Un autre choix que la pilule?
La médiatisation récente des complications possibles liées à l’utilisation des pilules de dernières générations a marqué les consciences, en particulier chez les jeunes femmes. Un constat que partagent les Doctoresses Malgorzata Kempf Haber, médecin-cheffe co-responsable du service de gynécologie-obstétrique du Groupement hospitalier de l’Ouest lémanique (GHOL), et Gabrielle Cissé-Gerelle, médecin cheffe de clinique à la Consultation de gynécologie-obstétrique et de gynécologie de l’adolescence du GHOL. La pilule reste le moyen de contraception le plus prescrit, mais l’intérêt pour les autres méthodes contraceptives est grandissant. Il est vrai que la pilule n’est pas toujours le contraceptif le plus indiqué, en raison de ses contre-indications: maladies sous-jacentes personnelles ou familiales (thrombose, par ex.) ou combinaison de facteurs de risque (tabagisme, âge, hypertension, surpoids, par ex.). Les problèmes liés à la prise (oubli par ex.) peuvent aussi jouer un rôle. Les patientes sont parfois gênées par des effets secondaires qui y sont associés (modification de l’appétit, tension dans les seins, baisse de la libido).
Les autres contraceptifs hormonaux
Dans le large panel des méthodes contraceptives, il faut distinguer les méthodes hormonales des non-hormonales. Dans la première catégorie figurent le patch et l’anneau vaginal, qui ont le même mécanisme d’action que celui de la pilule (mêmes effets, mêmes contre-indications), mais qui diffèrent par leur voie d’absorption. Collé sur la peau, le patch diffuse les hormones par voie cutanée de manière continue. On doit le changer chaque semaine. «Le risque de décollement et sa visibilité, surtout en été, peuvent être gênants», rapportela Dresse Kempf.
Plus confidentiel, l’anneau diffuse de faibles doses d’œstrogène et de progestatif dans le vagin, trois semaines durant.Invisible et confortable –à condition de supporter l’idée d’avoir cela dans le vagin–, il convient particulièrement aux femmes sujettes aux oublis de pilule ou qui souffrent de troubles digestifs. Le dispositif intra-utérin (DIU) Mirena© libère en continu un progestatif dans l’utérus. Avec ce contraceptif de longue durée, les règles deviennent moins abondantes –voire disparaissent– et la femme n’a plus besoin de se préoccuper de sa contraception durant cinq ans. Mais parfois, les saignements deviennent anarchiques et des troubles de l’humeur ou de la libido peuvent survenir.
QUELQUES MESURES RADICALES
Les femmes et les couples qui ne désirent plus avoir d’enfants peuvent opter pour des mesures plus radicales: la stérilisation. Chez la femme, elle consiste en la ligature des trompes. Chez l’homme, il s’agit de la vasectomie, soit la section des canaux qui acheminent les spermatozoïdes. Ces méthodes chirurgicales sont à considérer comme irréversibles.
LES DERNIÈRES NOUVEAUTÉS
Dans le champ des nouveautés, il existe des dispositifs intra-utérins s’adressant tout particulièrement aux jeunes femmes n’ayant jamais accouché. Ces nouveaux dispositifs plus petits, en forme de «T», ou de boule, ont l’avantage d’être moins irritants et de provoquer des règles moins abondantes et moins douloureuses.
DOUBLE PROTECTION POUR LES ADOLESCENTS
Chez l’adolescente, la pilule peut être prescrite en première intention pour régler les troubles du cycle, notamment. Les bénéfices et risques liés à la pilule doivent être abordés lors des consultations. Ainsi que le risque d’infections sexuellement transmissibles. Une double protection (contraceptif et préservatif) est fortement recommandée.
Implant et injection
L’implant, lui, se pose sous la peau et y reste trois ans. «On le prescrit notamment après plusieurs échecs contraceptifs, déclare la Dresse Kempf. C’est une option sans œstrogènes». Certaines femmes rapportent toutefois des problèmes d’acné et de prise de poids. Pour éviter la prise quotidienne de la pilule, il existe aussi l’injection intramusculaire de progestatif, tous les trois mois. A terme, les règles peuvent disparaître. Les effets secondaires sont nombreux et le retour à la fertilité peut prendre du temps.
Les moyens mécaniques
Le DIU en cuivre est idéal pour les femmes qui ne prévoient pas de grossesse à court terme. «Autrefois réservé aux femmes ayant eu des enfants, les DIU sont, aujourd’hui, également proposés aux femmes nullipares», précise la Dresse Cissé-Gerelle. Le DIU offre un sentiment de liberté –on ne le voit pas et on ne le sent pas. Il est apprécié par les femmes qui désirent retrouver leur corps et ses fluctuations naturelles.
Rapports occasionnels
Bon marché et disponible partout, le préservatif protège également des infections sexuellement transmissibles. C’est une solution adéquate en cas de rapports sexuels occasionnels. Mais en cas de mauvaise utilisation ou s’il glisse ou se déchire, il expose à une grossesse non désirée. Pilule ou pas, avant de faire son choix, il vaut la peine d’en discuter en détail avec son gynécologue, et de choisir en fonction de son âge, de ses besoins et de son style de vie.
RENONCER À LA CONTRACEPTION CLASSIQUE, UNE BONNE IDÉE?
Opter pour une contraception dite «naturelle» est un choix parmi d’autres. Pour éviter une grossesse non planifiée, il s’agit de repérer la période d’ovulation et d’éviter les rapports sexuels durant cette fenêtre de fertilité. Plusieurs méthodes ont été décrites, chacune se fondant sur l’observation de signaux du corps, tels que la courbe de la température basale, la consistance de la glaire cervicale (méthode Billings), la position du col de l’utérus, le calcul de la fenêtre fertile en fonction de la date des dernières règles et de la longueur habituelle des cycles (méthode dite du calendrier ou Ogino-Knaus) ou encore la méthode sympto-thermique qui combine plusieurs paramètres d’observation, et qui serait de ce fait plus sûre que les autres. Le retrait du pénis avant l’éjaculation fait également partie de ce qu’on appelle également la «planification familiale naturelle». Mais attention: la sécurité contraceptive de ces méthodes est toutefois très discutée. Une discipline stricte doit être observée, car pour être efficaces, elles ne tolèrent, dans la pratique, aucun compromis. C’est pourquoi elles sont déconseillées à toutes celles qui veulent absolument éviter une grossesse. Elles conviennent davantage aux couples qui pourraient accueillir une grossesse inattendue.