J’ai des crampes, dois-je m’inquiéter?
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1 femme enceinte sur 3 est concernée par des crampes musculaires lors du troisième trimestre.
Dans la plupart des cas, les crampes musculaires sont totalement bénignes. Elles ont cependant tendance à s’accentuer lorsque l’âge avance et nécessitent parfois des examens complémentaires pour exclure une maladie sous-jacente.
Une crampe, c’est quoi?
La douleur est puissante, comme si on vous pinçait durant quelques minutes le muscle du mollet ou du pied… c’est une crampe. Il s’agit d’une contraction brutale et involontaire d’un muscle – le plus souvent des membres inférieurs – provoquant une douleur qui peut être calmée, voire interrompue, par l’étirement de la zone concernée.
Les causes de sa survenue restent en partie mystérieuses. La plus vraisemblable est une pression exercée sur les terminaisons nerveuses du muscle liée à un déséquilibre des concentrations d’électrolytes, en particulier des sels minéraux (calcium, magnésium, potassium) nécessaires au bon fonctionnement des cellules. Une autre hypothèse évoque un dysfonctionnement au niveau des neurones de la moelle épinière.
Les crampes nocturnes
Quand consulter?
Si les crampes musculaires sont fréquentes, de plus en plus invalidantes ou touchent des zones musculaires inhabituelles telles que le visage, les bras ou encore le tronc, il est recommandé de consulter son médecin traitant dans un premier temps. Celui-ci pourra recommander des examens complémentaires, comme un bilan biologique ou radiologique, ou adresser à un neurologue si besoin. «Le caractère progressif de la survenue des crampes ou l’association avec d’autres symptômes, comme une faiblesse ou une perte de sensibilité du membre concerné, doivent amener à consulter un spécialisteafin de déceler, ou évincer, une maladie neurologique sous-jacente», précise le Dr Damien Fayolle, médecin chef de clinique au Service de neurologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
Fréquentes chez l’adulte, les crampes qui surviennent la nuit au niveau des pieds ou des mollets sont bénignes. Elles peuvent néanmoins altérer fortement la qualité du sommeil lorsqu’elles surviennent régulièrement. «Il semble que ces crampes augmentent en fréquence avec l’âge, constate le Dr Damien Fayolle, médecin chef de clinique au Service de neurologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Cela est peut-être dû à différentes raisons comme des carences, un manque d’hydratation ou encore une perte "physiologique" de neurones moteurs.» Rarement, elles peuvent être le symptôme de certaines pathologies (lire plus loin).
La crampe du sportif
Pendant ou après un effort physique intense surviennent parfois des crampes douloureuses, au niveau des jambes, voire des muscles abdominaux. Elles sont majorées par une forte chaleur et peuvent être liées à une déshydratation ou une perte en minéraux dues à une transpiration excessive. Elles sont donc fréquentes chez le sportif, mais aussi chez les personnes qui travaillent en extérieur et produisent d’intenses efforts physiques. Lorsque ces crampes apparaissent, il est donc conseillé de stopper l’activité, de se mettre à l’ombre, s’étirer et s’hydrater correctement, pour les faire passer au plus vite.
Les crampes de grossesse
Les femmes enceintes sont davantage exposées aux crampes, en particulier lors du troisième trimestre de grossesse. Elles seraient ainsi 30% à en souffrir. Une prédisposition qui s’explique par les changements locaux survenant durant cette période. «Le phénomène de rétention d’eau et l’augmentation de l’élasticité des tissus semblent favoriser l’apparition de crampes, explique Damien Fayolle. Mais celles-ci disparaissent après l’accouchement.»
… et les autres causes
Certains médicaments peuvent provoquer des crampes musculaires, comme les antihypertenseurs (diurétiques, anticalciques), les bêta-agonistes (traitement de l’asthme) ou encore les statines (contre le mauvais cholestérol). Elles peuvent également être dues à des carences minérales (potassium, magnésium, sodium, calcium) ou en vitamines (du groupe B et D), qui participent à la perte en électrolytes au niveau des muscles.
Dans de rares cas, les crampes peuvent être dues à des troubles neurologiques (maladies du motoneurone, neuropathies, radiculopathies, etc.), endocriniens (hypothyroïdie), métaboliques (cirrhose) ou vasculaires (insuffisance artérielle ou veineuse). «Qu’on se rassure, des crampes musculaires ordinaires n’indiquent que très rarement une pathologie plus grave, relève Damien Fayolle. Mais si elles deviennent très invalidantes au quotidien, une discussion avec son médecin généraliste est recommandée pour explorer ces pistes.»
Quelques astuces anti-crampes
Oubliez les remèdes de grand-mère comme le savon de Marseille au fond du lit ou le vinaigre de cidre, qui n’ont pas démontré leur efficacité sur les crampes d’un point de vue scientifique. Quelques mesures peuvent cependant limiter l’apparition ou l’intensité des douleurs.
- S’étirer: en soulageant la tension de la terminaison musculaire du muscle endolori, l’étirement aide à soulager la crampe sur le moment. Des études ont montré que pratiquer dix minutes de stretching quotidien serait efficace pour prévenir l’apparition des crampes nocturnes bénignes.
- Se complémenter en vitamines et minéraux: en cas de carence avérée en magnésium, calcium, potassium ou vitamines, un substitut peut s’avérer nécessaire, tout comme la mise en place d’une alimentation riche en fruits et légumes.
- S’hydrater: une bonne hydratation est essentielle et permet de prévenir l’apparition de crampes. Les personnes pratiquant une activité sportive peuvent combler la perte d’électrolytes de leur organisme par l’utilisation d’une boisson enrichie en sels minéraux.
- Éviter l’alcool et la caféine: ces substances favorisent la perte d’eau et de minéraux, et donc la survenue des crampes.
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Paru dans Le Matin Dimanche le 17/07/2022