Le point sur la cortisone

Dernière mise à jour 10/06/24 | Article
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Prescrite pour son efficacité et son action rapide contre l’inflammation, la cortisone peut susciter des craintes. À tort ou à raison?

La Dre Argyro Nikolaou, médecin cheffe de clinique au Service de pharmacologie et toxicologie cliniques des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), nous aide à faire le point. «La “cortisone”, comme on la désigne dans le langage courant, appartient à la classe de médicaments des corticostéroïdes de synthèse. Il s’agit en fait de dérivés du “cortisol”, une hormone présente dans notre corps sous forme naturelle», explique la spécialiste. Appelé aussi «hormone du stress», le cortisol est produit par les glandes surrénales et sécrété notamment lorsque l’organisme fait face à une agression (inflammation ou chirurgie, par exemple).

Un anti-inflammatoire efficace

«Le cortisol de synthèse est un médicament très puissant et très efficace», souligne la Dre Argyro Nikolaou. Grâce à son action anti-inflammatoire et malgré ses effets secondaires, il peut être délivré dans de nombreuses situations médicales. Parmi ses indications: les maladies auto-immunes (pour réduire l’activité du système immunitaire), l’asthme, les maladies de la peau (allergies, urticaires, psoriasis, dermatite atopique), les chocs anaphylactiques, les douleurs aiguës, les maladies chroniques (lupus, maladies rhumatismales, par exemple), les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), après une greffe, en cas de cancer, etc. Il existe sous différentes formes (comprimés, crèmes, spray, gouttes, produit injectable, etc.) avec un degré de puissance (anti-inflammatoire) et une durée d’action variables.

Les effets indésirables

La cortisone agit sur l’humeur (excitabilité, irritabilité) et le sommeil. On peut s’attendre à une prise de poids, puisqu’elle augmente l’appétit, favorise la rétention d’eau et les œdèmes. Elle engendre également des changements du métabolisme des protéines, des lipides et du glucose, créant une accumulation du tissu graisseux autour de la taille, du ventre et au niveau du cou notamment, alors que des hyperglycémies peuvent également survenir. Le visage a tendance à s’arrondir de manière caractéristique tandis que la peau peut s’affiner et présenter facilement des hématomes. Une perte musculaire peut être observée, avec des difficultés dans des mouvements quotidiens (monter les escaliers, se relever de sa chaise, etc.). Une fragilisation des tendons et des os peut aussi survenir, de manière caractéristique au niveau de la colonne vertébrale. Une plus grande vulnérabilité aux infections est également possible, de même que l’apparition d’une hypertension.

Traitement le plus court possible

Cette substance au champ d’action très large peut donc causer des effets indésirables, surtout lors de traitements à haute dose et de longue durée. «La durée du traitement doit donc être la plus courte possible, l’idée étant de le poursuivre ensuite en recourant à d’autres classes de médicaments, pour autant que la maladie le permette», précise la spécialiste.

Quelques précautions

À l’arrêt du traitement, les effets indésirables observés sont réversibles. Mais avant que tout rentre dans l’ordre, il est recommandé de maintenir une activité physique régulière pour pallier la perte musculaire, renforcer les os et éviter la prise de poids. De même, il est bon de veiller à son alimentation (apports en vitamine D et en calcium) et limiter le sel. Un suivi régulier et rapproché chez son médecin traitant est essentiel.

Un arrêt progressif

«Lorsque le corps reçoit des corticostéroïdes pendant plusieurs semaines, voire des mois, le message est donné aux glandes surrénales de moins produire de cortisol. À la longue, celles-ci sont moins réactives et peuvent même être atrophiées. Si on arrête le traitement d’un coup et que l’on est exposé à un stress (infection, par exemple), on court le risque d’une insuffisance surrénalienne», prévient la spécialiste. Il faut donc veiller à un arrêt très progressif et à respecter à la lettre les indications de son médecin. Ce risque est amoindri, voire nul, lors d’un traitement de courte durée, c’est-à-dire de quelques jours.

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Paru dans Planète Santé magazine N° 53 – Juin 2024

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