Méditation, hypnose et gymnastiques douces contre la douleur
EXPERTS
La méditation permet de mieux accepter la douleur
Accepter l’expérience que l’on vit – y compris lorsqu’elle est douloureuse – plutôt que de chercher à lutter contre elle: tel est l’objectif de la méditation de pleine conscience. Cette pratique ne fait pas disparaître la douleur, et elle ne saurait se substituer aux médicaments, à la physiothérapie, à la psychothérapie ou à la chirurgie. Mais elle peut être un complément utile.
«Par son effet sur l’anxiété, l’humeur et le sommeil, la méditation améliore déjà l’état du patient», constate Béatrice Weber, psychologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Mais elle fait plus. Diverses expériences ont montré qu’une longue pratique conduisait à des modifications «à la fois structurelles et fonctionnelles de certaines régions du cerveau».
La psychologue cite notamment une récente étude américano-française qui a comparé les réactions «d’experts» ayant une longue expérience en méditation bouddhiste, à celles de «novices» qui n’avaient médité que quelques heures. Les chercheurs ont provoqué chez tous ces volontaires une brève douleur – en appliquant sur leur poignet un dispositif qui faisait passer de l’eau très chaude sur leur peau pendant quelques secondes – tout en observant leur cerveau à l’aide de l’IRM. Les deux groupes percevaient la douleur avec la même intensité, mais les «experts» en méditation la jugeaient moins désagréable. Chez ces derniers, les chercheurs ont aussi constaté que certaines régions du cerveau impliquées dans l’anticipation anxieuse, étaient moins actives que chez les «novices». «La méditation en pleine conscience ne change pas la douleur elle-même. Toutefois, elle permet de l’appréhender autrement et, surtout, de moins rajouter, par l’anticipation anxieuse, une tension supplémentaire à la douleur déjà présente», résume Béatrice Weber.
L’hypnose modifie les sensations désagréables
Rien de magique dans l’hypnose, qui conduit une personne dans une forme de transe et modifie son état de perception. Le patient qui, à l’hôpital, est guidé par un thérapeute, «va trouver une place où il se trouve en sécurité et où il pourra modifier ses sensations corporelles avec ses propres images», explique Valérie Piguet, responsable du centre multidisciplinaire d’évaluation et de traitement de la douleur aux Hôpitaux universitaires genevois (HUG).
Cette méthode a déjà fait ses preuves pour soulager la douleur aiguë. Une enquête menée au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) en 2006-2007, sur une vingtaine de grands brûlés à qui l’on changeait les pansements, a montré que l’hypnose permettait de réduire les doses de morphine et autres opiacées et de diminuer les scores mesurés de douleur et d’anxiété. La pratique s’est aussi révélée utile en cas de douleur chronique. Le patient peut alors recourir à l’auto-hypnose «pour préparer un événement qu’il sait être douloureux».
Dans tous les cas, cette pratique «modifie la perception de la douleur et diminue son côté désagréable», précise Valérie Piguet. Des scientifiques de l’Université de Montréal l’ont également confirmé, en montrant que cette méthode modulait l’activité du cerveau et agissait sur les deux aspects de la douleur: sensoriel (ça fait mal) et émotionnel (cela inquiète).
Et qu’importe l’origine de la douleur. Qu’elle soit due à une migraine, à une lombalgie ou à un cancer, «l’important est que le patient accepte de participer».
Les gymnastiques douces recréent l’harmonie
Comme la méditation et l’hypnose, le tai chi, certaines formes de yoga et autres gymnastiques douces, «redonnent au patient un certain contrôle sur sa douleur», selon Valérie Piguet. Ces mouvements doux, qui détendent et incitent à maîtriser sa respiration, «recréent une certaine harmonie entre le corps et l’esprit». En outre, ils offrent au patient des moyens de «bouger sans dépasser ses limites», et l’aident à ne pas rester trop longtemps assis ou alité, attitudes qui sont le plus souvent délétères. Sans compter que les exercices se pratiquent à plusieurs, «créant ainsi une certaine dynamique de groupe et une entraide entre les participants».
Plusieurs études scientifiques ont d’ailleurs mis en évidence les bienfaits de ces gymnastiques douces, notamment du yoga. A en croire une expérience canadienne, le yoga, pratiqué deux fois par semaine pendant deux mois par des femmes souffrant de fibromyalgie, permettrait de réduire les symptômes de cette douleur musculaire chronique et le stress psychologique qui en résulte.
Toutes ces approches complémentaires peuvent donc contribuer à soulager les douleurs et redonner un peu de plaisir. A condition, lorsqu’elles sont pratiquées hors du cadre hospitalier, «de se renseigner sur les personnes qui vous offrent leurs services», précise la spécialiste. Et de se méfier de tous ceux qui disent détenir LA solution pour combattre la douleur.