Quand la ménopause apparaît
De quoi on parle
Angelina Jolie est porteuse d’une mutation génétique qui l’expose à un risque très important de cancer des ovaires. Pour s’en préserver, elle a décidé de se faire enlever ses ovaires et ses trompes de Fallope. N’ayant plus d’ovaires, l’actrice et réalisatrice est donc entrée en ménopause précoce (à 40 ans). Avant Noël, elle confiait au Daily Telegraph qu’elle avait la chance de connaître peu de symptômes de ce bouleversement hormonal.
C’est le grand changement. La ménopause, le moment où les règles s’arrêtent et où une femme ne peut plus naturellement avoir d’enfants. Une transition qui s’accompagne de nombreux effets physiques et psychologiques, pas toujours bien vécus. En moyenne, la ménopause intervient à 51 ou 52 ans, mais cet âge peut varier de plusieurs années. Certaines femmes la connaissent beaucoup plus tôt que d’autres, qu’elles aient subi une ablation préventive des ovaires comme Angelina Jolie (41 ans en juin prochain) ou que d’autres causes en soient responsables. Pour ne pas être confondue avec des troubles de la menstruation, la ménopause est définie par les médecins comme une absence de règles depuis un an.
«Les femmes disposent à la naissance d’un stock de 1 à 2 millions d’ovules, explique la Dresse Isabelle Streuli, privat-docent et responsable de l’Unité de médecine de la reproduction aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Tout au long de leur vie, ce nombre diminue. Quand il n’y a presque plus d’ovules, le cycle menstruel devient irrégulier et s’espace. Plusieurs mois se passent alors sans règles. C’est à ce moment que débutent les symptômes de la périménopause, période qui entoure la ménopause proprement dite.»
La ménopause n’interdit pas la grossesse
Juste avant Noël, on apprenait que Margarita Louis-Dreyfus, présidente du conseil de surveillance du groupe de négoce du même nom et propriétaire de l’Olympique de Marseille, attendait des jumelles à l’âge de 53 ans. Théoriquement, elle peut ne pas avoir atteint la ménopause, explique la Dresse Wunder, celle-ci intervenant parfois à près de 60 ans –un cas de figure toutefois très rare. «On ne peut donc, en théorie, pas exclure à 100%» qu’un de ses propres ovules soit à l’origine de cette grossesse, poursuit la spécialiste. Néanmoins, c’est très probablement grâce à un don d’ovocytes d’une femme jeune que la grossesse est possible. Si elle survient après la ménopause, une intervention hormonale est nécessaire. «On prépare la muqueuse de l’utérus de la femme porteuse en lui administrant des œstrogènes, détaille la doctoresse, et on stimule les cellules de l’endomètre. L’embryon produit lors d’une fécondation in vitro peut alors s’y implanter.»
Thermomètre déréglé
Ces symptômes sont la conséquence d’une chute du taux d’œstrogènes, les hormones féminines dont l’ovulation stimulait jusque-là la production (voir infographie). Ils peuvent prendre différentes formes, plus ou moins accentuées selon les femmes. Parmi les plus fréquents, une fatigue physique et des douleurs articulaires, ainsi que des difficultés de concentration et de mémoire. On observe aussi des sautes d’humeur, une irritabilité et une tendance à la dépression. Ou encore, une diminution de l’activité et de la satisfaction sexuelles en partie liées à une sécheresse vaginale. La ménopause entraîne aussi une fragilisation des os et un changement de répartition dans le corps de la graisse qui diminue au niveau des cuisses et des fesses pour se concentrer sur l’abdomen. Généralement, ces manifestations débutent un an avant les dernières règles et cessent quelques années après les dernières menstruations, précise la Dresse Dorothea Wunder, privat-docent, gynécologue au Centre de procréation médicalement assistée et endocrinologie gynécologique à Lausanne.
Heureusement, toutes les femmes ne connaissent pas l’ensemble de ces troubles. Le plus fréquent est la bouffée de chaleur: «une sensation de chaleur subite qui commence au niveau du thorax ou du cou puis qui monte brutalement au visage, souvent accompagnée d’une transpiration profuse et parfois de frissons», détaille la Dresse Streuli. Très désagréable, elle est aussi stigmatisante socialement car visible par autrui. «C’est comme si le thermostat du corps était déréglé, explique la Dresse Wunder. Il croit qu’il fait trop chaud et qu’il doit refroidir le corps en transpirant.» Chez certaines femmes, ces bouffées de chaleur peuvent se succéder jusqu’à vingt-cinq fois par jour…
Le traitement hormonal de substitution
Quand les symptômes de la périménopause et de la ménopause sont trop importants et gênent la patiente, un traitement hormonal de substitution (THS) peut être envisagé. Il s’agit de fournir au corps des hormones féminines qu’il ne produit plus suffisamment.
Le THS est efficace contre les différents symptômes, tant physiques que psychologiques (lire ci-dessous) et bien toléré. Mais il a fait polémique ces quinze dernières années. Jusqu’en 2001, il était couramment prescrit, parfois même chez des femmes sans symptômes particuliers. Des études scientifiques ont ensuite montré que les THS augmentaient le risque de maladies cardiovasculaires et celui de cancer du sein et de l’ovaire. Le nombre de prescriptions a alors rapidement chuté.
Pourtant, une substitution hormonale peut toujours être pratiquée. Chez les spécialistes de la ménopause, le consensus est aujourd’hui que l’équilibre entre risques et bénéfices du THS est positif chez les femmes dans les dix années qui suivent la ménopause et avant l’âge de 60 ans, détaille la Dresse Streuli. Le danger le plus important du traitement est l’augmentation du risque de thrombose, poursuit-elle. Il s’agit d’un caillot qui se forme dans une veine. Dans certains cas, il migre et provoque une embolie pulmonaire, dont les conséquences peuvent être graves. Vient ensuite une augmentation du risque de cancer du sein, qui dépend du type de combinaison d’hormones de la substitution. Le risque de cancer de l’ovaire est également accru mais en moindre mesure que celui du sein. Enfin, la substitution hormonale augmente le risque de maladie cardiovasculaire.
Pour qu’elle puisse faire un choix éclairé, ces différents risques doivent être présentés à une patiente qui envisage une substitution. Il faut aussi prendre en compte ses risques de maladie cardiovasculaire ou de cancer du sein ayant d’autres origines. Quoi qu’il en soit, selon l’avis des spécialistes, le traitement hormonal de substitution ne doit pas être tabou. Pour la Dresse Wunder, plutôt que souffrir en silence d’une ménopause difficile, il vaut mieux discuter avec son médecin et décider en connaissance de cause face aux risques qu’il présente. Lorsqu’elle est choisie, précise la Dresse Streuli, la prescription du THS est réévaluée à intervalles réguliers, pour une durée de traitement totale de quelques années généralement.
Un certain impact psychologique
Sur le plan psychologique, la ménopause a de nombreux effets, analyse le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, du département de gynécologie des HUG. «Dans nos sociétés, les femmes qui la traversent sont confrontées à une perte, celle de la fertilité, au passage du temps et à leur propre finitude. C’est parfois une période de solitude et d’abandon, la fin aussi du mythe de la beauté et de la jeunesse éternelles. Tout cela peut créer une crise psychique qui nécessite une adaptation.» Sans compter que les hormones modulent en partie la psychologie des femmes.
«Face à des modifications psychologiques mineures –émotivité, irritabilité, troubles du sommeil– une substitution hormonale peut jouer un rôle très positif», poursuit le spécialiste. Qui prévient toutefois qu’une dépression avérée doit, elle, être soignée spécifiquement.
Tous ces facteurs peuvent avoir un impact sur la libido. Mais, insiste le sexologue, «il faut rassurer et affirmer que l’on peut avoir une vie sexuelle épanouie durant la ménopause. Il faut oser en parler à son médecin car des solutions existent pour les femmes et les couples.»
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