Prise de statines: comment décider ensemble
Les statines sont systématiquement prescrites aux personnes ayant eu un accident vasculaire-cérébral ou un infarctus et présentant des taux élevés de cholestérol. Mais si la personne n’a pas souffert d’accident cardiaque et qu’elle ne présente que quelques facteurs de risques cardiovasculaires, c’est le médecin qui jugera de l’utilité ou non de prescrire ce médicament. Or, depuis 2013, le rôle des statines dans la prévention des maladies cardiovasculaires a largement été remis en cause. Afin de rétablir la confiance entre le praticien et le patient, certains ont choisi de mettre en place un modèle de décision partagée, via un test en ligne1.
Encourager la discussion médecin-patient
Lors d’une consultation, le médecin et le patient se retrouvent ensemble face à un ordinateur. La première étape du processus de décision partagée concerne l’évaluation du risque d’infarctus du myocarde à dix ans. Pour cela, le test prend en compte les facteurs de risque de la personne tels que l’âge, le sexe, les éventuels antécédents familiaux, la consommation de tabac, l’hypertension, le diabète, et le taux de cholestérol. Le risque d’infarctus est ensuite représenté graphiquement. Après avoir évalué le risque d’infarctus, le médecin et le patient passent à la seconde étape du test : la dose de statines. Par exemple, on sélectionne une dose de statine moyenne, le plus souvent utilisée en Suisse en première utilisation. Un second tableau représente graphiquement le bénéfice du patient.
Les résultats obtenus en ligne, il est ensuite plus simple d’entamer un échange entre le patient et son médecin. Cela permet par exemple de débattre des bénéfices et des inconvénients des statines (effets secondaires, coût, efficacité, etc…).
Il est possible également de modifier les résultats au test, par exemple en prenant en compte par exemple un éventuel arrêt de cigarette ou un âge différent. Ainsi, le patient peut prendre conscience de l’impact de chacun des facteurs renseignés sur le risque d’accident cardiaque ou vasculaire-cérébral. Afin de laisser la personne statuer sur ce qui lui semble le plus adapté à sa situation et à ses besoins, les recommandations des institutions sanitaires ne sont pas visibles pendant la démarche. Le médecin, qui connaît ces recommandations, peut ainsi accompagner son patient dans la réflexion. Après cet échange, le praticien remet un résumé de l’expérience au patient.
Une nouvelle relation
A travers ces démarches, le patient peut devenir acteur de sa décision. Il peut interpeller le soignant sur le débat des statines, sur les effets secondaires et sur ses craintes. On s’éloigne ainsi petit à petit du modèle du médecin paternaliste et du malade passif qui enregistre le verdict. La discussion naîtra également sur les alternatives à ce traitement et le patient pourra avoir accès à davantage d’informations.
Même si le site est disponible en ligne, il est recommandé de n’effectuer le test qu’en présence du médecin car l’impact émotionnel de la visualisation directe des risques et l’influence de son mode de vie sur sa santé peut être important. Le généraliste doit donc être présent pour répondre immédiatement aux interrogations. Pour le praticien, cela permet aussi de voir jusqu’où est prêt à aller son patient pour prendre en main son problème et quels sont les critères les plus importants pour lui.
Un outil limité
Les données entrées dans l’outil, accessibles en ligne, sont anonymes. Cela empêche donc de procéder à une comparaison avec des données précédentes, obtenues des mois ou des années plus tard en utilisant le même test. De plus, même si selon les premiers résultats d’études de suivi, cet outil diminue les tensions entre médecin et patient, il n’y a pour le moment pas de données montrant une diminution de la mortalité au long terme.
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Adapté de «Statines en prévention primaire : comment décider avec le patient?», Drs David Nanchen, Jean-Luc Vonnez, Kevin Selby, Reto Auer et Pr. Jacques Cornuz, Policlinique médicale Universitaire de Lausanne. In Revue Médicale Suisse 2015:11:2222-6, en collaboration avec les auteurs.
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