La méditation en pleine conscience pour la santé mentale des ados
Un tiers des jeunes adultes suisses souffrirait de symptômes dépressifs, selon un rapport de l’Observatoire suisse de la santé. L’adolescence est une phase charnière marquée par de nombreux bouleversements –changements physiques, modification des relations sociales avec éloignement de la famille, acquisition de l’autonomie, etc. C’est aussi un moment durant lequel la réactivité émotionnelle est importante, «ce qui en fait une période de grande vulnérabilité en termes de santé mentale, car c’est dès le début de l’adolescence que la plupart des maladies psychiatriques commencent à se déclarer», souligne Camille Piguet, médecin-chercheuse au département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE), qui pilote le projet primé par la Fondation Leenaards.
Remaniements du cerveau
Tout se joue dans le cerveau qui, à l’adolescence, est le siège de nombreux remaniements. «Entre 10 et 20 ans, la taille globale du cerveau n’augmente quasiment pas, précise la psychiatre. En revanche, certaines de ses régions continuent à se spécialiser». C’est notamment le cas des zones préfrontales, situées dans les parties les plus antérieures du cerveau, qui n’atteignent leur pleine maturité qu’à l’âge de 25 ans environ. Ces régions du cortex cérébral jouent un rôle important dans les mécanismes de l’anxiété, car elles sont fortement impliquées dans le contrôle des émotions. Ces dernières sont traitées par le circuit limbique. Constitué d’un ensemble de régions cérébrales renfermant notamment l’amygdale, il s’active automatiquement lorsque nous ressentons une forte émotion. Mais afin que nous ne soyons pas submergés par nos émois, son activité doit être régulée. Cela se fait «d’une part de façon implicite, sans que nous en prenions conscience, explique Camille Piguet, et d’autre part de manière plus consciente, notamment par un mécanisme qualifié de “réévaluation cognitive” qui nous permet par exemple de relativiser une émotion négative».
C’est à ce niveau que le cortex préfrontal intervient. Or, à l’adolescence, il n’a pas encore atteint sa pleine maturité. La tour de contrôle n’étant pas encore prête à assumer pleinement sa tâche, le circuit limbique prend alors le dessus. «C’est probablement l’origine de l’hyperréactivité émotionnelle que connaissent les adolescents», selon la médecin-chercheuse de l’UNIGE. Pour les jeunes les plus vulnérables, tout peut alors basculer.
Un effet clinique établi
La méditation en pleine conscience (lire encadré) pourrait agir sur la régulation automatique du système limbique, «car elle permet d’être plus conscient de ce qui se passe dans notre corps», précise Camille Piguet. Mais elle interviendrait surtout au niveau de la réévaluation cognitive, en apportant un certain détachement par rapport aux évènements déplaisants vécus. Cette méthode, déjà utilisée dans certains hôpitaux, «a un effet clinique établi dans la gestion des douleurs, du stress et de l’anxiété». Toutefois, il reste à élucider précisément ses mécanismes d’action et à savoir qui peut en bénéficier. Ce sont là les objectifs des recherches que vont entreprendre Camille Piguet et ses collègues, Paul Klauser (du Centre de neurosciences psychiatriques du Centre hospitalier universitaire vaudois et de l’Université de Lausanne) et Arnaud Merglen (du département de pédiatrie des Hôpitaux universitaires de Genève).
L’équipe pluridisciplinaire va faire appel à une soixantaine d’adolescents âgés de 13 à 15 ans présentant un niveau d’anxiété important, qui seront recrutés dans les consultations multidisciplinaires genevoise et lausannoise, ainsi qu’à d’autres jeunes qui constitueront le groupe contrôle. Les participants seront séparés, de manière aléatoire, en deux groupes. Le premier suivra un entraînement de méditation en pleine conscience pendant douze semaines, l’autre fera l’objet d’un suivi régulier.
Avant et après cette prise en charge, les jeunes seront examinés. «Ils répondront à des questionnaires destinés à évaluer divers symptômes psychiatriques mais aussi physiques, comme des douleurs, dont souffrent souvent les adolescents», précise Camille Piguet.
Observer le cerveau
Les chercheurs comptent en outre utiliser diverses techniques d’imagerie cérébrale pour observer l’activité du cerveau ainsi que son anatomie et la connectivité de ses régions. Ils auront par ailleurs recours à l’imagerie spectroscopique afin de mesurer les métabolites (notamment le glutamate, reflet de l’activité excitatrice) qui se forment dans le cerveau. Ces différentes techniques d’imagerie permettront de voir si la méditation en pleine conscience induit des modifications dans la structure et le fonctionnement du cerveau et, si oui, lesquelles.
S’il s’avère que cette méthode permet effectivement aux ados d’acquérir une stratégie efficace pour gérer leurs émotions et surmonter leur anxiété, elle pourra offrir un complément intéressant aux thérapies classiques (médicamenteuses et psychothérapeutiques).
Se concentrer sur le moment présent
«Je vous invite à vous asseoir, à fermer les yeux et à diriger votre attention sur vos pieds et sur les zones de contact de vos pieds avec le sol»*. Aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), Arnaud Merglen, médecin-adjoint au service de pédiatrie générale, utilise déjà la méditation en pleine conscience pour traiter des adolescents anxieux.
Cette méthode consiste à entraîner son esprit à se concentrer sur le moment présent. À se focaliser sur ses sensations, sa respiration ou une partie de son corps, en laissant aller ses pensées sans émettre de jugement de valeur.
Pour certains adolescents, c’est efficace, comme en témoigne une jeune fille qui a suivi un entraînement de méditation en pleine conscience aux HUG: «Des fois, ça m’arrive d’avoir des sautes d’humeur. Alors je pense à ce que j’ai travaillé pendant les séances de méditation et je me calme, je respire, et ça passe. Je me sens bien. Je me sens calme et sereine»*.
* Extrait d’une vidéo présentée lors de la remise des Prix Leenaards.
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Paru dans Planète Santé magazine N° 31 - Octobre 2018
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L’acné est une maladie du follicule sébacé formé par la glande sébacée et le poil. À la puberté, la glande sébacée sécrète du sébum en excès et trop épais, ce qui obstrue son orifice. C’est ce qui s’appelle la séborrhée. Cela provoque alors des comédons ouverts –les fameux points noirs– et des microkystes blancs, aussi appelés comédons fermés. Apparaissent également des pustules et des papules qui sont des petits boutons fermes et lisses.