Comment agissent les médicaments psychotropes
Introduction
Aujourd’hui, de nombreuses personnes souffrant de difficultés psychiques suivent un traitement à base de médicaments psychotropes. Un nombre croissant de personnes concernées souhaitent pouvoir entretenir une relation de partenariat avec leur médecin traitant, dans laquelle le médecin ne décide pas seul, mais avec le patient, de la médication. Pour pouvoir utiliser leur droit à l’autodétermination, les patientes et les patients doivent être bien informés sur les traitements possibles, connaître leurs droits et participer activement au traitement et aux décisions.
Nous décrivons ici, sur la base des connaissances actuelles, ce que l’on sait de la manière dont les psychotropes agissent sur le cerveau et présentons les différents groupes de médicaments. Nous avons ce faisant essayé d’évaluer d’une manière réaliste l’efficacité réelle de ces médicaments, mais aussi les risques qu’il faut prendre en considération.
Comment agissent les psychotropes?
Il y a plus d’une cinquantaine d’années, lorsque les premiers psychotropes ont été mis au point, on n’avait la plupart du temps pas la moindre idée de la manière dont ils agissaient. Les médecins et les chercheurs ne pouvaient que constater qu’ils agissaient. Il faut dire que, à cette époque, nos connaissances des processus métaboliques du cerveau, c’est-à-dire des transformations chimiques et physicochimiques qui s’y accomplissent, étaient très limitées. Aujourd’hui, il existe des modèles explicatifs basés sur des phénomènes biochimiques pour presque toutes les maladies psychiques. Ces modèles sont certes très simplifiés, mais ils aident les chercheurs à mettre au point des médicaments efficaces.
Or, plus la recherche s’intensifie, plus les questions qu’elle soulève se multiplient, et il est donc compréhensible que, malgré tous les efforts entrepris dans le domaine des psychotropes, elle n’ait pas à ce jour réalisé de percée véritablement décisive. Ce texte présente les modèles les plus généralement acceptés à l’heure actuelle. Rappelons bien cependant qu’il s’agit de simplifications, qui nous permettent d’expliquer l’action des médicaments.
Les psychotropes sont des médicaments qui agissent sur le métabolisme du cerveau. Pour comprendre la nature de cette action, il faut savoir que notre cerveau est constitué de milliards de cellules nerveuses (les neurones) interagissant les unes avec les autres – on peut dire qu’elles «communiquent» entre elles. L’ illustration 1 montre deux cellules nerveuses reliées par une zone de contact appelée synapse. Lorsqu’une cellule nerveuse est stimulée, un courant électrique très faible se déplace le long de son enveloppe, la membrane cellulaire. Parvenu à la terminaison de la cellule, ce courant électrique provoque la libération de médiateurs chimiques – les neurotransmetteurs – dans la fente synaptique. Ces neurotransmetteurs stimulent alors la cellule voisine en agissant sur des parties spécialisées de celle-ci – les récepteurs.
Les médicaments psychotropes agissent soit sur la concentration des neurotransmetteurs dans la fente synaptique, soit sur leur capacité à se lier aux récepteurs. Il existe un grand nombre de médiateurs chimiques. Les mieux connus sont la sérotonine, le GABA, la dopamine et la noradrénaline. Leurs métabolismes respectifs sont influencés de diverses manières par les différents psychotropes.
On suppose que, en cas de maladie, il y a trop ou pas assez de médiateurs chimiques dans la fente synaptique, ce qui accroît ou diminue fortement la transmission de l’information entre les neurones. L’utilisation des psychotropes vise à supprimer ce déséquilibre. Comme il n’est pas possible de faire en sorte que les médicaments n’agissent que sur certaines zones de contact, ceux-ci provoquent des effets secondaires indésirables.
Les maladies psychiques sont-elles des troubles du métabolisme?
Aujourd’hui, les personnes concernées s’entendent souvent dire que leur trouble psychique est un trouble du métabolisme, à l’instar du diabète, et qu’il faudrait par conséquent le traiter avec des médicaments. Ce n’est cependant pas aussi simple. A l’heure actuelle, tout ce que les médecins et les chercheurs savent, c’est que l’on observe des modifications biochimiques dans le cerveau lors d’affections psychiques. Ces modifications sont souvent considérées à tort comme la cause de ces troubles psychiques, alors qu’il ne s’agit probablement que de l’expression d’un processus sous-jacent plus complexe.
Un exemple permettra de mieux comprendre ce phénomène: lorsque quelqu’un s’adresse à vous en criant, tout votre organisme réagit. Votre cœur se met à battre plus vite, votre attention s’accroît et vous ressentez de l’excitation. Sur le plan biochimique, cette réaction est provoquée par l’adrénaline, un médiateur chimique libéré en grande quantité par l’organisme dans ce genre de situation. Le médiateur chimique adrénaline n’est cependant pas la cause de votre excitation. C’est au contraire la situation extérieure qui a provoqué la réaction biochimique (la libération d’adrénaline), celle-ci provoquant à son tour une accélération de votre rythme cardiaque.
Il en va probablement de même pour les maladies psychiques. Pour cette raison, il est trop simple d’affirmer que les troubles psychiques sont des troubles du métabolisme cérébral. Il y a cependant aussi une modification du métabolisme dans le cerveau, sur laquelle il est possible d’intervenir avec des médicaments ou par d’autres moyens en vue d’influencer l’expérience psychique.
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Texte extrait d'une publication Pro Mente Sana (Cliquez sur l'image pour accéder à la brochure pdf ezembed |
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Article original: http://www.promentesana.org/upload/application/60-pmsbrochuremedpsychotropes.pdf