Psychotropes: pour un usage éclairé
Relation de partenariat avec le médecin
Autrefois, le médecin déterminait le plus souvent seul le traitement, se contentant d’informer le patient de sa décision. Aujourd’hui, indépendamment du type de la maladie, presque toutes les personnes concernées souhaitent être associées au traitement et avoir un rapport avec leur médecin basé sur la confiance et le partenariat.
Décider ensemble
Tous les patients et les patientes ont le droit de décider eux-mêmes des soins qu’ils souhaitent recevoir. Cela vaut bien entendu aussi pour un traitement psychiatrique. Chaque traitement médicamenteux requiert l’accord des patients. Le degré de participation à la décision varie cependant d’un patient à l’autre. La plupart des patients souhaitent décider avec le médecin après avoir été complètement informés. Certains patients souhaitent décider seuls. D’autres veulent que l’on choisisse à leur place, mais souhaitent être informés en détail des raisons de la décision. Décider ensemble signifie que le choix du traitement est fait sur la base d’un partenariat. Ce n’est ni le médecin ni le patient qui décide seul, mais tous deux qui choisissent ensemble une option sur laquelle ils se sont mis d’accord. Pour cela, il est nécessaire qu’ils échangent leurs connaissances et leurs besoins. Le médecin informe par exemple le patient sur les différents traitements et médicaments existants, mais aussi sur les autres formes d’aide comme la psychothérapie. La personne concernée fait part au médecin des expériences qu’elle a déjà pu faire lors de traitements précédents, par exemple les médicaments qu’elle a utilisés, leur dosage et leurs effets. Il est également important que les personnes concernées expriment clairement leurs besoins personnels afin que ceux-ci puissent être pris en considération lors de la prise de décision. Il se peut ainsi que le risque de prise de poids lié à certains médicaments représente un inconvénient majeur pour une personne, alors qu’elle peut envisager beaucoup plus facilement d’autres effets indésirables comme l’agitation. Certaines personnes sont prêtes à accepter certains effets secondaires si les médicaments leur permettent de réduire nettement le risque de souffrir d’une nouvelle crise psychique sévère.
«Mon psychiatre ne décide rien sans moi. Il m’informe et me demande quels sont mes besoins. Je le consulte depuis longtemps et j’en suis très satisfait»
D’autres en revanche préfèrent prendre le risque d’une rechute plutôt que de devoir vivre probablement plusieurs années avec des effets indésirables qu’ils considèrent comme insupportables.
Décider ensemble signifie aussi que personne n’est contraint de faire quelque chose avec laquelle il ou elle n’est pas d’accord. Le médecin et le patient cherchent une décision satisfaisante pour les deux. Ce processus exige du médecin qu’il fasse preuve de compréhension et renonce à décider suivant des schémas préétablis, et des patients qu’ils réfléchissent activement à ce qu’ils veulent, à ce qu’ils s’imaginent et à ce dont ils ont besoin. Les personnes concernées impliquées dans le processus de prise de décision sont plus satisfaites du traitement choisi et celui-ci est plus efficace. Malheureusement, il arrive encore souvent que cette décision ne soit pas prise en commun. Des patients racontent que certains médecins décident seuls, ne leur proposent qu’un seul traitement ou ne tiennent pas compte de leurs besoins. Ce genre de situation empêche l’établissement d’une alliance thérapeutique basée sur la confiance et il n’est pas rare que les personnes concernées arrêtent leur médicament sans avoir préalablement consulté leur médecin.
Le devoir d’informer du médecin
Pour qu’une personne souffrant de maladie psychique puisse utiliser son droit à l’autodétermination et être le plus possible sur un pied d’égalité avec son médecin, il est indispensable qu’elle soit informée. Une personne insuffisamment informée sur sa maladie et sur les possibilités d’aide existantes se sent souvent impuissante, devient passive et perd espoir. Les médecins sont tenus de fournir aux patients des informations complètes et compréhensibles, à moins que les personnes concernées n’y renoncent expressément. Un patient doit notamment être informé sur:
- la maladie et le diagnostic correct le concernant;
- les différents traitements, par exemple une thérapie médicamenteuse, mais aussi une psychothérapie ou le recours au groupe d’entraide; les avantages et les désavantages des différents traitements, notamment les effets souhaités et les effets indésirables
- des médicaments;
- la probabilité de succès du traitement;
- les questions relatives au dosage et au mode de prise du médicament (dragées, injection);
- les coûts du traitement, par exemple les avantages et les désavantages d’un traitement avec des médicaments génériques (c’est-à-dire la copie meilleur marché d’un médicament existant, et contenant le même principe actif).
D’après notre expérience, les informations fournies aux personnes concernées sont en général insuffisantes. Les personnes concernées ne sont parfois pas informées sur les effets indésirables des médicaments, ou le sont seulement d’une manière superficielle. Les médecins sont responsables vis-à-vis des patients lorsque l’information est insuffisante voire inexistante. Dans une situation d’urgence, le médecin peut ne pas informer le patient, mais il doit le faire lorsqu’il prescrit une médicamentation à long terme, ce qui est souvent le cas lors des maladies psychiques. Les informations doivent être compréhensibles. Le médecin doit expliquer les termes spécialisés et encourager le patient à poser des questions. Pour cela, il faut qu’il prévoie suffisamment de temps pour l’entretien.
«J’ai enfin trouvé un médecin qui discute avec moi les avantages et les inconvénients de la médication et qui m’inclut réellement dans la prise de décision. Cela m’aide à accepter une médication»
Préparer l’entretien avec le médecin
Il est utile de bien se préparer avant un entretien avec le médecin. Les entretiens étant souvent plus courts que ce que souhaiteraient les patients, il arrive facilement que des questions importantes ne puissent être posées. Il arrive aussi souvent que l’on oublie de dire ce qui nous tient à cœur ou de poser certaines questions en raison de l’excitation provoquée par l’entretien. Les conseils suivants pourront vous aider:
- Notez vos questions et tout ce que vous aimeriez dire au médecin sur une feuille et prenez-la avec vous.
- Si vous avez quelque chose qui vous tient à cœur, dites-le au début de l’entretien.
- Si cela peut vous aider, vous pouvez aussi vous faire accompagner par une personne de confiance pendant l’entretien.
- Si, à la fin des entretiens précédents, vous avez constaté que vous avez oublié des éléments importants discutés lors de ceux-ci, prenez des notes durant l’entretien.
Si vous n’êtes pas satisfait du traitement, parlez-en ouvertement. Exprimez vos besoins. Il est particulièrement important que vous exprimiez vos souhaits d’être mieux informé et de pouvoir participer à la décision, car sinon le médecin peut croire que l’information que vous avez reçue jusqu’ici vous suffit.
«J’aimerais bien avoir un médecin qui puisse m’accorder plus que cinq minutes. Mais comment le trouver?»
Comment trouver un bon cabinet médical?
Les patients traités en mode ambulatoire peuvent choisir librement leur médecin. Vous pouvez donc choisir vous-même votre médecin traitant (sauf si vous êtes assuré selon le modèle HMO ou le modèle Médecin de famille). Les personnes concernées ne savent souvent pas ce qu’elles sont en droit d’attendre de leur médecin et comment reconnaître un bon médecin. Le service de conseil téléphonique de Pro Mente Sana a par exemple reçu l’appel d’une femme qui désirait savoir s’il était acceptable que son entretien avec son psychiatre soit plusieurs fois interrompu par des appels téléphoniques. La relation entre un patient et son médecin est quelque chose de profondément individuel. Pour la majorité des personnes concernées, il est surtout important que le «feeling» fonctionne, qu’elles puissent faire confiance au médecin et lui parler de tout. A côté de cela, un certain nombre de critères permettent de reconnaître un bon cabinet médical:
Suis-je traité avec respect?
Une attitude respectueuse signifie que l’on vous écoute attentivement et que l’on prend vos craintes et votre problème de santé au sérieux. Le médecin connaît votre nom, consacre suffisamment de temps à votre traitement, s’intéresse à vous et votre entretien n’est pas interrompu par des appels téléphoniques ou pour d’autres motifs. Le médecin connaît bien votre dossier médical et votre situation dans la vie en général.
L’information que l’on me donne est-elle suffisante et compréhensible?
Le médecin vous informe en détail et de manière compréhensible sur votre maladie et vous encourage à poser des questions. Il vous communique le diagnostic et vous explique les bénéfices et les risques des différents traitements; il vous demande ce que vous avez compris de ce qu’il vous a dit et tient compte de vos arguments pour prendre sa décision. Vous recevez des brochures d’information ou des recommandations d’ouvrages à consulter.
Puis-je décider avec mon médecin du traitement que je vais suivre et peut-il accepter mes décisions?
Comme nous l’avons dit, la plupart des patients souhaitent participer au processus de décision en ce qui concerne leur traitement. Le droit à l’autodétermination est un droit fondamental de chaque patient et doit être aussi garanti dans le cas des personnes souffrant de maladie psychique. Votre médecin est-il prêt à planifier le traitement avec vous et à accepter que vous refusiez un traitement qu’il vous propose? Le médecin est-il prêt à partager vos décisions? Les médecins ont bien entendu le droit de refuser le traitement que vous souhaitez s’il leur semble qu’il est médicalement infondé ou qu’il ne leur paraît pas adéquat en regard de votre situation. Ils doivent cependant vous informer des raisons de leur décision.
Puis-je accéder à mon dossier médical?
Vous avez le droit de consulter votre dossier médical et/ou d’en obtenir une copie, en principe gratuite. Les médecins devraient aussi s’entretenir avec vous des expertises et des commentaires médicaux qui vous concernent. Vous devez pouvoir prendre connaissance de votre dossier, c’est une question de dignité et de respect que la loi protège. Dans certaines situations, votre droit de consultation peut toutefois être limité, par exemple lorsqu’il s’agit d’informations concernant un tiers.
Mon médecin peut-il accepter que je fasse appel à l’avis d’une deuxième personne?
Il peut être parfois utile de demander l’avis d’une deuxième personne, par exemple lorsque le traitement n’avance pas et que vous êtes insatisfait en tant que patient. Votre médecin fait-il preuve de compréhension lorsque vous exprimez ce souhait ou essaie-t-il de vous y faire renoncer ou même de remettre le traitement en question?
Ma sphère privée et mes données personnelles sont-elles protégées?
Les médecins sont tenus de garder le secret sur vos données personnelles. Le respect de cette obligation devrait se refléter dans l’organisation du cabinet. Les dossiers des patients, par exemple, ne doivent pas pouvoir être lus par d’autres patients. Le médecin ne devrait pas non plus avoir un entretien téléphonique confidentiel avec un patient en présence d’un autre patient.
Il ne s’agit là que d’indications générales concernant le rapport médecin-patient. Les personnes concernées devraient déterminer elles-mêmes ce qu’elles attendent de leur médecin. Personne n’est parfait, et il en va de même des médecins. Si vous êtes insatisfait, vous devriez commencer par en parler avec votre médecin traitant. S’il refuse d’entrer en matière ou ne comprend pas votre critique, il est utile de recourir au conseil d’autres personnes, par exemple dans le cadre d’un groupe d’entraide ou en appelant le service de conseil téléphonique de Pro Mente Sana. Ce n’est qu’après avoir effectué ces démarches qu’il faudrait envisager de changer de médecin. Les organismes susmentionnés peuvent aussi vous aider dans votre recherche d’un médecin.
Décider soi-même aussi en situation de crise
En règle générale, personne ne peut recevoir un traitement contre sa volonté. Chaque patient entré volontairement dans un établissement psychiatrique a le droit de décider lui-même des soins qu’il va recevoir. Lorsqu’une personne est hospitalisée dans le cadre d’une privation de liberté à des fins d’assistance (PLAFA), il est toutefois possible que, dans certaines conditions, elle se voie imposer un traitement médicamenteux. Ce cas de figure étant soumis aux dispositions légales cantonales, nous ne pouvons pas donner ici d’informations valables pour toute la Suisse. Dans plusieurs cantons, le traitement médicamenteux ne peut cependant être imposé qu’en cas d’extrême urgence et pendant une durée limitée. Dans les établissements sociopsychiatriques, personne ne peut être obligé à prendre des médicaments. Certains règlements intérieurs de foyers ou d’ateliers protégés contiennent des articles relatifs à la prise de médicaments, mais ces articles sont nuls sur le plan juridique.
Le droit à l’autodétermination des personnes concernées est principalement violé lors des situations de crises aiguës. Souvent, c’est parce que le personnel soignant ne sait pas quel traitement la personne souhaite recevoir lorsqu’elle souffre de crise aiguë. Il arrive aussi souvent que, dans une telle situation, les manifestations de volonté des personnes concernées ne soient plus prises au sérieux, leur capacité de consentement éclairé (leur capacité de discernement) étant remise en question du fait de la crise. Il est donc important que lorsqu’elles sont en possession de toutes leurs capacités physiques et psychiques, les personnes concernées expriment leur volonté par écrit ou conviennent avec un établissement du type de soins qu’elles souhaitent recevoir en cas de crise. Ces arrangements doivent être rédigés par écrit afin de pouvoir être sûr d’en disposer en cas d’urgence. Différentes formes de déclaration de volonté écrites ont été mises au point au cours des dernières années. Nous présentons ci-après les plus importantes.
Contrat thérapeutique
Un contrat thérapeutique est un accord écrit conclu entre un établissement psychiatrique et une personne concernée. Il permet par exemple de fixer quels médicaments une personne ne souhaite pas recevoir. En Suisse, plusieurs établissements psychiatriques offrent aujourd’hui la possibilité de conclure ce genre de convention. Renseignez-vous pour savoir si cette possibilité existe dans votre établissement.
Directives anticipées
Les directives anticipées sont l’expression de la volonté unilatérale d’une personne qui doit être prise en compte dans le cas où elle doit subir un traitement médical. La personne concernée y exprime les formes de soins qu’elle souhaite ou ne souhaite pas recevoir. Elle peut désigner un représentant thérapeutique pour le cas où elle serait supposée ou réellement incapable de discernement; ce faisant, elle montre qu’elle aimerait faire un usage actif de ses droits de patient. Au cas où l’on agirait à l’encontre de sa volonté sans que la loi applicable ne l’autorise, l’existence des directives anticipées lui permet de prendre des mesures juridiques. Il est important de veiller à ce qu’en cas de crise l’établissement psychiatrique puisse prendre connaissance de ces directives anticipées. A cet effet, il peut être utile de conserver constamment avec soi (p. ex. avec ses papiers d’identité) une carte informant le personnel soignant de leur existence. Il est aussi recommandé d’en remettre un exemplaire à des personnes de confiance ou de les remettre à l’établissement responsable de la prise en charge, qui les versera à votre dossier. (Voir la brochure de Pro Mente Sana Suisse romande sur les directives anticipées: Directives anticipées. Prévoir une incapacité de discernement, rédiger des directives anticipées 2007.)
Diminuer et arrêter les psychotropes
Une personne qui prend depuis longtemps des médicaments en vient un jour à se demander si elle doit continuer ou cesser de les utiliser. Cette question se pose en particulier lorsque le médicament provoque des effets indésirables, lorsque les personnes se sentent en bonne santé ou lorsque le médicament n’a pas ou plus d’effet perceptible. Réfléchir à un arrêt éventuel des médicaments est quelque chose de tout à fait normal et ce n’est pas le signe d’une maladie psychique. Lors de tout traitement médicamenteux, il faut en effet se demander régulièrement s’il est nécessaire de le poursuivre. Beaucoup de personnes concernées continuent à prendre des médicaments sans lesquels elles ne se porteraient pas plus mal. Un grand nombre de personnes souffrant d’épisodes dépressifs prennent par exemple des antidépresseurs pendant de longues périodes, alors qu’une bonne part d’entre elles ne souffriraient pas d’une rechute si elles arrêtaient leur médicament. L’arrêt des médicaments est donc tout aussi important que leur prescription.
«J’ai essayé pendant trois ans d’arrêter les médicaments. Aujourd’hui, je prends une dose très faible de neuroleptique. Je me sens bien et ne souhaite pas la diminuer encore plus»
Planifier l’arrêt du médicament
L’arrêt du médicament doit être planifié et préparé avec soin. La planification devrait se faire en collaboration avec le médecin qui aidera la personne concernée à arrêter le traitement. Pour bien se préparer, plusieurs questions doivent être envisagées: «Quels seraient les avantages et les désavantages de l’arrêt du traitement?» «Quelles seraient les conséquences d’une nouvelle crise pour moi et pour mon entourage?» «Quelle est l’intensité des effets indésirables des médicaments?» «Le risque d’une nouvelle crise ou d’une nette détérioration des symptômes est-il élevé?» Dans ce contexte, il est important de tenir compte des expériences déjà faites lors de l’arrêt de médicaments précédents et des intervalles de temps séparant les épisodes de la maladie.
Les personnes concernées arrêtent souvent de prendre leurs médicaments sans accompagnement professionnel. Nous vous le déconseillons! L’expérience montre que de nouvelles crises peuvent survenir alors qu’elles auraient pu être évitées. L’arrêt du médicament peut en outre entraîner des complications comme des symptômes de sevrage ou des crises épileptiques. Les personnes concernées qui arrêtent leurs médicaments sans contrôle médical et sans suivre les règles à observer lors d’un tel processus doivent compter avec des conséquences souvent désagréables. Il est ainsi fréquent que les personnes arrêtent leurs médicaments d’un jour à l’autre sans avoir auparavant élaboré une stratégie de remplacement pour se protéger en cas de crise. Dans de nombreux cas, l’arrêt brusque et non planifié du traitement oblige les personnes concernées à prendre plus longtemps des médicaments.
Si vous avez déjà essayé sans succès d’arrêter les médicaments, il faut absolument comprendre les raisons de ces échecs avant de procéder à une nouvelle tentative. Pour augmenter les chances de réussite, il est aussi important de choisir un moment propice. Les personnes concernées ne devraient essayer d’arrêter que si elles se sentent psychiquement stables depuis un certain temps, qu’elles n’ont pas de défi d’envergure à relever dans les prochains mois et qu’elles disposent de suffisamment de temps pour se détendre. A côté de l’accompagnement médical, il peut aussi être utile de demander le soutien de personnes de confiance. La personne concernée peut par exemple demander aux membres de sa famille de l’informer dès qu’ils remarquent les signes précurseurs d’une crise. Les autres professionnels avec qui la personne concernée entretient un rapport de confiance, par exemple le psychothérapeute ou les collaborateurs du foyer, devraient être également mis au courant. Cela permettra à la personne concernée de leur demander conseil, par exemple lorsqu’il s’agit de savoir quand une nouvelle réduction de la dose de médicament est indiquée ou non.
Lorsqu’on arrête un médicament psychotrope, il faut impérativement suivre un certain nombre de règles. La dose doit être réduite progressivement. Un arrêt brusque augmente le risque de rechute et les éventuels symptômes de sevrage peuvent apparaître avec plus d’intensité que si l’arrêt se fait graduellement. La réduction devrait se faire par très petites étapes, de manière à ce que les modifications de l’état psychique soient à peine perceptibles, ou plus du tout. L’arrêt du traitement peut durer plusieurs mois, voire parfois plusieurs années. C’est notamment le cas lorsque la personne concernée prend des médicaments depuis un certain temps. Il peut même être utile de réaugmenter provisoirement la dose du médicament au cours du processus d’arrêt, par exemple lorsque des signes précurseurs d’une crise apparaissent ou lorsque la personne concernée doit affronter des situations pénibles ou des événements inattendus. Il peut aussi arriver qu’à un certain moment les symptômes indésirables réapparaissent. Les personnes qui souffrent d’hallucinations acoustiques peuvent par exemple recommencer à entendre des voix. Dans ce cas, il faut arrêter de réduire la dose de médicament et se contenter pendant un certain temps de la baisse déjà effectuée. Dans de nombreux cas, une personne qui ne prend plus de médicament court plus de risques de souffrir d’une nouvelle crise psychique ou de voir son humeur se détériorer. Pour cette raison, il est important de trouver des solutions de rechange qui lui permettront de se protéger. Il est important que ces solutions soient mises au point avant l’arrêt du traitement. De nombreuses personnes ayant souffert de crises psychotiques peuvent par exemple se protéger en reconnaissant les éléments déclencheurs de la crise ou les signes précurseurs qui l’annoncent.
«Alors que j’ai vécu cinq épisodes psychotiques, je suis en bonne santé depuis huit ans sans prendre de médicament. La médecine officielle n’aurait jamais cru que cela soit possible»
Il se peut que votre médecin refuse de vous aider à arrêter le traitement. La plupart du temps, les médecins craignent une nouvelle crise et aimeraient vous faire poursuivre la médication. Lorsque votre médecin émet de telles réserves, il est important que vous en teniez compte, car cela peut vous aider à mieux comprendre les risques impliqués par un arrêt du médicament. Quand le médecin prend conscience de l’importance que vous accordez à cet arrêt et qu’il a l’impression que vous agissez d’une manière responsable, il est souvent prêt à vous accorder l’aide qu’il vous avait préalablement refusée. Il est parfois nécessaire d’en discuter longtemps avec lui et il faut souvent faire des compromis. Si le médecin refuse catégoriquement d’entrer en matière et s’il menace même de rompre la relation thérapeutique parce que vous voulez arrêter le médicament, vous devriez étudier la question d’un éventuel changement de médecin. Votre droit à l’autodétermination est ici central, et le médecin doit vous aider à en faire usage, sauf cas exceptionnels pour lesquels il existe de très bonnes raisons. Ne vous laissez pas décourager si vous ne trouvez pas tout de suite un médecin qui se déclare prêt à vous aider à arrêter votre traitement. Et surtout, n’essayez pas tout seul.
Autres méthodes de traitement et outils d'entraide
Les médicaments ne sont qu’une des nombreuses possibilités qui peuvent vous aider en cas de difficultés psychiques. Leur effet ne devrait être ni surévalué ni sous-évalué. Dans la pratique psychiatrique quotidienne, les médicaments sont malheureusement souvent le seul moyen que l’on vous propose pour vous aider. Pour beaucoup de patients, cette situation est insatisfaisante et ils exigent plus d’entretiens ou l’intégration d’autres traitements. En effet, plusieurs études montrent que la combinaison de différentes méthodes thérapeutiques est particulièrement efficace. Dans la plupart des maladies psychiques, il est plus efficace de combiner un traitement médicamenteux avec une psychothérapie que de prescrire uniquement des médicaments. Dans de nombreux cas, il est donc médicalement indéfendable de ne s’appuyer que sur des médicaments.
Psychothérapie
On sait aujourd’hui qu’une psychothérapie peut aider dans presque tous les cas de maladies psychiques. Il existe un large choix de méthodes psychothérapeutiques, par exemple la psychanalyse, la thérapie comportementale ou les thérapies corporelles. Certaines thérapies se sont révélées particulièrement efficaces pour le traitement d’un type de maladie particulier. La thérapie comportementale convient ainsi mieux que d’autres méthodes pour traiter les troubles d’anxiété, de peur ou de panique. Pour d’autres maladies, d’autres méthodes sont efficaces. Différentes études montrent cependant que la qualité de la relation entre le psychothérapeute et le patient joue un rôle déterminant pour le succès d’un traitement. En Suisse, les psychothérapies sont en partie prises en charge par l’assurance de base, à condition qu’elles soient pratiquées par un médecin ou par un psychothérapeute travaillant dans un cabinet médical sur mandat du médecin (on parle alors de psychothérapie déléguée). Dans le cas de certaines maladies, il est utile de commencer par un traitement médicamenteux pour que la psychothérapie puisse ensuite être efficace. Ainsi, les psychoses aiguës ne peuvent presque pas être influencées par une psychothérapie. En revanche, lorsque le médicament a permis de diminuer l’intensité de la crise, il est particulièrement important d’entreprendre un travail psychothérapeutique.
S’aider soi-même
Personne n’est condamné à rester démuni face à une maladie psychique. En choisissant un comportement adéquat, les personnes concernées peuvent influencer la vitesse avec laquelle une crise aiguë diminuera d’intensité ou anticiper le déclenchement d’une nouvelle crise. S’aider soi-même ne remplace en général pas une aide extérieure, mais permet de la compléter dans de nombreux cas. En s’aidant elles-mêmes, les personnes concernées se sentent plus stables et ont le sentiment de pouvoir mieux gérer leur maladie et de ne plus se sentir impuissantes vis-à-vis d’elle. Elles peuvent s’aider seules ou en participant à des groupes d’entraide. Les personnes concernées peuvent faire beaucoup de choses pour préserver leur équilibre et renforcer leur immunité contre les crises psychiques. Les personnes qui entendent des voix peuvent par exemple apprendre à les contrôler de manière à ce qu’elles ne soient plus aussi fortes et perturbantes.
Au cours des dernières années, de nombreux groupes d’entraide pour presque tous les types de difficultés psychiques ont vu le jour en Suisse. Ils permettent le contact et l’échange avec d’autres personnes concernées et sont devenus pour un bon nombre d’entre elles une bourse d’informations importante. Pro Mente Sana peut vous orienter.
Autres possibilités d’aide
Il existe encore d’autres possibilités d’aides en cas de maladies psychiques. Certaines d’entre elles sont spécifiques à un seul type de trouble. La privation de sommeil, la luminothérapie, le sport ou le mouvement peuvent par exemple aider en cas de dépression. Vous trouverez l’essentiel de ce qu’il faut savoir à ce sujet dans les livres de conseils consacrés aux différentes maladies. Vous pouvez également vous adresser au service de conseil téléphonique de Pro Mente Sana pour vous informer sur les formes d’aide disponibles. Les offres existantes ne conviennent jamais à toutes les personnes concernées, mais seulement à un certain nombre d’entre elles. Un traitement homéopathique peut aider certaines personnes à se sentir beaucoup plus stables, alors que le même traitement restera totalement inefficace pour d’autres personnes. Le plus important – et cela n’est souvent pas si facile – est de trouver la forme d’aide qui vous convient personnellement.
«Je participe à un groupe d’entraide depuis trois ans. J’y ai plus appris sur ma maladie et sur les médicaments que tout ce qu’un médecin m’a jamais raconté»
«J’ai mis des années à apprendre à vivre avec ma maladie. Aujourd’hui, je suis content de ne devoir prendre des médicaments que lorsque je vis une phase difficile»
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Texte extrait d'une publication Pro Mente Sana (Cliquez sur l'image pour accéder à la brochure pdf ezembed |
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Article original: http://www.promentesana.org/upload/application/60-pmsbrochuremedpsychotropes.pdf