Une aspirine par jour dès 50 ans?
Le cachet d’aspirine est un classique de nos armoires à pharmacie. Et pour cause, ses vertus sont multiples: l’acide acétylsalicylique qui le compose a des actions antalgique, anti-inflammatoire et fébrifuge, utiles pour calmer les maux de tête, les rages de dents ou les douleurs rhumatismales. Depuis plus de trente ans, on lui reconnaît en plus des propriétés antiplaquettaires –qui freinent la formation de caillots sanguins. Pour cette raison, l’aspirine est également indiquée en prévention des maladies cardio-vasculaires telles que l’infarctus ou les accidents vasculaires cérébraux.
Dès lors, serait-il judicieux d’en prendre chaque jour, dès 50 ans, pour se prémunir de ces maladies fréquentes aux conséquences potentiellement graves? Une revue récente de neuf essais cliniques incluant 100000 patients, menée par des chercheurs londoniens et publiée dans les Archives of Internal Medicine, conclut qu’un tel traitement préventif n’est pas indiqué pour tous les cœurs, notamment en raison du risque accru de saignement interne dangereux pour le patient. Qu’en est-il?
Le temps du check-up
Pour prévenir les maladies cardiovasculaires, il est conseillé de faire un bilan entre 40 et 50 ans. En cas d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral dans la famille, à plus fortes raisons si le parent était jeune, le check-up est recommandé dès 40 ans. Le médecin va évaluer vos propres facteurs de risques en fonction des paramètres suivants:
- le taux de cholestérol
- le tabagisme
- le niveau de stress
- la tension artérielle
- la présence de diabète
- le poids (l’indice de masse corporelle) et le tour de taille
- le degré d’activité physique
- l’histoire familiale
Limite les risques de récidive
François Mach, médecin-chef du service de cardiologie des Hôpitaux universitaires de Genève, répond: «La prise d’aspirine à faible dose (100 mg par jour) est réservée aux patients qui ont déjà eu un accident cardiovasculaire afin de limiter les risques de récidive, particulièrement élevés. Dans cette indication, ce traitement est efficace, bon marché et sûr. Chez des patients en bonne santé, sans problème connu, on ne prescrit de l’aspirine sous cette forme qu’en présence de plusieurs facteurs de risque» (lire encadré). Ainsi, seule une accumulation de facteurs justifie une prescription en prévention. Inutile donc de se précipiter sur des cachets sans avoir pris un avis médical.
Grâce aux études sur l’effet préventif de l’aspirine sur les maladies cardio-vasculaires, des chercheurs se sont aperçus qu’elle pouvait aussi protéger du cancer. Une équipe de l’Université d’Oxford démontre dans des études publiées en 2012 dans les revues britanniques The Lancet et The Lancet Oncology qu’une consommation quotidienne à faible dose (moins de 300 mg) pendant trois ans diminue d’un quart le risque de cancer, tous types confondus, et de plus d’un tiers lorsqu’on poursuit le traitement durant cinq ans ou plus.
Un effet anticancer?
Une étude américaine plus récente menée par l’American Cancer Society confirme l’effet bénéfique de l’aspirine sur le cancer, mais dans une moindre mesure (réduction du risque de mortalité de 16% en moyenne et variable selon les cancers). Si l’espoir demeure, il est en revanche prématuré de prendre de façon systématique de l’aspirine en prévention de ces maladies oncologiques.
Quelqu'un a-t-il une aspirine ?
Accident vasculaire cérébral (AVC)
L'AVC, ou "attaque cérébrale", est la conséquence d'un manque d'apport de sang dans le cerveau (obstruction ou rupture d'un vaisseau). Les symptômes ne sont pas toujours réversibles.