La gonorrhée résiste de plus en plus aux antibiotiques
(TEXTE Aude Raimondi)
La gonorrhée touche aujourd’hui plus de 78 millions de personnes dans le monde. Cette maladie sexuellement transmissible (MST) affecte principalement les jeunes, entre 15 et 25 ans. Elle n’est pas mortelle, mais peut entraîner de très sérieuses complications si elle n’est pas traitée de manière efficace. La gonorrhée peut notamment provoquer des complications gynécologiques graves, comme des problèmes de stérilité, des avortements spontanés ou encore des grossesses extra-utérines. Elle touche l’appareil urogénital et peut se manifester par des écoulements de pus du vagin chez la femme ou de l’urètre chez l’homme. Cependant, elle est parfois asymptomatique et donc relativement difficile à diagnostiquer. Les antibiotiques permettent de traiter efficacement cette MST. Malheureusement, la bactérie à l’origine de la maladie (appelée gonocoque) est très rapide dans sa mutation. Par conséquent, la gonorrhée montre actuellement des résistances dans pas moins de 77 pays. «Cette résistance n’est pas nouvelle, constate Emilia Lyriol, responsable du projet MST au Global antibiotic research and development partnership (GARDP). Depuis les années quarante, toutes les classes d’antibiotiques utilisées ont conduit à des résistances et ont dû être abandonnées. Aujourd’hui, nous n’avons plus qu’une dernière ligne de traitement efficace. Or, lorsque celui-ci va échouer, ce qui n’est qu’une question de temps, il n’existera plus de médicament capable de traiter cette infection.
Afin de palier cette situation inquiétante, trois nouveaux antibiotiques sont actuellement en cours de développement. Le GARDP, qui a pour mission de mettre au point des antibiotiques pour lutter contre les bactéries résistantes, travaille au développement de l’un d’eux. «Nous essayons de combiner des antibiotiques plutôt que de travailler sur une monothérapie, explique Emilia Lyriol. De plus, ce médicament sera spécifique au traitement de la gonorrhée, ce qui n’est pas le cas des antibiotiques actuels qui sont aussi utilisés pour traiter d’autres pathologies».
A noter que le port du préservatif reste essentiel pour prévenir la transmission de la gonorrhée et des maladies sexuellement transmissibles en général.
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Les explications d'Emilie Alirol, responsable du projet MST au Global antibiotic research and development partnership (GARDP), interrogée par Adrien Zerbini.
Drugs for Neglected Diseases initiative