«Je suis une incorrigible optimiste»
Biographie
1965 Naissance à Sao Paulo, Brésil.
1989 Docteure en médecine, Université Fédérale de Sao Paulo, Brésil.
2002 Doctorat en Sciences (PhD) en Biologie du vieillissement, Université Jussieu, Paris, France.
2007 Médecin adjointe agrégée au Service de gériatrie des HUG.
2015 Titre FMH de formation post-graduée approfondie en gériatrie.
Depuis avril 2018 Médecin-cheffe du Service de médecine interne de l’âgé des HUG.
Elle garde de son grand-père maternel un souvenir ému et les racines de sa vocation de gériatre. «Sentant les prémices du drame historique qui allait survenir, mon grand-père a quitté sa Pologne natale pour le Brésil, en 1932, sauvant avec lui une partie de la famille. Ceux qui sont restés ont péri, confie Dina Zekry. C’était un homme extraordinaire… Son courage m’a inspirée.» Et puis il y a eu son père, quittant le Maroc de son enfance pour tenter une vie nouvelle et embrasser à 40 ans passés la carrière d’avocat. Celle qui est aujourd’hui cheffe du Service de médecine interne de l’âgé des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) voit ainsi le jour au Brésil, dans un tourbillon familial opposant aux affres de l’existence une fougue qui ne la quittera plus.
Un enjeu de taille
A l’âge des premiers rêves, elle l’assure à son pédiatre : elle deviendra médecin. Les années passent et c’est chose faite. Mais quand ses camarades de promotion envisagent une carrière américaine, c’est vers l’Europe qu’elle ressent le besoin de s’envoler. Elle passe cinq ans aux Hôpitaux de Paris où elle devient gériatre et se passionne pour la neurologie. S’ensuivent les étapes d’une carrière mêlant activité clinique, projets de recherche et formations, jusqu’à obtenir un CV des plus impressionnants, et toujours en cours d’expansion. «Mon frère s’en amuse et me demande quand je vais me "poser". Jamais, je pense! sourit celle qui est aussi mère de trois enfants et passionnée de jazz. A aucun moment dans la vie on ne peut se dire que l’on sait tout et que l’on peut s’arrêter là.» Et d’ajouter: «La population vieillit à un rythme impressionnant: en dix ans, la proportion de personnes âgées de 80 à 85 ans prises en charge aux HUG a doublé. L’enjeu est de taille pour aider à vivre le plus longtemps possible en bonne santé. Pour ces patients très âgés, une approche multidimensionnelle est nécessaire. Elle consiste à identifier les souhaits du patient et de ses proches, faire des examens ciblés et réfléchis, prendre les bonnes décisions thérapeutiques en tenant compte de la qualité de vie.»
Parmi les axes de recherche de la Pre Dina Zekry: les mécanismes inflammatoires en jeu dans la maladie d’Alzheimer, les alternatives aux mesures de contention, la prise en charge conjointe des troubles psychiques et physiques chez les sujets très âgés ou encore l’intégration optimisée des proches aidants.
Son équipe avant tout
Une liste doublée d’un nouveau défi depuis avril 2018: la responsabilité du Service de médecine interne de l’âgé. «L’un de mes mentors, le Pr Gabriel Gold, médecin-chef du Service de gériatrie, a dit un jour: "Être chef de service, c’est penser à son équipe avant tout". Et c’est en effet devenu central dans mon quotidien: je veille à ce que mes collaborateurs s’épanouissent autant que possible dans leur travail et évoluent dans leur carrière.»
Le danger: s’oublier soi-même. «C’est le risque, reconnaît-elle. Ce qui me sauve? Peut-être d’être quelqu’un d’organisé, doté d’un sens pratique, et d’avoir appris à déléguer, ce qui est essentiel. Bien sûr, il reste une marge de progression. Cela fait un an par exemple que j’essaye de réserver un jour dans la semaine pour ne faire que de la recherche et avancer sur des projets auxquels je tiens. Or il y a toujours une urgence qui vient bousculer l’agenda. Mais je ne désespère pas! Je suis tenace et une incorrigible optimiste.»
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Article repris du site pulsations.swiss