Certaines se plaignent de ne plus pouvoir apprécier le chant des oiseaux le matin ou repérer la sonnerie d’un appareil électronique. D’autres trouvent que la nouvelle génération n’articule pas correctement… Des plaintes qui traduisent les difficultés quotidiennes rencontrées par ceux qui souffrent d’un trouble de l’audition.
Les facteurs de risque de la presbyacousie, cause la plus fréquente de perte d’audition, sont des expositions prolongées au bruit, par exemple dans le cadre professionnel (bruit des machines), le tabac, le diabète, l’hypertension ou encore certaines maladies immunologiques. La baisse de l’audition, qui concerne davantage les hommes que les femmes, peut avoir des conséquences graves, comme un isolement social, pouvant aboutir par exemple à une dépression.
Des appareils efficaces et discrets
Pour contrer la perte de l’audition, un implant cochléaire peut être chirurgicalement posé. «Cela ne concerne que les pertes auditives sévères, précise le médecin, mais cette technique est très bénéfique, y compris chez des personnes âgées.» Le port d’un appareil auditif suffit toutefois lorsque les pertes d’audition sont moins importantes. «Mon conseil premier si l’on opte pour un appareil auditif est vraiment de bien choisir son audioprothésiste, insiste le Dr Duchoud. Le contact doit bien passer car les rendez-vous sont nombreux.» En effet, après avoir évalué les besoins de son client, l’audioprothésiste devra l’aider à trouver le modèle qui lui convient, à le tester en condition réelle, à correctement l’utiliser et à bien l’ajuster. Les différentes fréquences, les plus graves comme les plus aiguës, nécessitent en effet des réglages fins qui demandent du temps. Aujourd’hui, les appareils, toujours plus petits, sont généralement bien tolérés et efficaces. «Pour la plupart des patients, c’est même le jour et la nuit», souligne le médecin. De quoi inciter celles et ceux qui souffrent d’un problème d’audition à ne pas minimiser leur gêne et à consulter.
Le coût important des appareils auditifs
Les appareils auditifs peuvent aider celles et ceux qui entendent moins bien avec l’âge. Mais leur achat reste coûteux et il n’est souvent que partiellement remboursé. Sous certaines conditions, et avec des critères bien précis, l’assurance invalidité (AI), avant 65 ans, et l’assurance vieillesse et survivants (AVS), après 65 ans, peuvent participer aux frais. «Le financement est partiel, rappelle le Dr Lorry Duchoud, ORL nyonnais. Globalement, le montant du remboursement chez un adulte s’élève à 1260 CHF avec l’AVS et à 1650 CHF pour l’AI. Les audioprothésistes proposent des appareils dans cette gamme de prix. Néanmoins, la majorité des patients auront besoin d’appareils auditifs dont le prix dépassera les 5000 CHF.»
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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2023.