Des cheveux, des hommes… et des femmes
Est-ce une fatalité? Et d’abord, à qui s’adresser lorsque cela arrive? A son coiffeur, à un médecin?
«La calvitie est une vraie pathologie médicale lorsqu’elle est liée à des démangeaisons, des saignements, ou lorsque la chute est soudaine. En fait, il ne faut pas s’alarmer quand on perd ses cheveux mais plutôt quand cela se passe de manière inhabituelle», résume Pierre de Viragh, dermatologue et spécialiste du cheveu à Zurich, consultant au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne et à l’Hôpital de l’Isle à Berne.
Les cheveux coupés en quatre
- 100 000 à 150 000, c’est le nombre de follicules pileux que comporte en moyenne le cuir chevelu
- 200 000 pour les cheveux roux
- 110 000 pour les cheveux noirs
- 4 à 7 ans, c’est le cycle du cheveu chez la femme
- 2 à 4 ans, sa durée de croissance chez l’homme
- 0,7 à 2 centimètres par mois, la vitesse de pousse du cheveu
- 10 mètres, la pousse des cheveux en une vie
- Plus de 900 kilomètres, nos cheveux mis bout à bout
- 100-300, le nombre de cheveux par cm2
Causes médicales
La consultation peut s’avérer particulièrement importante selon les cas. Le lichen planopilaire, par exemple, provoque une affection inflammatoire de la peau qui entraîne la chute irréversible des cheveux et laisse des cicatrices. Il importe donc de mettre rapidement un traitement en route. En effet, le lichen se traite, sans garantie de succès toutefois. Les traitements, qui sont complexes et lourds, doivent être adaptés à chaque patient, ce qui nécessite une intervention spécialisée du dermatologue. On pense à un lichen en présence de croûtes et de rougeurs sur le cuir chevelu, et de petites plaques alopéciques.
Certaines infections du cuir chevelu peuvent également provoquer une chute des cheveux, on les traite alors avec des antibiotiques et les cheveux repoussent si le traitement n’est pas retardé. La syphilis peut aussi être à l’origine de trous dans la chevelure qui ne provoquent ni douleur ni démangeaison. Enfin différentes carences, notamment en fer, peuvent accentuer la chute des cheveux.
Les causes médicales de l’alopécie ont donc des origines variées et demandent parfois un diagnostic assez affûté, d’où l’intérêt de s’adresser à un médecin spécialisé.
La calvitie commune
La calvitie courante dite hippocratique se manifeste le plus souvent en forme de tonsure de moine. Peut-on raisonnablement la combattre ou faut-il se rendre à la formule de Groucho Marx: «Pour éviter la chute des cheveux, je fais un pas de côté!»?
Pour les hommes qui supportent mal de perdre leurs cheveux, il existe deux types de traitements. Le premier, le minoxidil, a été conçu pour traiter l’hypertension artérielle par voie orale. Puis il a été développé en lotion capillaire en raison de ses effets secondaires sur le développement de la pilosité, observé chez les personnes traitées. «On ne sait pas exactement comment ce médicament agit, mais il a une certaine efficacité. Toutefois les hommes ont de la peine à s’astreindre à son application biquotidienne. Le minoxidil ne provoque pas d’effets secondaires, si ce n’est, très rarement, une réaction allergique. Il est actuellement en vente libre. Mais dès que le traitement est suspendu, la situation revient à son point de départ», explique Pierre de Viragh.
Le second traitement, le Propecia (principe actif finastéride), inhibe l’enzyme qui transforme la testostérone dans sa forme active, la dihydrotestostérone (DHT). Celle-ci a notamment pour effet de faire tomber les cheveux et de favoriser la croissance de la prostate. Ce traitement agit donc sur les causes hormonales de la calvitie, mais peut avoir comme effet secondaire, très rare il est vrai, l’impuissance. Il pourrait être aussi la cause de cancer du sein chez l’homme. A l’arrêt du traitement ses effets s’estompent plus lentement que ceux du minoxidil, mais malgré tout, pour que les effets perdurent, il faut continuer à prendre le médicament. «C’est donc un traitement à vie», estime le professeur Wolf-Hennig Boehncke, médecin-chef du Service de dermatologie et vénérologie aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).
«Ce traitement peut permettre de stabiliser la situation mais pas de revenir à la situation de départ, estime-t-il. Il altère le métabolisme de la testostérone. Je pense que l’on ne connaît pas assez bien les risques que cela représente sur le long, voire très long terme. Certains hommes, pour qui la perte de cheveux constitue un problème important, sont d’accord de courir ce risque. Pour ma part, je ne fais pas de prescription. Mais je parle de cette possibilité à mes patients et ils peuvent facilement obtenir une ordonnance d’un collègue.»
Types de calvities
Calvitie hippocratique ou androgénétique
Très répandue, elle touche en particulier les hommes et peut commencer très tôt, à l’âge de vingt ans dans certains cas. Elle est liée à une hypersensibilité du follicule pileux à la testostérone, l’hormone mâle. Elle a une importante composante génétique et ethnique. Selon les statistiques, les Marocains ou les Italiens par exemple, perdent plus facilement leurs cheveux que les Norvégiens ou les Asiatiques. Ils sont en contrepartie plus poilus, car la testostérone favorise la pousse des poils. Pour les Africains, les chiffres manquent.
Après la ménopause, les femmes peuvent aussi développer ce type de calvitie de manière atténuée.
Alopécie (pelade)
La chute de cheveux se fait par plaques, elle peut évoluer vers une alopécie totale, sourcils et poils compris. Les causes peuvent être dermatologiques mais les facteurs émotionnels pourraient également jouer un rôle.
Effluvium télogène
Il s’agit d’une chute massive par induction d’une phase de repos du cheveu, comme cela peut arriver par exemple après un accouchement ou lors d’un stress important. Dans les deux cas, le phénomène est réversible. Des problèmes thyroïdiens, voire une carence en fer peuvent aussi provoquer cette chute massive. La chimiothérapie provoque unEffluvium anagène:un phénomène semblable au télogène, mais plus dramatique car les cheveux sont attaqués en phase de croissance.
L’échelle de Ludwig
On évalue l’alopécie chez la femme selon un système appelé «échelle de Ludwig».
1. On ne réalise la diminution de la masse capillaire qu’en effectuant un examen approfondi. Une évolution normale dès l’âge de 30 ans chez la majorité des femmes.
2. On ne voit pas de différence d’épaisseur à distance. La raie sur le haut du crâne est un peu plus large, la queue-de-cheval devient plus mince. Une évolution normale, dès la ménopause.
3. Sur la même zone, le cuir chevelu devient visible à un mètre de distance. Les cheveux ont perdu de leur volume sur le sommet du crâne. Une situation normale à partir de 70 ans.
Dans tous ces cas, il est possible de traiter l’alopécie.
Transplantation
On peut aussi recourir à la transplantation, pour autant qu’elle soit effectuée de façon sérieuse. C’est-à-dire en anticipant l’évolution de la calvitie. Il serait du plus mauvais effet d’implanter par exemple quelques rangées de cheveux sur le front, qui finiraient isolés après la chute des autres cheveux.
Et les femmes? Elles perdent aussi leurs cheveux, souvent en raison de la ménopause. Mais cela peut aussi arriver à de jeunes femmes, ce qui est particulièrement difficile à vivre. «Cela vaut la peine de leur proposer un traitement topique à base d’œstrogènes», estime le professeur Boehncke.
Autre possibilité, un ajustement du traitement contraceptif. En effet, les micropilules de la première génération amplifient la chute des cheveux. Elles sont à nouveau très utilisées aujourd’hui en raison des risques de thrombose que font courir des pilules plus récentes, type Yasminae ou Diane 35. Pourtant ces dernières sont efficaces pour lutter contre la chute des cheveux: un avantage non négligeable pour les jeunes femmes affectées. Dans ce cas, dermatologue et gynécologue doivent travailler ensemble pour peser les risques et avantages du traitement.
Une observation valable également pour les traitements de substitution, amis ou ennemis de la chevelure, selon leur composition.
Le rôle des prostaglandines
Une recherche parue dans la revue américaine Science Translational Medicine du 21 mars 2012, montre le rôle d’une molécule, la prostaglandine D2, dans la chute des cheveux. Cette molécule se retrouve en effet en forte concentration dans les follicules pileux des crânes dégarnis. On ne sait pas encore cependant si elle est la cause ou le résultat de la chute des cheveux. Des souris génétiquement modifiées pour produire des taux élevés de prostaglandines D2 ont en tout cas perdu leurs poils. L’expérience a été ensuite poursuivie sur d’autres souris sur lesquelles des cheveux humains avaient été transplantés, et ceux-ci sont tombés lorsque les rongeurs ont reçu des prostaglandines D2. Ces expériences tendent donc à montrer que la molécule inhibe la pousse des cheveux. Les chercheurs espèrent trouver le moyen de bloquer sa production, et par là, peut-être, prévenir ou guérir la calvitie androgénétique.
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