Troubles de la mémoire: n’oubliez pas votre médecin de famille!

Notre mémoire peut tomber malade. Si la maladie d’Alzheimer est la plus connue de toutes, les pathologies de la mémoire sont, en réalité, nombreuses. Face à des troubles préoccupants, repérés par le patient lui-même ou par son entourage, le médecin généraliste est habituellement le premier interlocuteur. Connaissant son patient, il pourra replacer ses plaintes dans son contexte de vie. La consultation auprès de son médecin de famille est une étape initiale qui pourra déboucher, si nécessaire, sur une prise en charge dans un centre spécialisé et sur des examens plus approfondis.
La mission du médecin est, en premier lieu, de déterminer si ces troubles viennent d’une pathologie de la mémoire ou si la cause est ailleurs. Par l’examen au cabinet médical et, au besoin, par des analyses de sang, il s’agira d’exclure tout autre facteur pouvant perturber les circuits de la mémoire: fatigue, surmenage, anxiété, dépression, situation de vie éprouvante, dérèglement de la thyroïde, problèmes cardiaques, consommation abusive d’alcool, de somnifères, d’anxiolytiques ou d’autres médicaments aux effets moins connus sur la mémoire (antivertigineux, antinauséeux, traitements contre les problèmes urinaires, etc.). Dans son anamnèse, le médecin interrogera son patient sur ses symptômes bien sûr, mais aussi sur son mode de vie et ses antécédents familiaux. Il cherchera également à évaluer l’impact des troubles de la mémoire sur son quotidien. A cet égard, le témoignage d’un proche lui sera utile pour lui donner des points de repère quant à l’autonomie du patient (usage des transports publics, du téléphone, gestion du budget, prise de médicaments, etc.).
Les tests
Il arrive que des examens plus approfondis soient nécessaires. Le généraliste orientera alors son patient vers un spécialiste de la mémoire pour un bilan cognitif. Dans de tels cas, la mémoire sera concrètement mise à l’épreuve. Les tests (lire encadré) visent à déterminer l’ampleur et la nature des troubles. Le spécialiste cherchera, par exemple, à savoir si les difficultés à retrouver des informations apparaissent dès l’entrée (ou «encodage») de l’information dans la mémoire ou à la sortie («récupération» de l’information apprise).
La suite de la prise en charge dépendra des résultats de ces premiers entretiens, examens et tests. Si le médecin est en mesure d’exclure une pathologie cérébrale, les investigations s’arrêtent là. Mais il peut juger utile de les poursuivre, et commandera, dans ce cas, de nouvelles analyses sanguines ainsi qu’une IRM, afin de déceler une éventuelle atrophie de certaines régions du cerveau, comme l’hippocampe (impliqué dans le processus de mémorisation et de codage spatiotemporel des souvenirs). Dans certains cas, une ponction lombaire sera réalisée pour rechercher des indices biochimiques concernant notamment la maladie d’Alzheimer.
Certaines pathologies de la mémoire sont faciles à diagnostiquer, c’est le cas du syndrome de Korsakoff, par son histoire, ses symptômes et l’aspect typique de l’IRM. Mais, pour certaines pathologies cognitives, c’est le contraire, notamment en ce qui concerne les pathologies du cerveau âgé dont fait partie la maladie d’Alzheimer. Ce genre de maladies est en effet complexe, car résultant d’une multitude de facteurs, génétiques et neurobiologiques. Aucun test unique n’est suffisant pour permettre le diagnostic qui est le fruit d’un faisceau d’indices résultant de différents examens.
Quand le diagnostic tombe
Si la maladie d’Alzheimer est finalement diagnostiquée, une prise en charge globale sera proposée: des traitements médicamenteux pour limiter les effets du déclin de l’activité neuronale, des entraînements cognitifs et un soutien global incluant les proches.
Les deux principales familles de médicaments a disposition sont les anticholinestérasiques –efficaces chez 50% des patients en ralentissant de deux ans les symptômes grâce à la stimulation des capacités de concentration– et la mémantine qui réduit les troubles du comportement souvent associés à la maladie.
Car la maladie d’Alzheimer, maladie chronique, obscurcit peu à peu la conscience de soi. Le travail pour la faire tolérer à celui qui en souffre est long et compliqué. Mais les consultations régulières sont là pour l’aider. La psychothérapie, les groupes de parole, la musicothérapie ou encore les cliniques de jour ont pour objectif d’aider la personne à préserver ses ressources, par exemple en l’aidant à mettre en place des stratégies pour mieux organiser sa vie, pour fixer des repères, afin de limiter les oublis. Les proches ne sont d’ailleurs pas délaissés. On les aide aussi à protéger leur équilibre psychologique, rudement mis à l’épreuve par la maladie.
Bien qu’aucun traitement ne permette de guérir la maladie d’Alzheimer, la prévention, le dépistage et la prise en charge précoces sont essentiels. Bien que trop souvent négligées, il s’agit actuellement des meilleures armes pour mieux maîtriser la maladie et éviter l’aggravation rapide des troubles, à l’origine d’un épuisement des proches.
Les tests de la mémoire
De nombreux tests de la mémoire existent. Parmi eux, le Mini Mental Test de Folstein. Il consiste notamment à tester l’orientation dans le temps (jour, date, mois, saison, année) et l’espace (lieux actuels), les capacités à mémoriser une liste de trois mots, à reproduire une figure sur papier, à exécuter des gestes du quotidien ou encore à faire des calculs mentaux. Un autre test est celui de l’horloge, surprenant par sa simplicité et son efficacité. Le patient doit dessiner une horloge, ses chiffres, puis tracer les aiguilles pour les faire correspondre à des heures données. D’apparence anodine, ce test mobilise pourtant une kyrielle de facultés qui, en cas de pathologies de la mémoire, révéleront des troubles précis en quelques secondes seulement.
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Paru dans Générations, Hors-série «Tout savoir sur notre mémoire», Novembre 2016.

La prévention est cruciale dans la maladie d’Alzheimer

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