Epanouie sexuellement, même à la ménopause!
La croyance selon laquelle la sexualité féminine finit avec le début de la ménopause est encore très répandue au sein de notre société. Parmi les causes principales des difficultés sexuelles qui peuvent l’accompagner, on trouve les représentations et les attributions négatives de la ménopause. Pourtant, le plaisir sexuel ne disparaît pas une fois ménopausée. On observe même que certaines craintes et gênes disparaissent, comme la peur de tomber enceinte ou la gêne de la menstruation, ce qui peut aider à s’épanouir encore plus.
Le tabou de la sexualité des seniors
La sexualité des seniors reste encore taboue, ne serait-ce que parce qu’elle nous renvoie à celle de nos parents. Et notre société mue par le jeunisme ne peut concevoir qu’un couple, et encore moins une femme âgée de plus de 50, 60, voire 80 ans, puisse toujours avoir une vie intime, satisfaisante de surcroît. Certains considèrent même cela comme pervers, anormal. A l’inverse, depuis peu est né un nouveau modèle de femme: la femme cougar, prédatrice d’âge mûr promettant de folles expériences sexuelles grâce à son grand savoir-faire en la matière.
Qu’elle soit débridée ou moins intense, il n’existe pas de «date limite» pour la sexualité de la femme (ou de l’homme). En général, elle évolue et s’enrichit même avec l’âge. Une étude américaine publiée en 2012 a ainsi révélé que ce sont à la fois les femmes les plus jeunes et les plus âgées –de plus de 80 ans– qui évoquent les jouissances les plus intenses.
Cette étude a même montré que non seulement la ménopause et l’après-ménopause ne signifient pas la fin de la sexualité féminine active, mais encore que la jouissance peut devenir à la fois plus intense et plus fréquente l’âge avançant.
Croyances néfastes
En réalité, ce sont donc surtout les croyances et les fausses représentations sur l’âge, comme celles sur la ménopause, qui peuvent dégrader la sexualité des plus de 50 ans. Pour s’en convaincre, rappelons qu’il existe des sociétés où les femmes ne souffrent pas des symptômes de cette transformation du corps et du métabolisme. Cette étape de la vie n’y est pas considérée comme «l’âge critique» ni forcément synonyme de morosité, anxiété, absence de désir, fin de la féminité. Certaines peuplades perçoivent d’ailleurs la fin de la possibilité de procréer comme une renaissance pour la femme d’âge mûr, alors considérée comme meilleure épouse qu’une plus jeune.
Vulnérabilité
Les troubles sexuels pouvant être liés à la ménopause (sécheresse vaginale, dyspareunie, troubles du désir notamment) sont ainsi souvent induits par une certaine vulnérabilité de la femme, due à plusieurs facteurs. Elle se sent soudain devenue inutile, dépossédée de sa féminité, vieillie. Son corps change et elle tend à prendre du poids dont elle peine plus à se défaire. Sans oublier qu’elle est ainsi renvoyée au temps qui passe et à sa mort. Tout ceci explique qu’un certain nombre de femmes tombent en dépression durant cette période.
Mais les femmes ne ressentent pas forcément toutes les symptômes de la ménopause. Certaines les vivent de manière plus ou moins intense, d’autres n’en ont que très peu. D’autres encore en prennent leur parti pour traverser au mieux cette période, sans dramatiser en ayant recours, le cas échéant, aux traitements (hormonaux notamment) à disposition.
Un tabou pour les médecins aussi
La sexualité des personnes âgées reste aussi un tabou pour le monde médical. Les médecins posent ainsi très peu de questions sur la sexualité de leurs patients âgés, comme l’a montré une étude publiée en 2007. Seuls 7% des femmes et 32% des hommes ont rapporté avoir été questionnés à ce sujet par leur médecin, et 32% des femmes et 86% des hommes, âgés en moyenne de 81 ans, aimeraient pouvoir en parler.
Ce qui change vraiment avec l’âge
Même si l’âge avançant ne signifie pas la fin d’une vie sexuelle satisfaisante, il peut impliquer certains changements. Les connaître permet de mieux les vivre, de faire évoluer et adapter sa sexualité à son âge, et aussi de prévenir ces transformations. Les principaux facteurs physiques dus à la ménopause peuvent être la sécheresse vaginale, des bouffées de chaleur, une diminution du désir, entre autres. La femme peut également avoir besoin de plus de temps pour s’exciter et atteindre l’orgasme et subir quelques troubles physiques tels que douleurs, prise de poids, problèmes cardiovasculaires, baisse de la résistance physique, fatigue, etc.
D’autres facteurs, plutôt d’ordre psychologique et relationnel, peuvent également surgir avec la ménopause. Parmi eux, on notera parfois un état d’esprit négatif se traduisant par de l’anxiété, de la dépression, une nostalgie du passé, la peur de vieillir, le poids des idées reçues, du pessimisme.
La période de la ménopause peut aussi être accompagnée par le vieillissement physique du partenaire qui le rend moins désirable ou moins performant sexuellement (par exemple dysfonctions érectiles).
En tous les cas, quel que soit le problème sexuel, la femme qui en souffre devrait consulter un médecin, voire un sexologue, au lieu de l’accepter comme une fatalité inéluctable due à son âge et à celui de son partenaire, et qui serait «normale» dans un «vieux couple».
Rester sexuellement active au troisième âge
Vivre une sexualité active permet de rester plus longtemps en meilleure santé et a également une forte influence positive sur le bien-être général et sur les fonctions intellectuelles, notamment la mémoire.
A noter qu’il existerait également chez l’homme et la femme un principe de continuité dans la sexualité: plus on serait actif sexuellement durant sa vie, plus on le resterait l’âge avançant. A l’inverse, si le sexe n’est pas un aspect important, voire ennuyeux vers l’âge de 30 ans, cela ne devrait guère changer en vieillissant.
Préserver sa vie sexuelle
Connaître et comprendre l’évolution de son corps et de sa sexualité avec l’âge constitue déjà un premier pas important pour améliorer sa vie sexuelle et rester actif le plus longtemps possible.
La qualité de la relation, le fait de préserver la tendresse et la perception du désir de l’autre constituent d’autres facteurs essentiels à l’épanouissement sexuel même après l’âge de la retraite. Ainsi, toujours selon l’étude américaine citée plus haut (publiée en 2012), les femmes qui ne sont pas sexuellement actives ont pu atteindre la satisfaction sexuelle par le toucher, les caresses, ou à travers d’autres gestes de l’intimité développés au cours d’une longue relation.
Se connaître soi-même, être conscient des changements, de ses envies et de ses besoins et les communiquer à son partenaire constituent donc le meilleur moyen pour préserver sa vie sexuelle. Il est ainsi recommandé d’en parler sans tabou avec son partenaire en lui indiquant ses attentes, tout comme les changements qui se passent dans son corps et influant sur ses capacités. On peut aussi explorer de nouvelles manières de rester physiquement intimes: même si les rapports sexuels ne sont pas possibles (pour cause de maladie, de handicap), il est important de continuer à se toucher, à rester en contact physique et d’avoir une intimité émotionnelle. Et si la sexualité a été impossible durant un certain temps (pour cause de maladie, etc.), et que par gène, pudeur, on n’ose plus ou ne sait comment faire le premier pas, il ne faut pas hésiter à demander aide et conseil à un spécialiste.
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Extrait de J’ai envie de comprendre… Ma sexualité (femme), de Ellen Weigand, en collaboration avec le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, Ed. Planète Santé, 2013.
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