La rentrée, ça se prépare!

Dernière mise à jour 23/08/23 | Article
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Il est temps de laisser tongs et maillot de bain pour réenfiler chaussures et cartable. L’heure de la rentrée est là pour les écoliers de Suisse romande. Mais pour que ce moment qui marque la fin des vacances ne s’apparente pas à une échéance redoutée, il est important de bien le préparer.

Bien que la date de la rentrée diffère selon les cantons, les élèves suisses ont tous pu profiter d’une bonne coupure estivale. Des vacances nécessaires pour recharger les batteries, profiter de moments en famille ou entre amis, et se reposer afin de réattaquer plus sereinement une nouvelle année d’apprentissages. «Les vacances d’été ont de nombreux intérêts pour l’enfant, explique le Dr Dante Trojan, pédopsychiatre aux Hôpitaux universitaires de Genève. Elles représentent un moment de pause après le rythme parfois stressant du quotidien pendant l’année, où l’enfant est soumis à la vie en communauté, au bruit, aux horaires stricts…». Prendre le temps de faire d’autres activités, ou même de ne «rien» faire, apparaît ainsi comme une bouffée d’oxygène qui vient briser la routine. Même ce que l’on appelle «l’ennui» est, à juste dose, positif pour l’enfant, car il stimule l’imaginaire et la créativité.

Mélissa, maman de Louise, 10 ans, et Manon, 6 ans

«Faire de cette journée une fête»

«J’ai gardé des souvenirs très joyeux de toutes mes rentrées scolaires: un mélange d’excitation de retrouver mes amis et le petit frisson de la nouveauté. J’ai voulu recréer ces sensations pour mes enfants, dès leur première rentrée. Chaque année, on essaye de faire de ce jour un moment de fête, avec ses rituels. La veille, on prévoit une soirée détente avec jeux de société et, bien sûr, on prend le temps de préparer la tenue du lendemain. Le jour J, on se lève tôt et on partage un riche petit-déjeuner en famille, avant la traditionnelle séance photo devant la porte de la maison avec les cartables tout neufs. Ensuite, direction l’école, chacune de mes filles avec un petit bouquet du jardin pour son professeur. Et le soir, quand elles rentrent, elles retrouvent toujours un petit livre déposé sur leur lit. J’en fais peut-être trop, mais je tiens à ce que cette journée donne le ton de l’année qui va s’écouler.»

Par ailleurs, les vacances sont aussi l’occasion de récupérer d’une dette en sommeil accumulée durant l’année. Rappelons que dormir est essentiel pour le bon développement du cerveau et qu’un enfant de 5 ans a besoin d’environ 11 heures de sommeil par nuit (contre entre 9 et 11 heures pour les 6-13 ans). Les vacances, synonyme de siestes et de grasses matinées, sont donc de ce point de vue aussi souvent bénéfiques, à condition de respecter le rythme de chaque enfant, notamment en ne décalant pas trop ses heures de lever et de coucher. 

Pour ou contre les cahiers de vacances?

Difficile de répondre à cette question. Les spécialistes de l’enfance ne sont d’ailleurs pas tous d’accord sur le sujet. Pour le Dr Trojan, il faut s’adapter à chacun, sans asséner de règle générale. «Certains enfants ont besoin et envie d’être soutenus et de renforcer leurs apprentissages avec des cahiers d’activités. D’autres exprimeront au contraire le besoin de vraiment prendre de la distance. Ces supports éducatifs doivent donc être vus comme un "plus" potentiellement à disposition des enfants, sans pour autant devenir une contrainte ni pour eux, ni pour leurs parents.» 

Réinstaurer un cadre

Pour que le rythme soit repris en douceur, il est conseillé de retrouver les horaires du quotidien quelques jours avant la rentrée. Se coucher et se réveiller plus tôt, prendre les repas à heures fixes et calées sur celles de l’école, favoriser des activités nécessitant calme et concentration… sont des habitudes à réinstaurer. L’échéance de la rentrée doit aussi être évoquée, en rappelant au bon souvenir de l’enfant ses camarades de classe, ses enseignants ou encore en achetant avec lui les affaires nécessaires à la reprise. «Petit à petit, on remet ainsi l’école dans la tête de l’enfant, ce qui peut le préparer à y retourner», explique le pédopsychiatre. 

Rentrée J-1: rassurer et écouter

Certains écoliers présentent parfois une importante anxiété à l’approche de la rentrée et ce, quel que soit l’âge. De la même façon qu’un adulte peut avoir du mal à s’endormir avant un rendez-vous professionnel important, la veille de la rentrée est souvent un moment difficile pour l’enfant. À l’heure de se coucher, il se peut qu’une décharge d’émotions sous forme d’agitation, de tristesse, de questionnements survienne. Cette peur de la reprise de l’écolepeut traduire une angoisse de la séparation ou encore une peur de l’inconnu. Il sera alors important de laisser l’enfant exprimer ces sentiments et le rassurer, en lui expliquant par exemple comment se dérouleront ses journées. 

C’est le jour J: Être à ses côtés

Le jour de la rentrée est là. Si cette habitude peut être difficile à conserver tout au long de l’année, un réveil un peu plus tôt afin de ne pas se presser est une bonne idée. Préparez à votre enfant un petit-déjeuner copieux avec des fruits, céréales, œufs, fromage… ce moment du repas étant aussi un moment d’échange. Si vous le pouvez, prenez le temps de l’accompagner à l’école et d’attendre qu’il soit prêt à entrer de lui-même dans la classe ou la cour. 

Chez les plus petits, au début de la scolarité, les angoisses au moment d’aller à l’école peuvent durer jusqu’à quelques semaines après la rentrée, avec parfois des épisodes de pleurs le matin ou le soir. «C’est normal et il n’y a pas lieu de s’inquiéter, souligne le Dr Trojan. Mais si les choses perdurent plusieurs mois ou si ces préoccupations impactent l’état général de l’enfant, comme son sommeil, son alimentation, son rapport aux autres, il peut être utile d’en parler avec l’équipe enseignante, le pédiatre, un psychothérapeute psychologue ou un pédopsychiatre.» 

Et le soir?

Prenez le temps de faire raconter sa journée à votre enfant, qu’il vous exprime ses sentiments, parle de ses activités, décrive son nouveau cadre scolaire… tout en lui rappelant bien que demain, on y retourne!

Comment reconnaître un refus scolaire?

Face à un enfant qui manifeste un refus au moment d’aller à l’école, il n’est pas facile pour les parents de distinguer une peur passagère commune d’une véritable phobie scolaire. Les professionnels de santé parlent d’ailleurs davantage de «refus scolaire», car cet état n’est pas simplement associé à une phobie, c’est-à-dire une peur, mais se présente plutôt comme le symptôme d’un état de mal-être plus profond. Le refus scolaire peut en effet être la conséquence de différents facteurs tels que des troubles psychiques ou de l’attention, une anxiété de la séparation, un épisode dépressif, ou encore résulter d’un harcèlement vécu à l’école. Se met alors en place une stratégie d’évitement, qui elle-même nourrit l’anxiété et isole petit à petit l’enfant. Face à une telle situation récurrente ou durable, les parents doivent réagir vite en se tournant vers l’équipe scolaire, le pédiatre ou encore un psychologue ou pédopsychiatre. Une prise en charge sur le plan psychothérapeutique est le plus souvent proposée et permet de retrouver rapidement le chemin de l’école.

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Paru dans Le Matin Dimanche le 20/08/2023

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