Le coeur sous contrôle électronique

Dernière mise à jour 25/11/11 | Article
Stéthoscope
Les petits boîtiers, comme les pacemakers ou les défibrillateurs internes, font toujours plus de progrès et sauvent des vies.

Vous souffrez d’un trouble du rythme cardiaque qui ralentit votre pouls. Ou à l’inverse votre cœur, occasionnellement, bat trop vite. Dans les deux cas, cela peut mener à une perte de connaissance ou à une mort subite. Mais à chaque fois la solution existe : les stimulateurs cardiaques. « Ces petits ordinateurs implantables sauvent des vies », martèle d’entrée le Pr François Mach, médecin-chef du service de cardiologie des HUG. Quand il s’agit d’accélérer le coeur, le cardiologue pose un pacemaker. Ce petit dispositif de quelques centimètres de long, placé sous la peau dans le thorax, est relié au coeur par une sonde qui délivre un influx (ce n’est pas un choc électrique) lorsqu’il bat trop lentement.

Pacemaker

Sous anesthésie locale, l’intervention dure environ une heure et ne nécessite pas d’hospitalisation. Les HUG en implantent environ 250 par an. En plus de cinquante ans – le premier a été posé en 1958 –, les progrès sont nombreux : taille, fiabilité, durée de vie (7 à 10 ans). Et pas seulement. « Lors des contrôles annuels, on peut interroger le pacemaker sur
plusieurs mois et analyser finement les épisodes. Ce qui permet, en cas d’arythmies fréquentes par exemple, de modifier le traitement », précise le Pr Mach.

Chocs à haute énergie

Les défibrillateurs implantables remontent à une trentaine d’années. Ils sont placés selon le même mode que les pacemakers et comportent un boîtier électronique complexe à l’écoute permanente du rythme cardiaque. Les différences ? Ils sont un peu plus gros et munis d’une électrode et d’une cathode qui provoquent un choc électrique – lorsque le coeur s’emballe (tachycardie) ou est totalement désorganisé (fibrillation ventriculaire) – afin d’éviter l’arrêt cardiaque. « Le défibrillateur intervient après quelques secondes en donnant des impulsions indolores. Si cela ne suffit pas, il délivre des chocs à haute énergie, ressentis plus ou moins douloureusement », relève le cardiologue. Environ 60 sont posés annuellement aux HUG. Dans ce domaine, le monitoring à distance est la dernière évolution importante. Si le patient ne se sent pas bien, il peut, de
chez lui, transmettre les données cardiaques via une borne téléphonique. Le médecin les reçoit sur un site web sécurisé. Celui-ci est de toute manière informé de façon automatique par le système qui envoie un SMS ou un e-mail en cas de complication. « Nous pouvons vérifier 24h sur 24 s’il y a un problème de santé détecté par le défibrillateur ou un problème technique qui provoquerait des chocs inappropriés et ne protègerait plus contre l’arythmie », détaille le Pr Mach.

Place de leader

A noter que, tous types de stimulateurs confondus, les HUG sont le premier centre de Suisse dans ce domaine. Ils font également figure de leader en Europe en tant qu’investigateurs principaux de plusieurs grandes études multicentriques sur le sujet.

"C’est sécurisant de vivre avec"

Il y a un peu plus d’une année, Béatrice, 40 ans, fait un arrêt cardiorespiratoire alors qu’elle conduit son scooter. Conséquence : un grave accident de la route et quelques jours de coma. Au réveil, le verdict tombe, syndrome de QT long. Cette anomalie cardiaque dégénère souvent en fibrillation ventriculaire, ce qui peut causer une perte de  connaissance, un arrêt cardiaque ou une mort subite. La pose d’un défibrillateur interne est la solution dans une telle situation. « C’est sécurisant de vivre avec. Je sais que si j’ai un pépin, l’appareil va se déclencher et faire son travail. Cela me permet de vivre comme avant », se réjouit-elle.
Devenue maman après l’accident, la jeune femme voit un autre avantage : « Grâce au défibrillateur, je n’ai pas besoin, pour l’heure, de prendre des médicaments. » Elle effectue deux contrôles annuels et, hormis une fausse alerte qui a déclenché l’appareil sans raison– « cela fait un choc violent comme lorsqu’on se fait secouer en mettant les doigts dans une prise électrique » –, elle n’a jamais eu de problème. « On le ressent au début, mais on s’y habitue. Maintenant, il fait partie de moi. »

Source

Pulsations - juillet-août 2011 / Photos : Julien Gregorio / Phovea

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