Injections anti-rides: la prudence s’impose
EXPERTS
Les implants permanents à proscrire
Il y a quelques années encore, des instituts de beauté et des centres de médecine esthétique suisses proposaient à leurs clients l’injection de produits de comblement des rides non résorbables. «Il pouvait s’agir de microbilles de silicone, de verre ou d’autres types de matériaux qui demeurent ensuite sous la peau définitivement», indique le docteur Wassim Raffoul, chef du service de chirurgie plastique et reconstructive au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). Avantage affiché de ce type d’injections: leur effet prolongé dans le temps. Cependant, dans une minorité de cas, ces implants entraînent des réactions de rejet appelées «granulomes», caractérisées par l’apparition de kystes et d’infections au visage. Ces effets secondaires peuvent survenir parfois plusieurs mois ou années après l’injection et sont difficiles à traiter. «Certaines personnes ont été défigurées à cause d’implants permanents», met en garde le médecin. Interdits en Suisse, ces produits peuvent toujours être trouvés à l’étranger, mais ne devraient pas être utilisés pour des applications cosmétiques.
La liposculpture
Egalement appelée «lipofilling» ou «lipostructure», cette technique esthétique consiste à prélever de la graisse dans une zone du corps où elle est excédentaire (par exemple le ventre ou les fesses) afin de la réinjecter dans une autre zone, à laquelle on souhaite redonner du volume. La liposculpture peut ainsi servir à remplir des joues ou des tempes creusées, ou à remodeler l’ovale du visage. Ce n’est en revanche pas la méthode la plus appropriée contre les rides superficielles. «Cette approche peut paraître invasive, mais elle a l’avantage d’être relativement durable», relève Wassim Raffoul. Une partie de la graisse injectée lors de la liposculpture va en effet rester en place de manière permanente, si bien que les injections n’ont pas besoin d’être répétées de manière systématique. Autre avantage de cette technique: puisque c’est leur propre graisse qui est injectée aux patients, il n’y a pas de risque de rejet.
Coût approximatif: 2000 à 2500 CHF environ.
L’injection PRP
Le «PRP» c’est un «plasma riche en plaquettes», soit la composante liquide de notre sang (le plasma) enrichi en petits éléments sanguins impliqués dans la coagulation (les plaquettes). Préparé en laboratoire à partir d’une prise de sang du patient, le PRP est ensuite utilisé en micro injections au niveau du visage ou du cou, afin de donner un effet de bonne mine et de diminuer les ridules. Comment cette action est-elle obtenue? «La préparation PRP sécrète des facteurs de croissance impliqués dans la régénération des tissus», explique le docteur Raffoul, qui précise que l’efficacité de ce type d’injection a été prouvée sur la cicatrisation, mais pas sur le vieillissement. L’injection PRP a en revanche l’avantage d’être naturelle et de ne pas entraîner d’effets secondaires. Encore peu répandue, elle ne peut être effectuée que dans des centres spécialisés, équipés pour préparer le plasma dans des conditions stériles.
Coût approximatif: autour de 1000 CHF.
Le botox
Derrière le terme «botox» se cache en fait la toxine botulique, une protéine extraite d’une bactérie qui est considérée comme un des poisons naturels les plus puissants. Cette toxine a en effet la capacité de bloquer la communication entre les cellules nerveuses, et d’entraîner ainsi des paralysies. La toxine botulique est utilisée à des fins cosmétiques depuis une quinzaine d’années, sous une forme purifiée et très diluée. «L’effet recherché est justement la paralysie des muscles qui se trouvent sous la peau, dont la contraction participe à la formation des rides», explique le docteur Wassim Raffoul. Souvent employé contre les rides du front et celles de la «patte-d’oie» (qui partent du coin de l’oeil), le botox a une action transitoire, qui dure de quatre à six mois. Les injections doivent donc être régulièrement répétées pour qui souhaite lutter contre ses rides sur le long terme. Outre la perte des expressions du visage, le principal risque lié à l’utilisation du botox est celui d’une diffusion du produit dans une zone anatomique non désirée. «Par exemple, une injection destinée à corriger les rides du front peut dans certains cas atteindre une paupière et la paralyser», illustre le docteur Raffoul. L’effet du botox étant passager, ces désagréments ne sont heureusement pas permanents. En revanche, la sûreté sur le long terme de ces injections n’a pas été évaluée.
Coût par séance: de 400 à 700 CHF environ.
L’acide hyaluronique
Contrairement au botox qui agit sur la musculature du visage, l’acide hyaluronique est un produit de comblement des rides, c’est-à-dire qu’il remplace la masse graisseuse sous cutanée, qui a tendance à disparaître avec l’âge. Il retient l’eau sous la peau comme le ferait une éponge et redonne du volume aux traits creusés. L’avantage de l’acide hyaluronique est qu’il est naturellement synthétisé par le corps humain: il est donc bien toléré et n’entraîne pas de risque d’allergie. «C’est un produit sûr, qui ne présente que très rarement des effets secondaires», indique Wassim Raffoul. L’acide hyaluronique destiné aux injections est fabriqué en laboratoire grâce à des bactéries et il a la forme d’un gel. Il peut notamment être utilisé pour gommer les rides du menton ou celles du contour de la bouche. Comme le botox, son action n’est pas permanente: il se résorbe naturellement au bout de trois à six mois, ce qui implique de renouveler les injections. Son effet à long terme sur la santé n’est pas non plus connu.
Coût par séance: entre 500 à 900 CHF environ.