Des progrès dans la prise en charge du syndrome des ovaires polykystiques

Dernière mise à jour 11/11/15 | Article
Des progrès dans la prise en charge du syndrome des ovaires polykystiques
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une maladie fréquente chez les femmes en âge de procréer. Le diagnostic de cette maladie multiforme est complexe mais le perfectionnement des techniques d'imagerie et les innovations thérapeutiques ont amélioré sa prise en charge.

Le SOPK est la maladie la plus fréquente diagnostiquée chez les femmes en âge de procréer. Les premiers symptômes peuvent apparaître dès les premières règles ou chez la jeune femme adulte. Chez ces patientes, les ovaires produisent une quantité anormalement élevée d’hormones sexuelles mâles, appelées «androgènes», comme la testostérone. L’excès d’androgènes perturbe l'ovulation à chaque cycle menstruel et provoque la transformation des ovules en kystes, c'est-à-dire en petites poches remplies de liquide. Les kystes s'accumulent dans l’ovaire qui change de volume. Les causes de ce syndrome sont inconnues mais il existe certainement une composante génétique car des formes héréditaires du SOPK ont été observées.

Large éventail de symptômes

La liste des symptômes associés au SOPK est longue. Ils affectent l'abondance des règles, la taille des ovaires, la fertilité, le métabolisme, la pilosité et la peau, et peuvent varier d'une patiente à l'autre. Selon les recommandations émises en 2014 et 2015 par les sociétés américaine et européenne d'endocrinologie, au moins deux des trois signes cliniques suivants doivent être constatés pour diagnostiquer la maladie: une production élevée d'hormones mâles dans les ovaires, appelée en clinique «hyperandrogénie»; une ovulation moins fréquente voire absente lors du cycle menstruel qui devient irrégulier; une modification de la forme des ovaires, mesurée par échographie.

Le trouble le plus fréquemment lié à l'hyperandrogénie est une forte pilosité sur tout le corps appelée hirsutisme, qui se retrouve chez 70% des femmes avec un SOPK. Il a été démontré que l'hirsutisme était associé à des anomalies métaboliques, notamment à un dysfonctionnement dans la gestion du taux de sucre dans le sang. L'apparition de boutons d'acné ou la chute des cheveux sont aussi des signes d'hyperandrogénie.

Diagnostic étape par étape

Le diagnostic de SOPK est complexe dû à la grande hétérogénéité des symptômes d’une patiente à l’autre. L'évaluation des trois critères principaux – notamment celle de l'hyperandrogénie – pour établir le diagnostic d'un SOPK requiert beaucoup d’expérience de la part du clinicien qui doit parfois reconstruire l’histoire médicale de la famille. Les manifestations cutanées (acné, pilosité) par exemple peuvent être difficiles à évaluer car elles dépendent directement des origines ethniques de la patiente.

Le spécialiste doit aussi éliminer d’autres causes éventuelles de l’excès d'androgènes chez la femme ou des troubles du cycle menstruel. Par exemple, une tumeur qui fabrique des androgènes pourrait expliquer la progression rapide de troubles tels que l'hirsutisme, le changement de voix ou le grossissement du clitoris. Une anomalie du fonctionnement de la thyroïde, une glande située dans le cou, peut aussi expliquer la présence excessive d’androgènes.

A contrario, l'hirsutisme n'est pas toujours en lien avec une anomalie ovarienne. C'est pourquoi la mesure du taux d'hormones sexuelles mâles présentes dans les ovaires est un examen complémentaire pour évaluer cliniquement l'hyperandrogénie. L'interprétation du dosage, notamment celui de la testostérone, reste cependant compliquée. En particulier, les taux mesurés varient parfois d'un laboratoire à l'autre en fonction de la méthode utilisée.

Imagerie 3D et nouveaux médicaments

Le domaine qui a le plus évolué ces dernières années pour l'évaluation de la maladie est l'imagerie des ovaires, notamment grâce à l'émergence de l'échographie tridimensionnelle (3D). Cette avancée technologique a permis d'améliorer la précision du comptage des ovules non matures (follicules) et des kystes, ainsi que de la mesure du volume ovarien chez les femmes atteintes ou non du SOPK.

Concernant les traitements, l’hyperandrogénie, les irrégularités du cycle menstruel et surtout l'infertilité font l'objet de thérapies spécifiques distinctes. La contraception hormonale permet de soigner l'excès d'hormones mâles et les cycles irréguliers. Si celle-ci est contre-indiquée, on peut envisager d’autres traitements comme les inhibiteurs d'androgènes ou des interventions mécaniques – avec un laser par exemple – pour soigner l'hirsutisme. L'infertilité était traitée jusqu'à présent avec un médicament appelé clomifène citrate qui induit l'ovulation. D'autres molécules prometteuses ont émergé récemment. C'est le cas du létrozole qui a été démontré plus efficace que le clomifène dans une étude américaine publiée en 2014 dans leNew England Journal of Medicine.

Enfin, la perte de poids chez les patientes obèses ou en surpoids n'améliore pas les symptômes cutanés du syndrome ovarien mais elle est bénéfique pour les troubles du métabolisme et l'infertilité. Elle n'a aucun effet avéré chez les patientes de poids normal.

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Références

Adapté de: «Syndrome des ovaires polykystiques: quoi de neuf?», Dr Maria Mavromati et Pr Jacques Philippe, Service d'endocrinologie, diabétologie, hypertension et nutrition, Département des spécialités de médecine, HUG. In Revue Médicale Suisse 2015; 11:1242-5. En collaboration avec les auteurs.

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