Une activité qui plaît sera stimulante pour la mémoire
On trouve, dans certains ouvrages et magazines, des exercices pour stimuler sa mémoire à court terme, qui consistent, par exemple, à mémoriser des listes. Qu’en pensez-vous?
De mon point de vue, ces exercices servent surtout à montrer aux lecteurs comment on procède pour évaluer les capacités mnésiques. Ils sont le reflet d’une méthode d’évaluation. Mais ils ne servent pas à booster sa mémoire. Néanmoins, exercer sa mémoire à court terme a ceci d’utile que ce type de mémoire, en se combinant avec d’autres, sert de base pour beaucoup d’activités cognitives complexes: comprendre un discours, garder le fil de sa pensée, etc.
S’il n’est pas nécessaire d’apprendre à mémoriser des listes de mots ou de chiffres, que peut-on faire?
Ce qui est recommandé, c’est de trouver des activités quotidiennes stimulantes et plaisantes. Typiquement, quelqu’un qui aime aller au théâtre devrait continuer à aller au théâtre. Si vous aimez les sudokus, faites des sudokus! S’il est vrai qu’il faut entraîner sa mémoire pour la préserver, il n’y a pas besoin de s’infliger des listes de chiffres ou de mots à apprendre par cœur. En tout cas, ce n’est pas le message que j’essaie de transmettre.
Quelle est votre approche?
Je m’intéresse à ce que les gens aiment faire, car une activité qui leur plaît sera forcément plus stimulante pour eux. En tout cas, c’est ainsi que je conçois la prévention. Si vous leur dites de faire des exercices alors qu’ils n’en ont pas envie, à mon avis, vous ne réussirez pas à atteindre un objectif de prévention. Prenez le cas d’une personne qui aime le tricot. Si vous lui donnez des listes à apprendre par cœur, non seulement elle ne va sans doute pas les apprendre, mais elle aura l’impression que ce qu’elle aime faire n’est pas bénéfique pour elle. Alors que la composante du plaisir est essentielle! Cela dit, si une personne ne pratique absolument aucun exercice physique par exemple, il est utile d’attirer son attention sur le fait que c’est important pour sa santé.
La pratique d’une activité physique est bénéfique pour la mémoire. Vous confirmez?
Tout à fait. Là encore, il ne s’agit pas de s’abonner par sentiment d’obligation à un centre de fitness pour y passer des heures, alors qu’on n’en tire pas du plaisir. La question est plutôt de savoir quel genre d’exercice physique vous attire et vous convient. De cette façon, vous agissez préventivement sur votre système cardiovasculaire en réduisant non seulement les risques d’accident cardiaque, mais aussi ceux de lésions cérébrales. Il faut savoir, par exemple, qu’il y a une grande offre d’activités physiques pour les seniors, comme des cours de rythmique, selon la méthode Jaques-Dalcroze, qui me paraît d’autant plus excellente qu’elle constitue en même temps une activité sociale. La rythmique Jaques-Dalcroze est une pédagogie active et musicale fondée sur le mouvement et l’interprétation corporelle des sons et des rythmes. La stimulation de la motricité globale permet de vivre son corps comme premier instrument de musique, celui par lequel la musicalité est ressentie et transmise. Les moments de partage sont très importants –se retrouver en famille, voir des amis, rencontrer des gens en général– et entretenir ces contacts compte tout autant. N’oublions pas non plus les effets bénéfiques d’une alimentation saine, de type méditerranéen, riche en antioxydants et en vitamines (B12, E et D, en particulier).
Vous préconisez donc une approche globale?
C’est ce qu’on a trouvé de mieux! Maintenir des activités cognitives, intellectuelles ou sociales, faire de l’exercice physique et adopter un régime alimentaire sain. Il y a toutefois un détail à ne pas oublier: avant toute chose, il convient de faire contrôler sa vision et son audition. Cela peut paraître un peu élémentaire, mais c’est fondamental, car la perte ou la diminution de l’un de ces sens provoque une baisse de stimulations avec un effet délétère sur la cognition et la mémoire en particulier.
Quel est le potentiel d’amélioration de la mémoire si l’on fait tout cela?
D’anciennes études prédisaient une épidémie de démences séniles en raison du vieillissement de la population. Or, force est de constater qu’il y a, aujourd’hui, moins de personnes qui portent ce diagnostic que ce que l’on pensait, bien que la population ait effectivement vieilli et que nous soyons plus nombreux. L’explication la plus solide est que le travail préventif porte vraiment ses fruits. Et ce qui est intéressant, c’est que les mesures de prévention non médicamenteuses –faire de l’exercice et manger sainement, par exemple– ne sont pas compliquées à mettre en place!
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Paru dans Générations, Hors-série «Tout savoir sur notre mémoire», Novembre 2016.
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