Prenez soin de vos pieds, même en hiver
Le chiffre
52: Le nombre cumulé d’os que nous possédons dans les deux pieds. Soit un quart de tous les os du corps humain.
Tandis qu’on les soigne en été pour les exposer, nous avons tendance, en hiver, à les laisser s’engoncer dans des chaussettes et de lourdes chaussures. Nos pieds, quelle que soit la saison, restent pourtant une partie vulnérable de notre anatomie qu’il ne faut pas négliger.
Des pathologies à prendre au sérieux
Malgré le soin apporté à ses pieds, différents types de problèmes peuvent survenir. En voici quelques-uns des plus fréquents.
Une mycose de l’ongle: Elle se traduit par un changement de couleur ou de texture de l’ongle et est le plus souvent due à la présence d’un petit champignon, le dermatophyte. Mais la mycose peut aussi survenir à cause de levures ou de moisissures. D’où l’importance d’en identifier l’origine pour mettre en place le traitement adapté. «Parfois, par honte ou par gêne, les personnes concernées ont tendance à laisser traîner une mycose, en tentant l’automédication, constate Mathilde Galy, podologue à la Clinique spécialisée Poderm, à Genève. Mais mal soignée, une mycose peut nuire à la qualité de vie. Il est donc important de rapidement consulter un spécialiste.»
7 gestes pour prendre soin de ses pieds
Pour ne pas laisser s’installer des petits bobos au niveau des pieds, quelques règles de prévention sont à respecter.
- Bien choisir ses chaussures, en privilégiant des gabarits ni trop étroits, ni trop serrés, et adaptés à l’anatomie de son pied (fin, large, etc.).
- Alterner le type de chaussures (baskets, escarpins, bottines, etc.) régulièrement, afin de ne pas contraindre le pied mais aussi de limiter la prolifération des bactéries. Un spray désinfectant peut être pulvérisé régulièrement dans les chaussures.
- Éviter les chaussettes en matières synthétiques, les changer quotidiennement et les laver à chaud pour éliminer les bactéries.
- Adopter une bonne hygiène quotidienne en lavant et séchant correctement le pied et les orteils.
- Couper correctement ses ongles: ni trop courts, ni trop longs.
- Hydrater les pieds secs à l’aide d’une pommade spécifique pour prévenir ou traiter les crevasses.
- Consulter un podologue pour faire un bilan personnalisé et obtenir des conseils pratiques.
Un ongle incarné: Le plus souvent, un ongle incarné est consécutif à une mauvaise coupe (trop courte et trop arrondie sur les côtés) ou à une déformation du pied. En poussant, l’ongle reste sous la peau et crée une plaie, qui peut par la suite s’infecter. Pour éviter une propagation de l’infection, il est important de rapidement le soigner avec un traitement antiseptique local.
Des crevasses: Les pieds très secs, sujets aux fendillements, aux crevasses ou aux callosités, peuvent favoriser l’entrée de bactéries sous la peau. À terme, le risque est l’abcès. «Une hyperkératose, c’est-à-dire un excès de peaux mortes, peut être diminuée à l’aide d’un ponçage doux et de l’application de pommades spécifiques», explique Mathilde Galy.
Une transpiration excessive: Aussi appelée hyperhidrose, la transpiration excessive peut être invalidante et à l’origine d’un certain mal-être. Au niveau des pieds, une forte transpiration favorise la prolifération bactérienne. Selon l’origine de la pathologie (hormonale, neurologique, médicamenteuse, etc.), une prise en charge adaptée peut être proposée par un dermatologue.
Une verrue: Les verrues sont des désagréments fréquents, en particulier au niveau des pieds. Elles s’attrapent au contact d’un virus de la famille des papillomavirus. Disgracieuses et contagieuses, elles peuvent aussi, selon leur localisation, être douloureuses. Pour les faire disparaître, il existe plusieurs solutions locales, disponibles en pharmacie sans ordonnance. Face à des verrues multiples ou persistantes, la consultation d’un professionnel de santé est recommandée.
Un hallux valgus: Une déformation du pied doit impérativement être surveillée. Souvent, la déviation du gros orteil vers l’intérieur est le signe d’un hallux valgus. Cette pathologie touche près d’une personne sur quatre. Au début non douloureux, lorsque l’hallux valgus progresse, il peut entraîner une gêne, des problèmes de posture et des douleurs. Pour freiner son évolution et apporter plus de confort, utiliser des semelles spécifiques ou des attelles et privilégier les chaussures à bout large peut s’avérer utile.
Mais encore… Enfin, attention à ne pas banaliser certains autres désagréments fréquents, tels que les démangeaisons ou les mauvaises odeurs. En effet, les pieds sont colonisés par une multitude de bactéries, dont la prolifération est favorisée par l’humidité. Les chaussures en plastique ou les fibres synthétiques des chaussettes peuvent être à l’origine de la mauvaise odeur des pieds. Mais ces odeurs ou des démangeaisons peuvent aussi être liées à une lésion infectée ou une mycose.
Prévenir plutôt que guérir…
Pour prévenir ces problèmes, quelques conseils simples sont à suivre. Tout d’abord, veiller à garder une bonne hygiène des pieds, en les lavant quotidiennement et en séchant bien l’espace entre les orteils. Il est également important de ne pas laisser le dessèchement s’installer, en crémant bien les pieds secs. Enfin, il est recommandé de couper ses ongles correctement, ni trop courts, ni trop longs. «L’entretien préventif peut être fait chez un podologue, professionnel qualifié pour les soins de confort mais aussi pour la détection et le traitement de problèmes plus sérieux», rappelle Mathilde Galy.
Au niveau des ongles, pour éviter d’endommager leur structure complexe, la pose de vernis semi-permanent est à utiliser avec modération. Au-delà de l’aspect cancérigène des lampes à UV utilisées pour ces soins, les vernis semi-permanents sont posés en couches épaisses après une préparation abrasive qui fragilise l’ongle. «On a souvent des surprises désagréables en enlevant ces vernis après plusieurs semaines, comme des mycoses ou une courbure de l’ongle déformée», note la podologue.
Diabète, chimiothérapie… des pieds vulnérables
Certains médicaments ou maladies peuvent altérer la qualité nerveuse ou la sensibilité des extrémités. Chez les personnes diabétiques par exemple, une diminution de la sensibilité des membres inférieurs peut s’installer avec le temps, si le diabète est mal contrôlé. Cela peut mener à une déformation du pied, voire à des ulcères, qui surviennent chez environ une personne diabétique sur cinq. Dans les cas les plus graves, si le problème n’est pas traité à temps, une infection et une atteinte osseuse peuvent nécessiter une amputation. «Un dépistage et une prise en charge précoce de ces complications peuvent éviter cette issue, souligne Mathilde Galy, podologue à la Clinique spécialisée Poderm, à Genève. En tant que pédicures-podologues, nous avons un rôle très important dans le parcours thérapeutique du patient diabétique, que l’on pourra réorienter selon ce qu’on observe.»
Certains traitements de chimiothérapie ont aussi tendance à entraîner des manifestations désagréables au niveau des pieds et des mains, comme une perte de sensibilité, des fourmillements, des douleurs, des gonflements, une inflammation autour de l’ongle, des gerçures ou encore des ulcères. Douloureux et pouvant handicaper le quotidien des personnes concernées, ce «syndrome main-pied» peut être soulagé avec des soins spécifiques et disparaît généralement à l’arrêt du traitement.
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Paru dans le hors-série «Votre santé», La Côte/Le Nouvelliste, Novembre 2023.