Périménopause: quand des symptômes changent la vie d’une femme
Gwyneth Paltrow, 46 ans, star hollywoodienne en périménopause. Cette actualité a fait la Une de la presse people suite à une vidéo où l’actrice américaine parle de ses symptômes. Bouffées de chaleur et sautes d’humeur, même les célébrités n’y échappent pas! Si le sujet peut paraître anodin, la réalité est tout autre. D’abord parce que la ménopause est un sujet tabou, dont beaucoup de femmes n’osent pas parler. Ensuite parce que cette vidéo met en avant un mot encore peu connu: la périménopause.
On dit qu’une femme est ménopausée quand elle passe une année entière sans avoir ses règles. Les symptômes, eux, peuvent survenir bien avant ce moment. C’est cette période symptomatique qu’on appelle la périménopause, qui signifie étymologiquement autour de l’arrêt des règles. «L’âge moyen de la ménopause est de 51 ans en Suisse, explique la Dre Julie Benard, cheffe de clinique de l’Unité de la reproduction et d’endocrinologie gynécologique des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG). La périménopause peut survenir dans les trois années qui précèdent. Cela dépend bien entendu de chaque femme.» Si certaines passent à travers cette phase sans aucun symptôme, d’autres les expérimentent plusieurs années avant l’arrêt des règles. Une situation tout à fait normale à partir de 40 ans, mais qui peut tout de même être mal vécue.
La chute des hormones
Chaque femme possède dès sa naissance une réserve limitée de cellules reproductrices dans ses ovaires. Une fois ce stock de futurs ovules épuisé, les ovaires cessent de fonctionner, ce qui cause la ménopause. Les hormones produites par les ovaires, notamment les œstrogènes et la progestérone, diminuent progressivement. C’est cette diminution qui induit les symptômes de la périménopause. Bien que les probabilités soient faibles, il est possible de tomber enceinte à cette période, la réserve ovarienne n’étant pas encore épuisée.
Pour comprendre les symptômes de la périménopause, il faut se pencher sur le rôle des hormones féminines. Les œstrogènes interviennent à divers endroits de notre corps. Impliqués dans la régulation de la chaleur corporelle, la lubrification du vagin et l’élasticité de la peau, ils jouent aussi un rôle important dans le maintien de la densité osseuse, en aidant à fixer le calcium. Ils agissent dans la répartition de la graisse sur le corps, favorisant sa fixation au niveau des hanches. Quand ces hormones diminuent, tous ces mécanismes sont déréglés. On retrouve alors les fameuses bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale, le changement de texture de la peau, l’ostéoporose et la prise de poids au niveau du ventre.
Un cap symbolique
Face à cette liste de symptômes, on comprend aisément le bouleversement qu’induit la périménopause. «C’est une période où le corps change. Ce qui demande à la femme un réaménagement de l’image qu’elle entretenait avec son corps jusqu’alors», développe Emilie Snakkers, psychologue à l’Unité de médecine de la fertilité et d’endocrinologie gynécologique du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). D’autant que certains symptômes sont difficiles à cacher, comme les rougeurs au visage ou la transpiration abondante. Un véritable handicap social pour la femme, qui peut provoquer l’isolement. D’un point de vue symbolique, certaines femmes considèrent la périménopause comme un signe de vieillissement. La fin de la fertilité est vécue comme une réduction de liberté et de choix. Une perte de potentialité d’autant plus difficile à gérer qu’elle coïncide souvent avec d’autres événements clés, comme le départ des enfants ou l’approche de la fin de la carrière.
Un cap difficile à passer, qui est accompagné de symptômes psychologiques. Les femmes se plaignent souvent d’une baisse de la libido, qui peut représenter une gêne considérable dans le couple. Pour certaines, des troubles de la concentration et du sommeil interviennent, ainsi que des sautes d’humeur. Ces changements, associés à la fluctuation des hormones, font de la périménopause une période durant laquelle les femmes sont plus à risque de souffrir de dépression. «Les symptômes en lien avec la chute des œstrogènes s’apparentent parfois à ceux de crises d’angoisse (ruminations anxieuses, palpitations, maux de ventre et de tête) ou à ceux d’un état dépressif (tristesse, repli sur soi, anxiété, troubles du sommeil et de l’alimentation)», explique Emilie Snakkers.
Mieux vivre ses symptômes
Mais pas de panique! Ce vécu difficile n’a rien d’un passage obligé de la périménopause. Tout dépend de facteurs environnementaux et génétiques. Certaines femmes ne s’aperçoivent même pas qu’elles vivent leur périménopause. Et pour celles qui expérimentent une ou plusieurs manifestations physiques ou psychologiques, il existe des manières de vivre au mieux cette période.
Une bonne hygiène de vie permet de diminuer certains symptômes. Par exemple: éviter le tabac, l’alcool et les plats épicés, qui favorisent les bouffées de chaleur. Et pratiquer régulièrement un sport, ce qui a l’avantage de limiter la prise de poids et de renforcer son squelette. Enfin, pour aider à gérer le stress et les angoisses, la méditation, l’hypnose ou l’acupuncture peuvent se montrer utiles.
Côté médicaments, plusieurs options peuvent être proposées. «La phytothérapie permet dans certains cas de soulager les symptômes, affirme la Dre Julie Benard. Il existe aussi des hormones de substitution, mais il faut bien garder en tête la balance bénéfices-risques dans ce cas.» Le traitement hormonal a en effet été pointé du doigt, car il augmenterait le risque de cancer du sein. Un contrôle est nécessaire pour déterminer l’éventuelle présence de contre-indications, et la patiente sera suivie tout au long du traitement.
Mais la meilleure manière de mieux vivre cette période reste d’en parler. Il s’agit d’un phénomène parfaitement ordinaire, qui ne devrait provoquer ni honte ni isolement. Que ce soit avec des amies, un psychothérapeute ou via les séances d’information que dispensent certaines institutions, la discussion permet d’envisager la périménopause avec bienveillance et acceptation.
Dans la peau d’une femme de 50 ans
«La ménopause représente la fin d’une belle période. Et la fin de quelque chose, ce n’est jamais drôle, témoigne Alice*. Tu te retournes sur les années écoulées, ce qui te ramène forcément à la fin de ta vie.» Pour cette quinquagénaire, la périménopause s’accompagne d’un véritable changement intérieur, plus difficile à vivre que les symptômes physiques. Le plus dur: une baisse de la libido, qui représente un véritable défi pour le couple ainsi qu’une remise en question de sa féminité.
C’est justement l’inquiétude pour sa féminité qui a poussé Lina*, 53 ans, à se tourner vers le traitement hormonal. «Je suis consciente des risques qu’engendre ce traitement, souligne-t-elle. Mais il est important pour moi d’être bien dans mon corps. Le traitement me permet de me sentir encore belle et en bonne santé, en diminuant certains symptômes comme la perte d’élasticité de la peau.»
Alice et Lina s’accordent sur l’importance de la parole durant cette période. La solidarité féminine fait particulièrement sens pour partager son expérience. «Parfois, je vois une collègue rouge écarlate, qui demande à ouvrir la fenêtre alors que la température de la pièce atteint à peine les 18 °C, sourit Alice. Ça fait du bien de voir qu’on n’est pas la seule dans cette situation.»
* Prénom d’emprunt.
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Paru dans Le Matin Dimanche le 09/12/2018.
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