Suis-je en train de perdre la mémoire?
ça vous est peut-être déjà arrivé. Une fois dans le parking, impossible de vous souvenir de l’endroit où vous avez garé votre voiture. Pas même moyen de vous rappeler de l’étage. Alors, Alzheimer? Probablement pas. Oublier certaines choses de temps en temps est tout à fait normal. Les spécialistes vous diront d’ailleurs que vous n’avez probablement rien oublié du tout, vous n’étiez simplement pas attentif au moment de quitter le parking.
Pourtant, à partir d’un certain âge, ces pertes de mémoire ont tendance à inquiéter. Alors comment savoir si c’est normal ou s’il s’agit d’un début de maladie? On vous aide à y voir plus clair.
Oublier, c’est souvent ne pas se concentrer
Comprendre pourquoi l’on oublie, c’est d’abord comprendre comment on se souvient. Le processus de mémorisation se déroule en trois étapes principales: l’encodage, la consolidation et la récupération. Lors de la première étape, le cerveau reçoit et encode l’information, il apprend en quelque sorte. Une fois l’information reçue, le cerveau pourra ensuite la stocker, la «ranger», pour pouvoir – et c’est la dernière étape – la récupérer au moment où il en aura besoin (voir notre galerie «Comment se fabriquent nos souvenir»).
Avant même de parler de perte de mémoire, il faut savoir que c’est souvent au niveau de l’encodage que cela «coince». Cette première phase est très influencée par le contexte: la qualité de l’encodage dépendra de nombreux facteurs et particulièrement de l’attention de la personne à ce moment-là. Manque d’attention, de concentration, surmenage, les parasites à un bon apprentissage peuvent être nombreux. Selon le Dr Gilles Allali, chef de clinique en neurologie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), la plupart des gens (environ 80 %) qui viennent consulter pour des problèmes de mémoire arrivent en fait avec une plainte d’attention. La distinction n’est pas toujours évidente à faire aux premiers abords, mais des tests simples permettent de faire la différence et, souvent, rassurer les patients par rapport au bon fonctionnement de leur mémoire.
Une fois le doigt mis sur un problème d’attention, il s’agira de l’expliquer et en comprendre la cause, poursuit le neurologue. Dépression, stress, anxiété, problèmes de sommeil (et notamment syndrome de l’apnée du sommeil), de nombreux facteurs peuvent expliquer un problème d’encodage. Des causes qui se soignent très bien dans la plupart des cas.
Le saviez-vous?
Les émotions influencent notre mémoire
On se souviendra avec précision de son premier baiser, d’un deuil, ou de ce que l’on faisait au moment où l’on a appris une terrible nouvelle. Au quotidien, «il y a un niveau de stress et d’émotions profitable à la mémoire. Sous l’effet de l’adrénaline tous nos sens sont en éveil, et la mémorisation est favorisée. Mais au-delà d’un certain seuil, l’effet inverse se produit: trop de stress parasite le processus complexe qui permet au cerveau de rappeler un souvenir», explique le Pr Frisoni, responsable de la consultation mémoire aux HUG.
D’un point de vue évolutif, ce lien semble avoir été plutôt utile. Se souvenir avec précision de ce qui nous a amenés dans une situation dangereuse (et donc qui a provoqué de la peur) pourra nous servir à l’avenir à éviter les situations qui pourraient nous mettre en danger. Il arrive à l’inverse que le traumatisme soit si violent qu’il vienne parasiter complètement notre mémoire, allant jusqu’à provoquer des amnésies. C’est toutefois relativement rare.
Alors petit test: et vous, où étiez-vous lorsque vous avez eu connaissance des attentats du 11 septembre? Il est à parier que vous vous en souvenez!