L’excitation sexuelle féminine, comment ça marche ?
Alors que le désir se passe principalement «dans la tête», l’excitation se manifeste à la fois par une sensation subjective d’excitation, de plaisir, et par des réactions corporelles mesurables (lubrification vaginale, etc.). En revanche, tout comme le désir, l’excitation sexuelle féminine est déclenchée par des stimulations physiques sensorielles (regards, caresses, sons, saveurs, parfums, etc.), psychologiques et émotionnelles (situations, mots, images, imaginaire, sentiment amoureux, souvenirs, etc.). Chaque femme répond à sa manière aux divers stimuli, selon sa sensibilité, son apprentissage, ses vécus et passés sexuels, sa perception de sa sexualité, ses croyances et ses peurs. Ce qui va exciter une femme peut laisser une autre de glace, voire la rebuter.
Il n’existe donc ni une manière «normale» de s’exciter, ni une recette universelle qu’on pourrait se passer de mère en fille ou entre copines et copains. Au début des préliminaires, par exemple, certaines femmes aiment d’emblée qu’on stimule leur poitrine ou leur pubis. D’autres n’apprécient ces contacts intimes qu’à partir d’un certain niveau d’excitation. Cela peut d’ailleurs varier chez une même femme selon la situation: ce qui a été intensément affriolant un jour peut avoir moins d’effets, voire pas d’effet du tout, à un autre moment ou avec un autre partenaire.
L’homme et la femme, du pareil au même ?
Même si l’excitation féminine a une composante «mécanique», car certaines stimulations peuvent provoquer directement l’excitation, les femmes ne sont pas des machines. La fatigue, les préoccupations du quotidien, le stress, le chagrin, la honte, la colère, l’incapacité du partenaire et bien d’autres facteurs peuvent compromettre, voire supprimer, toute excitation sexuelle. L’homme est généralement plutôt visuel et peut parfois avoir une érection en un clin d’œil, par exemple à la vision de sa partenaire nue. L’excitation féminine, qui répond plutôt à la voix et à un imaginaire sentimental et romantique, repose sur un équilibre fragile: un mélange savant impliquant la participation de tous les sens, de facteurs émotionnels et physiques, ainsi que de l’imaginaire sexuel. C’est l’entier de son corps, et non pas ses seules zones intimes, qui a besoin d’être érotisé.
L’importance de l’imaginaire sexuel
L’imaginaire sexuel, c’est tout ce qu’une personne est capable de fantasmer ou d’imaginer comme scénario et qui aura pour effet de déclencher l’excitation. Fréquemment, c’est à l’inverse l’excitation provoquée par le toucher ou la vue, par exemple, qui va provoquer un flot d’images et de scénarios à connotation sexuelle.
Il est particulièrement important pour une femme de connaître le fonctionnement de l’excitation et d’être consciente des différences en la matière entre les deux sexes. Ça l’est notamment au début de sa vie sexuelle et/ou lors d’une nouvelle relation. Cela lui permettra d’éviter de culpabiliser, de stresser ou de se considérer comme une « ratée sexuelle » parce qu’elle ne parvient pas à une bonne excitation et au plaisir ou encore parce qu’elle n’y arrive pas de manière aussi aisée que son partenaire, ou aussi rapidement qu’elle croit devoir le faire.
L’anatomie de l’excitation féminine
Du point de vue physiologique, l’excitation sexuelle naît dans le cerveau, qui réagit à une stimulation sexuelle en envoyant des signaux au reste du corps, surtout dans la région génitale. L’objectif premier est de préparer le corps de la femme à la pénétration, notamment grâce à la lubrification vaginale. Dans un second temps, en s’amplifiant, l’excitation peut mener à l’orgasme.
L’excitation féminine génitale est moins évidente extérieurement que celle de l’homme qui se manifeste par une érection visible. En effet, le processus féminin est plus interne, variable et subtil, et se situe dans divers endroits du corps. Le cerveau agit d’abord sur le système cardiovasculaire: le rythme cardiaque et la pression artérielle augmentent, faisant affluer le sang dans plusieurs zones différentes. La lubrification vaginale est déclenchée dix à trente secondes (en moyenne) après le début d’une stimulation sexuelle. Le sang qui afflue dans les tissus fait alors s’allonger le vagin, qui passe d’une longueur moyenne de 8 cm à 12 cm. Ses parois gonflent aussi, ce qui le rend plus étroit. Comme les cellules de ces parois ne sont pas étanches, elles vont laisser perler un fluide (la transsudation vaginale) qui facilitera la pénétration et favorisera la survie des spermatozoïdes (car il neutralise l’acidité vaginale). A l’extérieur, la sécrétion des glandes vulvo-vaginales va lubrifier le vestibule vulvaire.
Le clitoris au centre de l’excitation
Grâce à l’afflux de sang, le clitoris entre en érection: sa tête s’élargit, s’allonge et devient de plus en plus sensible. En effet, ce «bouton du plaisir» est aussi un corps érectile, muni d’ailleurs de bien davantage de terminaisons nerveuses que ne l’est le pénis (près de 8000, contre 6000 pour le gland). D’où la sensibilité extrême du clitoris, qui est également pourvu d’un capuchon et d’un gland visibles. Pourtant, il s’agit d’un organe essentiellement interne : sa partie cachée peut mesurer jusqu’à 10 cm de long et 3 à 6 cm de large. Elle se scinde en deux longues racines entourant les bords latéraux du vagin. Lors de la pénétration, les mouvements du pénis vont compresser le clitoris contre la partie antérieure du vagin, d’où la sensibilité particulière de cette zone. Le vagin lui-même est relativement peu innervé, et donc peu sensible (un point positif pendant l’accouchement!).
Les grandes et petites lèvres sont également très sensibles et érogènes. Les premières gonflent et s’écartent. Le vestibule, formé par l’intérieur des secondes, se transforme aussi: les petites lèvres prennent du volume et deviennent comme un entonnoir pour guider le pénis vers le vagin.
Diverses réactions physiologiques
En cas d’excitation sexuelle, les seins prennent du volume (surtout les fortes poitrines). Les mamelons entrent en érection et les aréoles s’élargissent, avec des veines plus apparentes. La peau, quant à elle, joue un rôle important dans le plaisir. Sa sensibilité augmente avec l’excitation. Les caresses de certaines zones, qui laisseraient la femme de marbre hors contexte sexuel, font de l’effet lorsqu’elle est « dans le feu de l’action ». A l’inverse, certaines stimulations sur des parties plus sensibilisées de son corps peuvent être ressenties comme désagréables. Là aussi, cela varie selon la personne. La vasodilatation entraîne également une sensation de chaleur. Une rougeur plus ou moins diffuse va couvrir notamment le visage, le thorax et la partie supérieure de l’abdomen. Les pupilles ont tendance à se dilater.
Etat de conscience modifié
L’excitation montant, la femme (tout comme l’homme) entre dans un mode de conscience modifié, un état second. Ce qui peut expliquer les comportements peu rationnels ou désinhibés adoptés parfois lors des moments d’excitation, tels des rapports sexuels non protégés ou des comportements inattendus que la femme n’aurait jamais imaginés hors excitation (par pudeur, tabou, éducation, croyances, etc.) ou qui l’auraient même dégoûtée. C’est également grâce à ces moments de désinhibition que la femme peut évoluer en permanence dans sa sexualité, à tout âge, en apprenant à apprécier de nouvelles pratiques pour s’exciter et atteindre le plaisir.
Le saviez-vous ?
Ce n’est pas la taille qui compte! Comme le vagin ne mesure que 12 cm de long en moyenne, un pénis n’a nul besoin d’avoir une longueur importante pour remplir sa fonction, d’autant plus qu’en étant trop grand il peut causer des douleurs. Pour le plaisir des femmes, il est en effet préférable d’avoir un partenaire avec un membre large, permettant une meilleure stimulation des parois vaginales.
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Références
Adapté du livre J’ai envie de comprendre… Ma sexualité (femme), de Ellen Weigand, en coll. avec le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, Ed. Planète Santé, 2013.
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