Plaisir sexuel: bien dans sa tête avant tout
Et si, pour une sexualité épanouie, il était important d’être bien dans ses baskets? À l’instar des pathologies du corps, les difficultés psychiques et les troubles psychiatriques influencent la sexualité, et ce à différents niveaux. L’esprit reçoit toutes les informations perçues par le corps et les interprète. Le sens ainsi attribué détermine les comportements sexuels. Nos pratiques érotiques et affectives sont donc médiatisées par le psychisme. Par conséquent, les difficultés psychiques et les troubles psychiatriques entravent le fonctionnement sexuel.
Les difficultés sont des phénomènes perçus négativement et vécus dans la souffrance. Nous les rencontrons dans des situations de vie particulières, comme la perte d’un être cher, ou face à des expériences subjectives complexes telles que l’émotivité ou les relations à autrui. Ainsi, une émotion intense peut conduire à une interprétation négative d’un stimulus sexuel, ce qui nous conduit à vivre une expérience désagréable. Ensuite, par apprentissage, nous envisageons ce stimulus comme un facteur de stress dans le vécu sexuel. De la même manière, les relations peuvent donner lieu à des incompréhensions et des malentendus qui, lorsqu’ils se maximisent, deviennent des problèmes et créent des blocages.
Les troubles psychiatriques sont des conditions médicales qui décrivent des ensembles de symptômes psychologiques. Les troubles anxieux, la dépression, les problèmes de personnalité ont des influences diverses sur la fonction sexuelle.
Des influences diverses sur la sexualité
Alors que la dépression s’accompagne fréquemment d’un retrait de l’énergie libidinale, l’euphorie pathologique ou l’impulsivité se manifestent souvent par une hyperactivité sexuelle. Les problématiques anxieuses et les fragilités sont fortement corrélées avec des angoisses de performance. Les pensées obsessionnelles se traduisent souvent par une rigidité sexuelle. Autant d’exemples qui démontrent des liens étroits entre sexe et esprit.
Comme le suggèrent les travaux de certains spécialistes1, le désir et l’excitation, deux éléments centraux de la sexualité, sont des phénomènes psychiques. Non seulement les problématiques psychologiques ou les souffrances psychiatriques peuvent court-circuiter la sexualité, mais surtout la sexualité est elle-même une réalité psychologique. Ces dimensions peuvent générer une dysfonction sexuelle et ainsi créer de la souffrance psychique. Par exemple, un homme qui a de la peine à s’exciter en raison de croyances morales risque de présenter un trouble érectile pouvant déboucher sur une réaction dépressive. Dans ce cas, la difficulté sexuelle crée la difficulté psychique.
L’angoisse de performance est un autre exemple. Il s’agit de la peur de ne pas parvenir à effectuer ce que l’individu pense devoir accomplir: atteindre l’orgasme, avoir une bonne érection, tenir longtemps. Chaque personne intègre des normes qui constituent des objectifs à atteindre quand elle a des rapports sexuels. Lorsqu’elle n’atteint pas ces buts, elle ne se sent pas à la hauteur. Survient alors une dévalorisation de soi. Il est ensuite possible d’appréhender chaque rencontre sexuelle comme l’occasion d’échouer.
L’angoisse de performance est ainsi en train de s’installer. Peu à peu, elle se cristallise car la peur et l’anxiété déclenchent un stress physiologique qui inhibe l’excitation et le plaisir. Ce type de cercle vicieux est très fréquent et un soutien sexothérapeutique devient alors une aide précieuse.
Question/Réponse
«J’ai traversé une période de dépression et mon médecin m’a donné un antidépresseur. Aujourd’hui, je vais mieux mais ma libido reste absente. Est-ce que cela va durer?», Fabrice, 43 ans
La baisse ou l’absence de libido est un des signes révélant un épisode dépressif. En médecine sexuelle, elle est même considérée comme un symptôme sentinelle. Cela signifie qu’il s’agit fréquemment de l’une des premières manifestations de ce type de trouble, en particulier chez les individus qui expriment plus facilement leur souffrance au travers du corps qu’à l’aide de mots.
Lorsque l’humeur et le moral sont affectés, différents remèdes sont possibles. La psychothérapie et les médicaments sont les traitements le plus fréquemment indiqués par les psychiatres et les psychologues. Les deux sont efficaces, d’autant plus si on les utilise conjointement. Toutefois, cela dépend également du type de dépression. Quand une médication antidépressive est mise en place, il s’agit de considérer les symptômes les plus dérangeants et de choisir la molécule en fonction de cette évaluation. Il existe en effet un grand nombre d’antidépresseurs et tous n’ont pas exactement les mêmes effets. Chacun d’entre eux possède des vertus curatives et la plupart ont aussi des effets indésirables. Le trouble du désir ou de la libido est un effet courant. Il faut se demander si cette baisse est un symptôme dépressif ou un effet du traitement. Dans le premier cas, le médicament peut aider, en partie du moins. Dans le second cas, lorsque la personne va mieux et que le médicament est retiré, la libido réapparaît. Si tel n’est pas le cas, il faut consulter pour chercher d’éventuels facteurs de maintien. Il se peut que les facteurs déclencheurs aient disparu mais qu’il y ait une raison pour que cette baisse demeure présente. Dans ce cas, le médecin pourra aider à trouver les solutions adéquates.
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1 The sexual desire disorders, par Kaplan HS, New York : Brunner-Routlege, 1995.
Adapté de Questions de sexe. Six ans de questions à deux sexologues, par Laurence Dispaux et Nicolas Leuba, Éditions Planète santé, 2021.
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