Des thérapies pour chasser l’angoisse
«Je ne suis pas à la hauteur», «J’ai peur de prendre la parole en public», «Je me sens mal dans la foule»… Nombreuses sont les angoisses qui, au quotidien, peuvent nous empêcher d’avancer, voire nous paralyser. Pour sortir du cercle vicieux, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) se montrent particulièrement efficaces, jusqu’à 70% des troubles anxieux pouvant ainsi être résolus. «Cette psychothérapie, qui s’appuie sur “l’ici et maintenant”, propose une réponse concrète aux distorsions cognitives, c’est-à-dire aux interprétations erronées de situations externes. Et ce, par l’assouplissement des schémas de pensées inadaptées et de leur application dans “la vie réelle”», explique le Pr Guido Bondolfi, spécialiste des troubles anxieux et médecin-chef du service de psychiatrie de liaison et d’intervention de crise aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). Un cheminement de quelques mois qui se fait en étroite collaboration avec le thérapeute, à la fois guide et partenaire du travail qu’accomplira le patient entre les séances.
Déconstruire les schémas
«Il y a plusieurs années, je me suis mise à avoir des crises de panique dans l’avion. Je suis pourtant quelqu’un de très indépendant, rationnel, et je voyage beaucoup dans le cadre de mon travail. Mais cela s’est ensuite propagé à tous les transports, train, bus, tram… puis à tous les lieux. Même chez moi, j’avais peur d’avoir peur, et je ne comprenais pas. J’ai dû retourner chez mes parents pour un temps, j’étais alors dans un état catastrophique», raconte Stéphanie*, 30 ans. Finalement orientée vers un spécialiste, la jeune femme entreprend une psychothérapie cognitive et comportementale. «Nous avons commencé par identifier ensemble les pensées automatiques en décrivant les situations angoissantes, et en repérant les symptômes physiques.» A l’aide de grilles d’autoévaluation, pensées, émotions et comportements sont alors décryptés, évalués par le patient. «Il s’agit en fait de permettre à la personne de prendre conscience de ses schémas cognitifs dysfonctionnels: confronter ces croyances –souvent disproportionnées– à la réalité des faits afin de les assouplir et de pouvoir formuler des options alternatives de penser ou d’agir», précise le Pr Bondolfi.
De la pensée à l’action
Agir et se confronter… C’est précisément lors d’expositions in vivo dans des contextes «à risque» pour le patient que le travail comportemental commence. Des mises en situation progressives au cours desquelles sont appliqués les exercices de restructuration cognitive. «J’ai d’abord pris le tram, toujours très stressée. Pour faire baisser l’anxiété, j’ai notamment appris à contrôler ma respiration. Il m’a surtout fallu relativiser, me répéter que je ne risquais pas de mourir… L’objectif premier consistait à regagner, petit à petit, du terrain sur l’angoisse. Nous avons donc établi un programme d’expositions tout en analysant, au fil des séances hebdomadaires, les résultats obtenus», se souvient Stéphanie. Lors de l’exposition, l’un des principaux écueils est bien sûr l’évitement. Face à cela, la stratégie de décentration, par la focalisation de l’attention sur la situation vécue et le moment présent, est l’un des ressorts principaux dans la gestion du stress. Et c’est aussi l’un des principes fondamentaux d’autres méthodes comme la méditation de pleine conscience (ou mindfulness) et le yoga.
«Après les pensées noires, j’ai retrouvé en quelques mois une nouvelle envie de vivre. Je peux dire que les TCC m’ont guérie, et même enrichie. Aujourd’hui, cela m’aide à relativiser, à calmer mon anxiété et à résoudre des conflits dans bien d’autres domaines (relations de couple, professionnelles, etc.). Prendre le temps d’analyser ses pensées, ses réactions, ses émotions, permet de mieux appréhender un événement», témoigne la jeune femme. Comme elle, trois patients sur quatre constatent une nette amélioration de leurs symptômes après un traitement par TCC. Prescrit en cas d’angoisses et de phobies, son efficacité est également reconnue dans d’autres troubles psychologiques tels qu’addictions, dépression, TOC ou troubles alimentaires.
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* Prénom d’emprunt.
Article repris du site pulsations.swiss
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Anxiété
L'anxiété est un sentiment de tension interne. Normale dans certaines situations, elle peut aussi révéler des maladies ou devenir gênante au quotidien.