Stress post-traumatique ou chagrin dʹamour, place à la thérapie de reconsolidation
(Texte: Aude Raimondi)
Nous ne réagissons pas tous de la même manière au stress. Après avoir vécu une situation traumatisante, certaines personnes restent plus affectées que d’autres sur le long terme. Lorsque des symptômes de peur pathologiques subsistent au-delà d’un mois, on parle de syndrome de stress post-traumatique. Les individus concernés ont tendance à revivre l’événement de manière très intense, avec les mêmes émotions que le jour J. Peuvent s’ensuivre un état de dépression, des conduites d’évitement pour oublier les mauvais souvenirs, une hypersensibilité, etc.
Pour mieux traiter ce trouble très handicapant, le Pr Alain Brunet, psychologue et chercheur québécois, a mis au point un nouveau protocole, testé sur des centaines de victimes des attentats de Nice et du Bataclan. Elles ont été invitées à suivre une thérapie d’exposition qui consiste à coucher sur le papier les souvenirs de l’événement et les relire à chaque séance. Une heure avant chacun de ces exercices, du Propanolol (un bêtabloquant) est prescrit au patient. Classiquement, ce médicament est utilisé en cas d’hypertension, pour faire baisser la tension artérielle. En psychiatrie, il est parfois employé pour traiter des personnes très anxieuses lors d’une performance, comme un examen. Il permet de réguler certains signes physiques d’anxiété comme l’accélération cardiaque, la voix qui tremble, les sueurs, etc. Dans le cas du stress post-traumatique, ce bêtabloquant, combiné à la thérapie d’exposition, permet d’enclencher un processus de désensibilisation. Les molécules du médicament interfèrent dans le réenregistrement de la charge émotionnelle dans la mémoire. En résumé, l’objectif n’est pas d’effacer le souvenir traumatique, mais de l’intégrer sans qu’il ne soit envahissant. A terme, il ne devient alors plus qu’un «mauvais souvenir».
Et ce n’est pas tout: ce protocole semble également fonctionner… pour les chagrins d’amour! Dans certains cas, la séparation est si difficile à vivre qu’elle engendre des symptômes semblables à ceux du syndrome de stress post-traumatique. La thérapie de reconsolidation pourrait alors être un pas de plus vers la guérison.
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La thérapie de reconsolidation
Le dossier "La santé mentale" de RTS Découverte