Comment se fabriquent nos souvenirs
La perception
Les mains sur le volant à dix heures dix, vous apprenez à conduire. Une situation dont vous vous souviendrez sans doute longtemps. Comment votre cerveau va-t-il transformer cette succession d’événements en souvenirs? A la base du processus, on trouve la perception. Sons, sensations physiques, choses vues ou odeurs: pour que nous nous souvenions de quelque chose, il faut l’avoir perçu ou pensé.
L'attention
Pour se souvenir, il faut également prêter attention à la sensation perçue. En effet, un nombre incalculable d’informations nous parvient sans que nous les enregistrions. Quand votre cerveau considère un stimulus, par exemple la pression sur votre pied de la pédale d’embrayage, celui-ci entre automatiquement dans la mémoire sensorielle. Mais cette mémoire s’évanouit en quelques secondes et l’on n’est généralement pas conscient de ce qu’elle contient.
La mémoire à court terme
Si notre conscience se porte sur une perception, on entre dans le domaine de la mémoire à court terme ou mémoire de travail. La mémoire de travail met à contribution la partie avant du cerveau (lobes frontal et pariétal). Cette fois-ci, la sensation ou l’information enregistrée est bien présente à notre esprit, pendant une minute au maximum. Et il est possible de manipuler ce contenu pour le comprendre, le répéter ou l’associer à d’autres souvenirs.
La mémoire à long terme
Après une minute, le contenu de la mémoire de travail s’estompe. Le souvenir peut alors être simplement oublié. Par contre, si on se le rappelle plusieurs fois, qu’on y réfléchit ou qu’on peut le relier à du savoir déjà acquis, il passera probablement dans la mémoire à long terme. Par exemple, l’apprenti conducteur finira par enregistrer la signification des panneaux de signalisation. Pour être fixée, l’information à retenir circule et recircule dans le système limbique, des structures logées à l’intérieur du cerveau. Plus le souvenir est rappelé, plus il se renforce. Parfois pour toute la vie.
Au bout de ce processus, les informations seront stockées dans trois types de mémoire à long terme: la mémoire épisodique, la mémoire sémantique et la mémoire implicite.
La mémoire épisodique
La mémoire épisodique vous permet de vous rappeler des événements que vous avez personnellement vécus. Elle est unique pour chaque individu. Quand on consulte un souvenir de ce type, on «s’y voit» faire les choses. C’est pourquoi cette mémoire est parfois appelée autobiographique. Elle pourrait par exemple contenir le souvenir de «la fois où j’ai eu la peur de ma vie en apprenant le démarrage en côte».
La mémoire sémantique
La mémoire sémantique emmagasine des données sur le monde, indépendantes de nos propres expériences. Un apprenti conducteur y stockera par exemple le principe du fonctionnement de la boîte de vitesses, même sans avoir vu ses rouages. Le sens des mots, les dates historiques ou les concepts appartiennent aussi à la mémoire sémantique.
La mémoire implicite ou procédurale
La mémoire dite implicite ou procédurale stocke un savoir-faire qu’on ne peut pas forcément expliquer. Faire du vélo est un bon exemple. Avec le temps, il peut devenir difficile d’expliquer certains de ces processus à autrui.