Bouger malgré le cancer
Les traitements contre le cancer peuvent avoir des effets indésirables importants, entraînant un déconditionnement physique qui peut affecter considérablement la qualité de vie des patients. Longtemps méconnus, les bénéfices d’une activité physique régulière, pendant et après les traitements médicaux, sont maintenant démontrés.
Aux HUG, quatre médecins, deux diététiciennes, deux infirmières et quatre physiothérapeutes issus de différents départements se sont unis pour mettre sur pied le programme Activité physique et cancer. Depuis janvier 2017, les patients adultes suivis en ambulatoire en oncologie peuvent l’intégrer, à raison de deux fois par semaine pendant trois mois, sous la supervision d’une équipe de physiothérapeutes. L’objectif est de découvrir ou redécouvrir les bienfaits du mouvement de façon encadrée et adaptée aux besoins et aux envies de chacun. «Nous sommes conscients de la fragilité des patients. Il n’est pas question ici de faire du sport, mais de bouger dans le cadre d’un programme individualisé, ce qui est unique», souligne le Dr Alexandre Bodmer, responsable de l’unité d’oncogynécologie médicale. Le programme comporte des activités à l’intérieur et à l’extérieur. Il ne nécessite ni grands espaces ni matériel, à l’exception de «steps», bâtons de marche ou ballons par exemple, qui permettent aux patients de reproduire les exercices chez eux.
Prendre soin de soi
Le programme peut être intégré à tous les stades de la maladie, mais il est préférable de le faire dès que possible pour éviter le déconditionnement. «Après l’annonce du diagnostic, le patient a tendance à se concentrer sur le traitement, quitte à oublier de prendre soin de lui-même.
Il y a donc des risques qu’il se retrouve dans des conditions physiques et psychiques moins bonnes pour les traitements, ce qui est évidemment non souhaitable, voire contreproductif», précise le Dr Thibaud Kössler, chef de clinique en oncologie.
Plusieurs études scientifiques ont montré que la pratique d’une activité physique présente de nombreux avantages. Pour les patients oncologiques, elle évite la perte de la masse musculaire et agit sur la fatigue et sur certaines douleurs, ce qui préserve l’autonomie. «L’activité physique diminue les effets secondaires liés aux traitements, comme les nausées. Elle est particulièrement efficace en cas de thérapies hormonales utilisées dans le cancer du sein et de la prostate», souligne le Dr Kössler. Comme tout est lié, bouger a aussi un impact psychologique, notamment sur l’anxiété, la dépression ou les troubles sexuels. Le patient entre alors dans un cercle vertueux qui est bénéfique pour la confiance en soi.
Premier bilan
«J’ai récupéré mon corps»
ISABELLE, la cinquantaine
Isabelle a suivi le programme de bout en bout et y a pris énormément de plaisir. «Ça a été une bouffée d’air! Lorsque j’ai commencé, j’étais très fatiguée. Au fil des séances, j’ai petit à petit récupéré mon corps, je l’ai remusclé. J’ai aussi retrouvé l’appétit et un moral d’acier. Avec l’activité physique, on se sent vivant et c’est génial».
Entre janvier et juillet 2017, 63 patients ont été pris en charge, dont 18 ont dû arrêter en raison de fatigue, de progression de la maladie ou pour des questions d’organisation. Il est trop tôt pour tirer un bilan chiffré pour les 45 patients ayant accompli les trois mois, mais pas pour mesurer leur engouement. «Tous sont ravis et regrettent que le programme soit si court. Il y a par ailleurs une liste d’attente», souligne le Dr Bodmer. Les premiers constats sont en effet très positifs. «La force musculaire et la forme physique globale progressent quel que soit le stade de la maladie. On observe aussi une stabilisation de la perte de poids liée à la fonte musculaire, une diminution de la fatigue relative aux traitements et des douleurs, une amélioration de la fonction motrice et des troubles du sommeil, de l’image corporelle, de l’estime de soi et du fonctionnement cognitif. Tout cela contribue à améliorer globalement la qualité de vie», relève le spécialiste. Il souligne également «un effet de groupe extraordinaire. Ce sont six patients, hommes et femmes, atteints de cancers différents et à des stades divers de leur maladie. Il y a une réelle émulation entre eux et beaucoup d’entraide. C’est très motivant, pour les participants comme pour les physiothérapeutes qui les accompagnent».
Un projet d’avenir
C’est grâce à la Fondation privée des HUG, qui la finance entièrement, que l’offre Activité physique et cancer a pu voir le jour. «C’est la première pierre vers un programme intégratif* en oncologie. Il vient de s’ouvrir aux patients ambulatoires du service d’hématologie et nous espérons le voir continuer à s’étendre. La prochaine étape sera de mettre en place une prise en charge intégrative, multidisciplinaire, personnalisée et interactive pour tous les patients oncologiques, à l’image de ce qui se développe dans les grands centres anticancéreux», concluent les Drs Bodmer et Kössler.
Le programme en trois questions
1. Quand peut-on commencer?
Une nouvelle session démarre toutes les semaines. Il est donc possible d’intégrer un groupe à n’importe quel moment.
2. Comment le programme se déroule-t-il?
La première et la dernière séance sont consacrées à l’établissement d’un bilan de la condition physique réalisé par un physiothérapeute, basé sur des tests effectués au début et à la fin du programme. En plus des 24 séances collectives, les patients se voient aussi proposer trois tables rondes (diététique, physiothérapie et médicale) au cours desquelles ils sont invités à discuter et à échanger à propos de leur expérience. Ces moments de partage sont l’occasion de renforcer ou d’améliorer la compréhension des patients sur ces différents thèmes. C’est une caractéristique unique du programme et un moment apprécié des patients et des soignants.
3. Combien ça coûte?
Le programme est pris en charge par l’assurance de base obligatoire (LAMal).
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* Tout ce qui ne concerne pas les médicaments, comme la psychologie, la nutrition, les médecines complémentaires.
Article repris du site pulsations.swiss
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Réadaptation après un cancer
La prise en charge des patients atteints de cancer en Suisse
Cancer de la vésicule et des voies biliaires
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 310 nouveaux cas de cancer de la vésicule ou des voies biliaires. Le cancer de la vésicule biliaire touche un peu plus souvent les femmes (53 %) que les hommes (47 %). Il survient presque exclusivement à un âge avancé : deux tiers des patients ont 70 ans et plus au moment du diagnostic.
Myélome multiple (plasmocytome)
Chaque année en Suisse, on dénombre environ 560 nouveaux cas de myélome multiple (plasmocytome), ce qui représente environ 1 % de toutes les maladies cancéreuses.
Cancer de la thyroïde
Chaque année en Suisse, près de 600 personnes développent un cancer de la thyroïde, ce qui correspond à presque 2% de toutes les maladies cancéreuses.