Maskné: comment se débarrasser des boutons liés au port du masque?

Dernière mise à jour 28/06/21 | Article
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Depuis quelques mois votre acné s’est soudain accentuée? Pas de panique, il se pourrait que votre peau réagisse simplement au port prolongé du masque, imposé par les mesures sanitaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

55%

Selon une étude1 menée durant l’épidémie de Covid-19, des effets cutanés indésirables auraient été constatés chez 55% des personnes interrogées. Le symptôme le plus fréquemment décrit est l’acné (chez 40% de la population), suivi des éruptions cutanées (18%) et des démangeaisons (16%). Ces désagréments ont été davantage observés chez les individus utilisant un masque chirurgical que chez ceux utilisant un masque en tissu.

C'est un phénomène tout nouveau mais déjà baptisé : le «maskné», contraction des mots «mask» (« masque » en français) et «acné». Comme il n’est pas question pour l’instant de vivre sans masque, tâchons plutôt de comprendre le mécanisme d’apparition de ces boutons pour trouver des solutions adaptées.

Chaleur et humidité

Vous l’avez probablement constaté, lorsque vous portez un masque, la zone couverte devient plus humide et se réchauffe. C’est d’ailleurs le signe que le masque joue bien son rôle occlusif et qu’il limite donc la diffusion de gouttelettes et d’aérosols. Mais sur le nez ou le menton, parties riches en glandes sébacées, la chaleur et l’humidité peuvent provoquer une modification de la flore cutanée. Elle se traduit par la prolifération de levures et bactéries en surface, naturellement présentes sur l’épiderme, et l’apparition de problèmes cutanés. Acné (points noirs, microkystes blancs, pustules ou papules) et dermite séborrhéique (poussée de plaques grasses et jaunâtres dues à la présence en excès d’une levure) sont les deux principaux désagréments constatés. Selon une vaste étude[1], des démangeaisons et des rougeurs peuvent aussi en résulter. «Le frottement du masque sur le visage peut également favoriser ou aggraver un eczéma ou d’autres types de maladies, par exemple un pemphigus vulgaire», ajoute le Dr Olivier Gaide, médecin adjoint au Service de dermatologie et vénéréologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

Peu d’allergies

Les allergies spécifiquement dues au masque semblent assez rares. «Les molécules des masques jetables en cellulose – de longues chaînes de polymères – sont peu mobiles et ne pénètrent pas dans la peau, explique Olivier Gaide. On peut cependant se poser la question pour les masques colorés qui utilisent d’autres substances potentiellement allergisantes.»

Certains cas d’allergies ont été relevés chez les professionnels utilisant des masques composés de néoprène, un latex de synthèse, de formaldéhyde ou encore de thiurame, un produit qui se trouve dans les boucles auriculaires de certains modèles. «Quelques cas de dermatites de contact ont également été relevés au niveau de l’arête du nez chez les personnes utilisant des masques N95 ou FFP2, ajoute le dermatologue. Cela est lié à la composition de l’éponge positionnée sur la partie métallique du masque.»

Des terrains vulnérables

Si les problèmes cutanés ou les allergies liées au port prolongé du masque restent très rares, en revanche, en cas de maladie de peau préexistante, l’occlusion ou le frottement peuvent jouer un rôle aggravant. Par exemple, chez les personnes touchées par une dermatite séborrhéique ou encore chez les adolescents, particulièrement concernés par l’acné. Mais attention à ne pas tout mettre sur le dos du masque. Dans l’apparition de l’acné, plusieurs facteurs entrent en cause, dont certains encore mal connus. Le stress et l’alimentation semblent en effet jouer un rôle dans l’aggravation du phénomène. La crise sanitaire s’est révélée particulièrement stressante pour de nombreux jeunes et a parfois mené à une modification du régime alimentaire. «Le contexte dans son ensemble peut avoir une part de responsabilité dans l’aggravation de l’acné chez des personnes déjà concernées à la base», conclut le Dr Gaide.

Comment y remédier

Pour minimiser le risque de réaction de la peau, deux grands principes doivent être respectés. Le premier: bien entretenir ses masques. Portés plusieurs heures, ces derniers se salissent et se chargent d’humidité. Il est donc impératif de les remplacer fréquemment ou de les laver quotidiennement puis les laisser sécher pendant plusieurs jours. «Il est aussi déconseillé de plier un masque après utilisation et de le laisser dans un sac plastique, prévient le spécialiste du CHUV. Il faudra plutôt le mettre dans un sac en coton à travers lequel l’humidité peut s’échapper.»

Deuxième conseil: nettoyer quotidiennement le visage avec un produit adapté au type de peau. «Pour les personnes qui rencontrent déjà des problèmes de peau, il faudrait éviter de porter du maquillage trop couvrant, recommande le dermatologue. Car après quelques jours, le masque sera obstrué par une partie des produits appliqués sur la peau, ce qui accentue l’obstruction des pores.»

Si malgré tous ces conseils, votre peau ne retrouve pas sa beauté éclatante, nous ne pouvons que vous conseiller de consulter un dermatologue qui saura vous proposer des solutions personnalisées.

Enfin, gardez en tête que même s’il y a de fortes chances pour que vos petits boutons disparaissent dès la pandémie envolée (le plus rapidement possible, on l’espère), d’autres facteurs ne manqueront pas de venir mettre des bâtons dans les roues de votre santé dermatologique. «Pollution, tabac, mauvaise alimentation, soleil, sont autant de facteurs délétères pour la peau, note Olivier Gaide. Le masque n’a finalement qu’un rôle minime dans l’aggravation de l’acné. Ce n’est absolument pas un problème de santé publique.»

Abus de certificats de complaisance?

Une personne présentant une pathologie dermatologique peut-elle être exemptée de masque? Pour le Dr Olivier Gaide, médecin adjoint au Service de dermatologie et vénéréologie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), ce motif n’est que rarement justifié: «En cas de maladie cutanée ou de plaie au visage nécessitant un temps de cicatrisation par exemple, il faut éviter de porter le masque longtemps, mais ce n’est pas une raison suffisante pour s’exposer au risque d’attraper le virus responsable du Covid.»

Avec l’apparition des mesures barrières, certains médecins ont  pu délivrer à leurs patients une dérogation sous forme d’«attestation d’exemption au port du masque». Ce document ne peut néanmoins pas être donné à n’importe qui et est soumis à des conditions strictes (handicap moteur, autisme, personnes malentendantes, etc.).

La question se pose également chez les personnes atteintes d’insuffisance respiratoire (BPCO, pneumopathie, asthme, etc.). Les études menées jusqu’à présent ne mettent pas en avant des troubles pulmonaires ni d’apports insuffisants en oxygène liés au port du masque chirurgical. «Dans la majorité des cas, le patient présente une intolérance, voire une gêne relative de la ventilation, précise le Dr Alain Bigin Younossian, médecin-chef au Service de pneumologie de l’Hôpital de La Tour. Mais cela ne peut justifier une dispense systématique du port du masque. La balance bénéfice/risque chez ces patients vulnérables, pour qui le Covid pourrait avoir des répercussions extrêmement graves, penche donc clairement en faveur du port du masque.»

Pourtant, certains médecins sont aujourd’hui critiqués pour la délivrance non justifiée de certificats «de complaisance». Dans un récent communiqué, l’OFSP a donc tenu à rappeler à tous – patients comme médecins – que «l’exemption de l’obligation de porter un masque ne résulte pas d’une évaluation personnelle, mais de raisons médicales» et rappelle que «la falsification ou la délivrance abusive d’un tel document est punissable par la loi».

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Paru dans Le Matin Dimanche le 20/06/2021.

[1] Leelawadee Techasatian, et al. The rffects of the face mask on the skin underneath: A prospective survey during the COVID-19 pandemic. Journal of Primary care and community health, 2020.

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