Don d’organe: dites-le avec votre smartphone
Etes-vous pour ou contre le don d’organe? Depuis peu, vous avez la possibilité de le faire savoir grâce à Echo 112, une application pour smartphone gratuite sur l’App Store ou sur Google Play – et également conçue pour y enregistrer des informations sur le patient en cas d’urgence – développée par Jocelyn Corniche, médecin anesthésiste au Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) et à la Rega. Peuvent y figurer votre nom, votre date de naissance, votre prise de position sur le don et les organes que vous seriez prêt, ou non, à donner. Et si vous changez d’avis, vos données peuvent être rapidement mises à jour.
Ce passage au numérique –la carte traditionnelle en papier reste valable– a pour ambition d’améliorer les tristes statistiques suisses en la matière: sur 110 donneurs, en effet, seuls trois sont porteurs d’une carte. Plus éloquent encore, la Suisse ne compte que treize donneurs par million d’habitants, se plaçant ainsi loin derrière la moyenne européenne (20/1 million). Pour Philippe Eckert, membre du Comité national du Don d’organe, «qu’on y soit ou non favorable, le plus important est de se prononcer». Car si notre pays compte aussi peu de donneurs, c’est parce qu’en l’absence de prise de position connue, 50 à 60% des familles de victimes s’opposent à tout prélèvement après une mort cérébrale. La démocratisation de la carte numérique pourrait justement permettre d’épargner aux proches de devoir prendre une telle décision dans un contexte des plus éprouvants.
Comment ça marche?
En cas d’accident, votre carte de donneur s’affiche automatiquement (via Bluetooth) sur l’écran de votre smartphone à votre arrivée à l’hôpital, même si vous êtes inconscient et même si votre appareil est verrouillé. Actuellement, 25 hôpitaux suisses sont équipés de la technologie EID, dont une douzaine en Suisse romande. Si l’application Echo 112 a déjà été téléchargée environ 50’000 fois, du côté des spécialistes, reconnaît Jocelyn Corniche, «vérifier le smartphone du patient est un réflexe qui n’est pas encore entré dans les mœurs. Et pour cause, la carte électronique de donneur n’existe que depuis quelques mois.»
Légalement, la carte numérique a la même valeur que celle en papier. En principe, c’est la volonté du patient qui prime sur celle du proche. En Suisse, environ 1300 patients sont en attente d’une greffe, tandis qu’on déplore 60 à 70 décès, faute de dons. Pour rappel, le prélèvement des organes se fait uniquement en cas de mort cérébrale. Et Philippe Eckert de préciser que «l’on peut donner ses organes à n’importe quel âge, et sans aucune restriction».