L’impact de notre personnalité sur la maladie
Tomber malade affecte notre corps, notre bien-être physique et psychique. Quand elle s’installe, la maladie peut être ressentie comme une tragédie absurde. Il en va de même d’ailleurs pour le traitement et les soins qu’elle requiert. Il serait pourtant illusoire de penser que seul le corps interagit avec la maladie: notre personnalité joue elle aussi un rôle important, qu’elle s’adapte aux symptômes physiques ou qu’elle les déclenche. Selon les approches médicales, la personnalité peut même être considérée comme plus ou moins responsable de la survenue de la maladie.
La personnalité comme maladie
Une première approche issue de la médecine généraleconsidère la personnalité comme une maladie potentielle en elle-même, par exemple dans le cas d’un trouble de la personnalité. Souvent imbriqué à d’autres maladies psychiatriques, il est difficile de l’identifier et de définir une bonne prise en charge, les patients atteints de troubles de la personnalité refusant souvent de coopérer lorsqu’il s’agit de traiter leurs douleurs somatiques. Dans ce cas, une prise en charge psychothérapeutique en parallèle des traitements est hautement recommandée.
La personnalité comme prédisposition
L’approche psychologique considère, elle, que la personnalité n’est pas pathologique mais dimensionnelle: les traits de notre personnalité (un ensemble de caractéristiques émotionnelles, d’attitudes et de comportements individuels, qui permettent de distinguer les individus entre eux) interagissent avec l’environnement; face à la maladie physique, ils s’adaptent et se transforment. En ce sens, ils peuvent prédisposer au développement et au maintien de certaines maladies.
Ainsi, plusieurs études suggèrent des liens entre des traits de personnalité et des pathologies. Les personnes introverties et pessimistes seraient par exemple plus vulnérables face à la sclérose en plaques; les personnes volontaires et en besoin de reconnaissance présenteraient davantage d’urticaires; les personnes peu consciencieuses seraient plus susceptibles de développer un diabète par manque de rigueur dans leur hygiène de vie, etc. Si ces données restent controversées, il est en revanche reconnu que certains facteurs psychologiques comme le stress jouent un rôle dans la survenue de l’hypertension artérielle, l’asthme, les ulcères, les allergies, les maladies du côlon, de la peau et auto-immunes. Cela serait dû aux stratégies de coping des patients, aux efforts cognitifs et comportementaux qu’ils mettent en place pour maîtriser, réduire ou supporter leur niveau de stress.
La personnalité révélée par la maladie
Une troisième approche, psychothérapeutique, envisage la maladie comme une opportunité qui change et révèle la personnalité, et qui permet donc de se redécouvrir soi-même. Le symptôme physique devient l’occasion d’analyser ses émotions et ses pensées et de mobiliser ses propres ressources face à l’adversité.
Le counseling psychologique, proposé à l’hôpital par des psychothérapeutes de liaison, aide le patient à dépasser les moments de crise et la survenue des symptômes somatiques. Par l’échange et la parole, il est amené à construire quelque chose de nouveau suite au choc de la nouvelle de la maladie et à se reconnecter à son fonctionnement interne. Plutôt qu’une expérience à endurer, stigmatisée et douloureuse, la maladie devient le lieu d’une expérience et de la guérison du psychisme.
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* Adapté de «Personnalité et maladie physique: risque ou opportunité?», K. Weber et L. Leardini, Service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise, Département de santé mentale et psychiatrie, HUG. In Revue Médicale Suisse 2016 ; 12 : 306-8.