Hypertension artérielle: quelles sont les mesures les plus fiables?
Touchant plus d’une personne sur quatre, l’hypertension artérielle (HTA) est l’affection chronique la plus fréquente au niveau mondial et l’une des principales causes de mortalité. Etre hypertendu, cela signifie avoir une pression artérielle (pression qu’exerce le sang sur la paroi de nos artères) trop élevée. Le contrôle de la pression artérielle (tension) comprend deux mesures: la pression maximale lorsque le cœur se contracte (dite systolique) et la pression minimale lorsque le cœur se relâche (dite diastolique).
Une hypertension chronique due à l’augmentation de l’une ou des deux valeurs, peut avoir des répercussions graves sur la santé, notamment quant au risque accru de maladies cardiovasculaires (p. ex. infarctus du myocarde ou attaque cérébrale) et rénales (p. ex. insuffisance rénale chronique). Quand celles-ci ne tuent pas, elles diminuent sévèrement la qualité de vie, avec de surcroît des conséquences importantes sur les coûts de la santé.
Pour pouvoir traiter l’hypertension artérielle de façon adéquate il est essentiel d’utiliser les méthodes de mesure de la pression artérielle les plus fiables. Il est intéressant de préciser ici que les techniques de mesure de la pression artérielle ont peu évolué depuis un siècle. La méthode classique encore utilisée aujourd’hui a été mise au point en 1905 ; la principale amélioration qu’elle a connu a été le remplacement du tensiomètre à mercure – un métal toxique – par des modèles automatiques sans risque et utilisables tant par le personnel médical que le patient lui-même.
Habitués surtout aux mesures ponctuelles chez le médecin ou à domicile, les patients sont aussi parfois équipés d’un dispositif portatif constitué d’un brassard relié à un boîtier d’enregistrement de la pression artérielle fixé à la ceinture. Portée durant vingt-quatre heures, cette mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) permet de connaître les variations de la pression artérielle au fil des heures et selon les activités.
Mesures en ambulatoire plus efficaces
La méthode considérée comme référence pour déterminer si une HTA est présente est la mesure clinique de la pression artérielle répétée à des moments différents au cabinet médical. Or, de plus en plus d’études démontrent de manière objective et chiffrée que les valeurs obtenues par deux autres méthodes – l’automesure à domicile, que le patient effectue lui-même, et la MAPA – sont mieux corrélées avec les complications cardiovasculaires et l’atteinte de certains organes, dont les reins.
La MAPA apparaît même comme étant la seule méthode permettant de diagnostiquer l’hypertension masquée, c’est-à-dire celle qui n’est pas révélée par la mesure de la pression artérielle effectuée chez le médecin. Cette méthode de mesure ambulatoire semble donc destinée à devenir l’examen de référence pour parvenir à diagnostiquer de la manière la plus sûre une HTA.
L’automesure à domicile serait alors une alternative tout à fait recommandable ou, encore mieux, une méthode complémentaire à la MAPA, principalement pour le suivi régulier de l’évolution de la pression artérielle et de l’efficacité du traitement. Quant à la mesure clinique effectuée au cabinet médical, elle sort perdante de la plupart des études.
L’une des recherches les plus révélatrices à ce sujet est la méta-analyse effectuée par Hodgkinson et coll. qui a rassemblé plusieurs études portant au total sur plus de 5600 patients. Elle a démontré que ni la mesure clinique de la pression artérielle au cabinet, ni l’automesure à domicile ne sont à recommander comme uniques tests permettant de poser le diagnostic d’hypertension. Aucune des deux ne rivalise avec la fiabilité de la MAPA.
Premier dépistage au cabinet médical
Cependant, cela ne signifie pas qu’il faut renoncer à la mesure clinique au cabinet médical, ni recommander absolument – et uniquement – la MAPA dans toutes les situations. Effectuée dans les règles de l’art, la mesure clinique en cabinet reste utile au stade du dépistage, si elle est réalisée à plusieurs reprises, chez une personne qui ne présente pas de symptômes. Son résultat peut conduire à recommander pour un patient donné l’utilisation de la MAPA afin de vérifier l’exactitude des valeurs et de poser le diagnostic. Celle-ci permet aussi de mettre en évidence l’hypertension dite «de la blouse blanche», c’est-à-dire, des valeurs de pression artérielle élévées uniquement lors de la mesure clinique effectuée au cabinet médical Les études révèlent que ces patients ont un risque augmenté de développer une hypertension franche dans les cinq à dix ans de 30% par rapport à des personnes ayant une tension normale lors de la mesure au cabinet.
Un élément qui pourrait aller à l’encontre d’une utilisation plus systématique de la mesure ambulatoire de l’hypertension artérielle: son coût, a priori plus élevé que celui des autres mesures. Néanmoins, si l’on tient compte de sa fiabilité, la MAPA est le test qui offre le meilleur rapport entre son coût et son efficacité. En effet, cette méthode permet d’ajuster parfaitement le traitement antihypertenseur et de ne pas traiter inutilement des patients qui n’en ont pas besoin. Par conséquent, avec suffisamment de personnel formé et de matériel, cette technique d’évaluation de la pression artérielle devrait à l’avenir être de plus en plus pratiquée. Les patients peuvent donc s’attendre à ce qu’on leur propose davantage de s’équiper de ce dispositif bien utile, à défaut d’être très confortable.
Référence
Adapté de «La MAPA: prolongation de l’examen physique bien fait?»,Drs A. Hernandez, E. Gonzalez Rodriguez, B. Koehler Ballan, Pr A. Pechère-Bertschi, Genève, in Revue médicale suisse 2012; 9: 1702-08, en collaboration avec les auteurs.
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Hypertension artérielle
On parle d'hypertension artérielle lorsque la pression systolique est supérieure à 140 millimètres de mercure (mmHg) et/ou lorsque la pression diastolique est supérieure à 90 mmHg.