La cardiopédiatrie, un pôle d’excellence
Tous les organes ne sont pas égaux. Au sommet de la hiérarchie anatomique trône le cœur. Et quand à la noblesse des tissus se superpose la finesse des structures, nous avons affaire au coeur d’un nouveau-né. Ce n’est donc pas un hasard si, parmi les chirurgiens, la spécialité de cardiochirurgie pédiatrique se nimbe d’une aura toute particulière.
Un cœur de nourrisson c’est minuscule, une noix palpitante. La main d’un cardiochirurgien pédiatrique n’a pas le droit à l’erreur. Le geste doit être sûr et précis.
Un travail d’orfèvre, avec le stress d’un démineur: le moindre écart peut signifier la mort ou des complications dangereuses pour le petit patient. «Mais ce n’est pas le talent d’un seul homme qui fait la valeur d’un centre de cardiologie pédiatrique. La très bonne réputation des HUG dans ce domaine est le fruit d’un travail d’équipe. De l’infirmière instrumentiste aux réanimateurs en passant par les anesthésistes, chacun contribue à l’excellence de nos résultats: 1% de mortalité et un taux d’infection quasi nul», se réjouit le Pr Afksendiyos Kalangos, chef du service de chirurgie cardiovasculaire.
Partenariat avec Terre des Hommes
A l’instar d’un orchestre symphonique de rang international, un cardiochirurgien et son service doivent souvent pratiquer leur art pour maintenir le niveau de compétence à son point le plus élevé. Or, les malformations congénitales cardiaques concernent 8 grossesses sur 1000, dont 40 à 50% nécessitent une intervention.
«Dans les années 60, un des fondateurs du pôle d’excellence des HUG dans le domaine de la cardiochirurgie pédiatrique, le Pr Charles Hahn, a eu une idée géniale: un partenariat avec Terre des Hommes. C’est une opération win-win. Certains pays ont besoin de nos compétences et nous, nous avons besoin de préserver nos expertises dans une approche multidisciplinaire», reprend le Pr Kalangos.
Quelque 220 cas par an
Ce partenariat n’a cessé de se développer et d’autres conventions ont depuis été signées. Aujourd’hui, les quatre chirurgiens du service genevois opèrent quelque 220 enfants par an. «Depuis 1970, nous avons soigné plus de 10000 enfants de Terre des Hommes. Sur le plan humanitaire, c’est extraordinaire. D’un point de vue médical, nous pouvons garantir à la population genevoise un niveau de compétence exceptionnel», souligne le Pr Kalangos.
Une vie(presque) normale
La détection et le diagnostic des maladies prénatales ont réalisé des progrès fulgurants ces quinze dernières années. Beaucoup de patients sont désormais diagnostiqués avant leur naissance. Avec les améliorations de la prise en charge médicochirurgicale, près de 90% des nouveau-nés atteints d’une malformation cardiaque deviendront adultes.
La cardiopédiatrie est une spécialisation complexe. Une difficulté majeure tient à la multiplicité des cardiopathies congénitales. «Même si on peut les classer dans des groupes de pathologies similaires, leur diversité est quasi infinie. Chaque cas comporte sa propre spécificité», relève le Pr Maurice Beghetti, médecin chef du service des spécialités pédiatriques.
Grâce aux progrès technologiques, les HUG peuvent offrir à une majorité de ces enfants une vie presque normale. «Un de mes petits patients, par exemple, vit avec un seul ventricule. Il a toujours besoin d’un suivi médical régulier, cela ne l’empêche pas d’aller à l’école et de pratiquer des activités sportives», se réjouit le Pr Beghetti.
Pulsations - juillet-août 2012
Article original: http://bookapp.fr/api/hug/viewer/viewer.php?mag=HUGE_127#15