La psychothérapie du temps présent
Une thérapie récente
La psychothérapie cognitivo-comportementale a vu le jour à la fin des années 1950. Une psychothérapie relativement récente donc, mais dont l’efficacité a déjà été démontrée par de nombreuses études scientifiques. Elle mêle d’un côté le comportementalisme et, de l’autre, la thérapie cognitive.
«La thérapie (ou psychothérapie) cognitivo-comportementale, aussi appelée TCC, est une approche thérapeutique basée sur le constat que la pensée, les émotions et les comportements sont liés», introduit Laura Bless, psychologue à Morges. La TCC peut être proposée aux adultes et aux seniors comme aux enfants. Elle part du principe que les émotions et les comportements de chacun sont davantage influencés par l’interprétation d’un événement (les pensées) que par l’événement lui-même.
«L’idée est de regarder la ou les situations qui posent des problèmes, illustre la thérapeute, puis d’analyser les types de pensées, d’émotions et de comportements qui en découlent. Ainsi, des schémas de pensée et des croyances erronées peuvent être mis en évidence. Cette analyse permet aussi d’identifier d’éventuelles difficultés à gérer les émotions ou des comportements mal adaptés à la situation.»
Au cours d’une TCC, on ne cherche pas systématiquement l’origine du mal-être ou du problème, comme cela est le cas au cours d’une psychanalyse, qui se penche sur le passé. «Le thérapeute et son patient se focalisent sur les difficultés rencontrées ici et maintenant», témoigne Laura Bless. La TCC cherche ainsi des solutions à un problème plus que des causes. «Il nous arrive tout de même de nous pencher sur le passé, nuance la spécialiste, car cela permet parfois de comprendre certains fonctionnements et réactions. Mais ce n’est pas le point central. L’idée est vraiment de se concentrer sur la gestion des difficultés dans le moment présent.»
Trouver sa trouvaille!
Au cours des premières séances, des objectifs thérapeutiques sont fixés. «Il peut s’agir d’aider le patient à introduire des pensées constructives et adaptées face à une situation connue qui génère de la souffrance, explique Laura Bless, par exemple en permettant à une personne perfectionniste de flexibiliser ses pensées ou, si un schéma d’exigence est constaté, d’introduire du lâcher-prise pour que la personne ait des perspectives plus nuancées.» Des outils pour mieux gérer ses émotions sont proposés et des exercices pratiques réguliers, en dehors du cabinet, recommandés. «Le but est d’augmenter les ressources du patient pour lui permettre d’améliorer sa qualité de vie», décrit la psychothérapeute. Ces changements ne peuvent se faire que progressivement, en s’exerçant régulièrement, «ce qui nécessite une participation active du patient et un lien de confiance avec son thérapeute», explique-t-elle.
En cas de phobies par exemple, des exercices d’exposition progressive peuvent être proposés, pour se confronter à ses peurs et là encore pouvoir mieux les gérer. «La notion de progression lors de ces exercices est importante, insiste la psychothérapeute. Si vous avez peur des chiens par exemple, on ne va pas vous en mettre un sur les genoux sans vous prévenir, mais plutôt commencer par regarder des photos. Ainsi, peu à peu, la personne apprend à ajuster ses réactions et à réguler ses émotions.»
Efficace et brève
De nombreuses études ont été conduites par le passé sur l’efficacité de la TCC. Elle a été comparée à d’autres approches psychothérapeutiques ou à des traitements médicamenteux. Résultat: la TCC a scientifiquement prouvé son efficacité, notamment sur l’anxiété, la dépression, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la dépendance, les ruminations, les troubles alimentaires, de l’humeur et du sommeil, ou encore les phobies. Il s’agit d’une thérapie brève, proposée par des psychologues ou des psychiatres formés, qui dure généralement entre dix et trente séances. «Nous cherchons à être efficaces, ce qui permet souvent un suivi assez bref, confirme la spécialiste. Mais on ne peut pas dire non plus dès le début de la prise en charge que dix séances suffiront.» À noter que la personne doit accepter de changer ses perspectives et être prête à modifier certaines de ses habitudes de pensée afin d’expérimenter de nouveaux comportements, ce qui ne correspond pas aux attentes de tout le monde. «Si on établit un lien bienveillant et collaboratif et que le patient comprend l’utilité de la démarche, un travail en profondeur peut se faire», conclut Laura Bless.
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