Cinquante ans de secousses vitales: le pacemaker
EXPERTS
Le premier pacemaker implanté (1958)
Le concept de la stimulation cardiaque est resté sensiblement le même depuis ses débuts. Une sonde «écoute» le cœur et s’il bat trop lentement, le pacemaker envoie une petite décharge électrique via la sonde qui force le muscle cardiaque à se contracter. Implanté par le docteur Ake Senning à Stockholm, ce pacemaker n'a duré que huit heures. Le patient qui l'a reçu, Arne Larsson a vécu jusqu’en 2001, une année de plus que son cardiologue.
L’anatomie du pacemaker moderne
Un stimulateur cardiaque est composé de trois parties: une pile fournit l’électricité nécessaire à la décharge; un circuit intégré contrôle l’appareil; un connecteur enfin relie le pacemaker à la sonde. Celle-ci est implantée dans le cœur alors que le boîtier du pacemaker est placé sous la peau, en haut de la poitrine.
De multiples progrès
En cinquante ans, les appareils d’électrostimulation cardiaque se sont développés sur plusieurs plans. Ils se sont miniaturisés mais sont aussi devenus plus intelligents: au départ, ils stimulaient en permanence sans aucune adaptation. Le pacemaker s’adapte aujourd’hui à l’activité du patient: détectant un effort physique ou mental, il peut augmenter la fréquence cardiaque pour y faire face.
Et un docteur en miniature
Autre progrès, ces appareils sont dotés de fonctions diagnostiques. Ecoutant le cœur en permanence, ils peuvent détecter des arythmies. Cette fonction est essentielle car de tels événements peuvent échapper au patient. Il est même possible de mettre en évidence des maladies non cardiaques comme des apnées du sommeil. Le pacemaker est aussi utilisé dans la thérapie de l’insuffisance cardiaque avec un modèle stimulant aussi bien le ventricule droit que le ventricule gauche pour mieux coordonner la contraction du cœur (fonction de resynchronisation).
Il se fait lui-même passer la visite…
Aujourd’hui, le pacemaker fait automatiquement des tests qui devaient auparavant être effectués manuellement par un médecin. Il peut ainsi mesurer, par exemple, la quantité d'énergie requise pour stimuler un battement du cœur et adapter son comportement en conséquence. Il surveille également le niveau de sa pile et de nombreux autres paramètres.
… et vient de lui-même au rapport
Il existe aujourd’hui des pacemakers équipés pour la télémédecine. Les données que l'appareil surveille sont transmises automatiquement au médecin, via un émetteur/récepteur que le patient possède chez lui. Surtout, l'appareil distingue entre mesures usuelles et signaux anormaux. Si ces derniers sont présents, le médecin reçoit une alerte (par email, fax ou SMS). En analysant les données du patient, il pourra déterminer sur le champ si une action est nécessaire, bien avant donc un contrôle «en personne» qui aurait été prévu.
Bientôt tous compatibles avec l’IRM
Avec la resynchronisation cardiaque et la télémédecine, c’est la plus grande évolution de ces dernières années: des pacemakers qui permettent au patient de subir un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Rendre compatible le dispositif avec les champs magnétiques puissants générés dans l’IRM a nécessité une révision complète de la fabrication du dispositif, qu’il s’agisse de son boîtier ou de ses sondes. D’ici cinq ans, tous les fabricants devraient proposer un tel appareil.
Et dans le futur?
La prochaine étape de développement sera probablement un stimulateur cardiaque tout-en-un. Autrement dit, on se «débarrasserait» de la sonde, – actuellement le talon d’Achille du système – pour implanter le stimulateur directement dans le cœur.